Je ne suis pas de bonne humeur ce matin

Cher ami lecteur, aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je suis de très mauvais poil.

Je suis allée voter, alors qu’aucun des candidats ne m’a convaincue pour me représenter.

Le résultat des votes dans ma ville (et mon département) est consternant et révélateur en même temps : les deux extrêmes sont passés. Chouette, bienvenue dans un monde de tolérance, d’ouverture d’esprit et de progression commune.

Le gros problème, c’est que les individus en masse sont en régression.

Ils parlent de plus en plus mal, ne savent plus écrire correctement, ne veulent plus bosser, râlent tout le temps sans se remettre en question, n’ont plus de notion du respect de base dû aux autres individus alors qu’ils en sont au même titre que chacun.

Réfléchis ami lecteur, comment veux-tu être bien dans ta peau et heureux si tu passes ton temps à te demander comment tirer au maximum la couverture à toi ?

Et ça c’est une règle valable pour toutes les couches de la population. Quand un décideur t’annonce qu’il va pratiquer l’austérité et qu’il ne change strictement rien à son propre confort, quand un autre te propose de répartir l’ISF sur plus de monde (et notamment les classes qui sont déjà pressurisées) pour arranger ses riches copains, quand d’autres veulent te faire sortir de l’Europe alors que sans être un prix Nobel d’économie, tu comprends intuitivement que, d’un point de vue géopolitique, c’est débile, et qu’en plus ça va coûter un max à tout le monde, à quel moment se soucie-t-on du bien commun ?

Mais bon, il faut dire qu’on a les représentants qu’on mérite. Peut-être ont-ils raison, on est devenus en masse un banc de méduses, on avale toutes les mesures en s’indignant deux secondes sur les réseaux sociaux, ouh la la ça fait très mal. On se cuisine une petite soupe de haine, on va la servir à tout le monde, et ensuite, on ne va surtout rien changer, ni réfléchir à ce qu’on pourrait faire pour améliorer les choses, encore moins se remettre en question, parce que c’est jamais nous, c’est toujours la faute du terroriste qui fait tout péter, de l’élu qui s’en met plein les fouilles pendant que tu galères, de l’éducation nationale qui se réforme pour que seuls ceux qui ont les moyens du privé puissent réellement fournir un enseignement correct à leurs enfants, de la CAF qui permet de bien vivre si tu fais un max de gosses, c’est la faute de toi, et de toi, et de toi aussi, c’est sans fin.

Le problème, c’est qu’on est tellement ancrés dans une société individualiste, que les quelques clampins qui essaient d’en sortir se font dévorer par ceux qui sont sans scrupules, tu te fais démolir, et ça, qui en a envie ?

taper sur les mêmes

Et c’est comme ça que rien ne bouge.

La seule solution, c’est de se souvenir de la dernière fois où quelqu’un a fait preuve de bienveillance à ton égard. C’était comment ? C’était bien, hein ? Tu t’étais senti transporté par une mini-vague de bien-être, ami lecteur, peut-être même que les plus émotifs d’entre nous ont eu la larme à l’œil en y repensant. Hé bien elle est là, la clé. D’essayer de propager cette vague, de l’un à l’autre, qu’elle dure. Soyons bienveillants. Peut-être que ce ne sera qu’une goutte d’eau dans la mer, mais après tout, la mer est faite de gouttes d’eau. Chacune a son importance.

Et, ce que tu fais à l’autre, ami lecteur, tu le fais d’abord à toi-même.

Alors dès aujourd’hui, essaie d’être plus gentil, tu en deviendras automatiquement moins con !

A la semaine prochaine !

Voter blanc, ça sert à quoi ?

Cher ami lecteur, cette semaine j’avais d’abord pensé te faire une petite bafouille sur les sérums de beauté, dont je n’ai, à ce jour et malgré beaucoup de bonne volonté dans le testing, pas encore compris l’utilité. En réfléchissant, je me suis dit qu’il y avait tellement de choses, pourtant plus importantes, qui existent mais on ne sait pas trop bien pour quoi.

En l’occurrence, en cette période électorale, le vote blanc.

Le vote blanc, c’est quoi donc exactement ?

Contrairement au vote nul (ou bulletin invalidé non conforme) et l’abstentionnisme (ou non-vote), le vote blanc c’est quand aucun des candidats ne t’a convaincu, et que tu souhaites quand même exercer ton droit de vote. Concrètement, ça se traduit par un bulletin blanc ou une enveloppe vide mis dans l’urne. A savoir pour info que le bulletin blanc en question, c’est toi qui te le prépares, alors si jamais tu manques d’idées pour occuper tes gosses le mercredi après-midi quand il pleut, l’Etat t’offre une alternative, sachant que ledit bulletin doit être, au millimètre près, de la même dimension que les autres bulletins (avant l’atelier découpe, une petite chasse au trésor « trouve la taille magique du bulletin » s’impose donc).

Alors si ni François, ni Emmanuel, ni Marine, ni Jean-Luc, ni Benoît, ni l’autre François, ni Jacques, ni Philippe, ni Nathalie, ni Nicolas ne t’inspirent, tu votes blanc, si tu as besoin de te dégourdir les jambes. Que devient ensuite ta petite enveloppe vide ?

Concrètement, depuis 2014, elle fait l’objet d’un comptage à part.

Et voilà.

Ta voix, ton unique influence politique, ta seule possibilité d’expression entendue par le pouvoir en place, est perdue dans un petit pourcentage, et c’est tout.

Que peux-tu donc faire ?

Tu peux choisir un candidat par défaut. Tu te crées une grille d’analyse avec des critères personnels ultra-pertinents (le meilleur costume, signe astrologique, cravate…) et tu prends le moins pire, en espérant qu’aucun spécialiste de la langue française ne lira ce post. Bon ben, c’est comme te rabattre sur la marque repère alors que tu ne bouffes que du bio depuis cinq ans. T’es frustré, et pas en phase avec toi-même.

Tu peux aussi rejoindre les Citoyens du Vote Blanc, et espérer, ça fait vivre, que leur proposition de loi pour réformer le « Système » passe (PTDR).

Tu peux aussi voter blanc parce que tu es une méduse. Tu ne sais pas pour qui voter, d’habitude tu votais comme tes parents, mais ils sont morts. Ou alors tu es fâché avec eux. Tu n’as aucun avis sur la question, mais tu te souviens que ne pas voter, c’est mal. Bon bah, tu vas quand même voter blanc et te trouver un violon pour pisser dedans, c’est toujours moins violent que des toilettes sèches.

Cependant.

Tu votes dans un système (encore lui) où, si toi et disons 55 millions de tes amis votiez blanc, soit 85% de la population française, cela signifierait donc que les candidats se partageraient les 15% qui votent. Si parmi eux, celui qui gagne prend disons 45% des suffrages, en réalité il prend 45% de 15%, soit un peu moins de 7%. Ça ne fait pas du tout pareil, hein ?

Même si les chiffres de l’exemple sont un peu marseillais (en 2012 on tournait autour de 20% d’abstention et 6% de votes blancs), si les abstentionnistes votaient eux aussi tous blanc au lieu de rester au barbeuc du dimanche à faire monter leur taux de cholestérol, on serait à plus d’un quart de la population, ce qui, dans un camembert, n’est pas rien, ce n’est pas le corbeau de la fable qui me contredira.

Aux régionales de 2015, une pétition de plus de 150000 signatures pour demander la prise en compte du vote blanc comme suffrage exprimé est un pet dans l’eau.

Et puis si jamais on reconnaissait soudain le vote blanc, quoi ?

On cherche d’autres candidats ? On demande à ceux déjà présents de nous ressortir en cinq-sec de nouveaux programmes plus adaptés ? On refait des élections (et on augmente ta taxe foncière pour les payer ?)

A première vue, ami lecteur, c’est comme démêler les fils de tes écouteurs d’Iphone d’une seule main quand tu es pressé : c’est n’importe quoi.

Alors je m’en vais laisser le blanc aux robes de mariées et aux intérieurs hygge, et me comporter comme si ma voix comptait vraiment. Comme dans les contes de fées.

La pensée magique, ça s’appelle. Ça rend joyeux, comme un verre de rosé en juin.

Et surtout, pour une fois ami lecteur, me voilà bien soulagée de ne pas avoir de progéniture.

J’aurais été bien emmerdée d’expliquer à mes gosses ce qu’est la démocratie.

À la semaine prochaine !

Faut-il encore draguer dans les bars ?

Cher ami lecteur, la société évolue, au point que pour draguer tu vas devoir bientôt te concocter un cv affectif, déjà que tu n’es pas loin de courir les photographes pour optimiser ton profil Facebook, Tinder, etc, au point que tu réfléchis à te fabriquer un trombino de tes ex comme sur Who’sDatedWho, ce site rigolo où tu vois enfin à quel point les stars n’ont vraiment rien d’autre à foutre que de se taper les unes les autres. Les applis de rencontres cartonnent, les couples se répandent sur leur désespoir affectif dans les émissions de témoignages comme la grippe dans un service de gériatrie, bref ta vie sentimentale se passe sur un écran. Mais que reste-t-il de la vraie vie et surtout de la drague dans les bars ? Et surtout, qu’en pense ta libido ?

Parce qu’il faut être honnête, à moins d’être totalement alcoolique, c’est bien pour cela que les bars existent. L’être humain est régi par le principe de plaisir, m’a assuré mon prof de philo en terminale, j’en déduis donc raisonnablement que la fornication restera encore longtemps une préoccupation centrale. Et comme le viol n’est pas une pratique autorisée entre personnes civilisées, la drague dans les bars a longtemps été l’alternative principale et prometteuse aux agréments du boudoir.

À Perpignan, il faut dire qu’on se donne du mal, les bars à tapas poussent comme les champignons dans les slips des touristes l’été dans les campings, tu n’as que l’embarras du choix, et pourtant il devient de plus en plus difficile d’y faire ton marché, pardon, de rencontrer un ou une partenaire de moyen ou long terme.

Il faut quand même préciser que, hier ou aujourd’hui, tout le monde ne drague pas. Certains n’ont pas besoin, même si de nos jours, dans notre belle société tellement tournée vers les autres, on se demande bien qui est, en toute sincérité, totalement heureux dans son couple ; d’autres ne sont pas paramétrés pour (timidité, complexes divers, ego surdimensionné), enfin, d’autres encore ont une hygiène de vie qui n’est assurément pas la mienne (quinoa, thé vert, tartare d’algues).

J’ai recensé quatre sous-statuts de l’individu susceptible de draguer (indépendamment du sexe de l’individu en question) :

L’individu célibataire : comme on n’a jamais vu en dehors d’un écran de cinéma le partenaire tant espéré sonner directement chez soi (et encore moins depuis l’arrivée en force de la très flippante tendance danoise hygge, chaussettes pilou et feu de cheminée), et à moins d’avoir des velléités de vie spirituelle avancée du genre ermite, ce qui, au vu de mes récentes expériences de voisinage nuisible peut s’avérer être tentant, l’individu célibataire donc, est le plus propice à se rendre dans un bar pour y draguer. Mais avec le récent boom des sites de rencontres, cette catégorie a considérablement diminué, mais on croise toujours :

  • l’individu célibataire vintage : il ou elle a plus de 40 ans, et a donc connu une époque sans téléphone portable ni Tinder. Il ou elle continue donc de croire au pouvoir des bars.
  • L’individu vrai communicant : parce que c’est beaucoup moins drôle de parler avec une tablette.
  • L’individu beau ou belle gosse : parce qu’on voit quand même mieux sa beauté et son charisme sensationnel en vrai.

Dans ces trois statuts, tu peux également trouver des sous-catégories, telles que : le/la queutard(e) (qu’on retrouve également dans les individus en voie de séparation, voire dans les couples stables et solides) ; le/la relou bourré(e), l’alcool pouvant faire perdre en plus de l’inhibition, tout sens de l’objectivité, voire la dignité tout entière ; le/la timide, généralement en groupe avec des amis, qui rêve de draguer mais a trop peur de se prendre un râteau, et qui parfois se lance, après quelques (litres de) bière(s), mais se transforme alors en relou bourré(e).

L’individu en voie de séparation : après avoir repris la course à pied ou le fitness, il ou elle va tester l’impact de ce nouveau corps en live afin de se prévoir un plan B sans latence entre deux périodes de vie en couple, l’objectif étant de ne jamais passer par la case de célibat. Ou, sous prétexte d’avoir besoin de parler à un(e) ami(e), en profite pour faire des repérages et envoyer quelques signaux en PNL (gros clignotage hormonal de l’annonce :   « bientôt libre ! »), objectif ibid.

L’individu récemment séparé : il ou elle est en dépression, qu’il ou elle soit largué ou larguant. Ne supporte pas d’être seul, mais ne supporte pas la foule dans les bars non plus. Pas encore célibataire dans sa tête, poussé hors de chez lui par ses amis qui, eux, ne supportent plus de le (la) voir tirer la tronche et pensent qu’une bière lui fera le plus grand bien. Quand le déclic a lieu (souvent après la 3e bière), part en chasse un peu tous azimut car n’a plus rien à perdre. Gros risque de levage de partenaires absurdes.

L’individu en couple qui omet de le dire : possible dans les grandes villes, très risqué ailleurs. Souvent (mais pas forcément) est un individu en voie de séparation en devenir.

Alors, que reste-t-il de la drague dans les bars ?

Tout d’abord, que tu sois ou non inscrit(e) sur une appli de rencontres, tu as noté le côté nettement moins bon enfant des bars, où chaque arrivée se prend un scan visuel de ceux et celles qui sont arrivés avant, ce qui ne t’aide pas du tout à te détendre : en effet, les inscrits essaient de repérer IRL les photos et profils vus sur les applis, les autres se demandent si tu es susceptible de constituer une nouvelle cible. Tout cela n’est pas très fun, le calamar à l’andalouse des tapas te le certifie. Dans ces conditions, établir un contact avec l’autre qui est pourtant juste à côté de toi devient de plus en plus compliqué, car tu ne peux plus parler à l’autre sans être suspecté de draguer alors que c’est pour ça que tu es venu, tu saisis la difficulté de l’entreprise ?

Ensuite, ami lecteur, il est parfois pertinent de te pencher sur les chiffres : selon une étude de Marie Bergström, « Sites de rencontre : qui les utilise en France ? Qui y trouve son conjoint ? », parue dans Population et Sociétés, n° 530, février 2016 (oui, oui, c’est une source qui ne rigole pas) seulement 2% des conjoints du panel se sont trouvés en ligne, je cite  : « Les sites donnent plus souvent lieu à des relations éphémères qu’à des couples stables ».

Alors je ne saurais que trop te recommander, ami lecteur, de retrouver ton âme d’enfant quand tu vas dans les bars si tu éprouves le besoin ou l’envie d’y aller, et de commencer par t’amuser vraiment ; ton pouvoir attracteur en sera démultiplié, sans aucun effort. Et tu pourras peut-être, à ce moment-là, te faire draguer pour une fois. On ne sait jamais, ça peut te plaire.

Quant à savoir s’il faut encore ou non draguer dans les bars, j’ai envie de te conseiller de ne pas attendre mai pour faire ce qu’il te plait… tout pouvant par définition arriver n’importe quand, ne te limite pas à un bar pour séduire, d’autant que, passé minuit, les Gremlins biberonnés au Get 27 te guettent.

Lâche juste ton téléphone deux minutes.

La vie est juste là (et les beaux/belles gosses aussi) !

À la semaine prochaine !

Le filet de Macron, c’est pour qui ?

Bon, moi je ne sais pas toi, ami lecteur, mais j’ai un peu du mal à avaler la soupe aux élections. J’ai carrément l’impression de faire de la monodiète, et, après la quinzaine Fillon, de me taper du Macron matin, midi et soir, jusqu’à l’indigestion. C’est comme si soudain les media étaient atteints de radotage généralisé, ils tournent tellement en boucle sur le sujet que le trognon ne doit plus être très loin.

Là ce qu’il y a, c’est que techniquement nous étions face à un nouveau plat sur la carte, ça aurait dû nous exciter les papilles, ce petit jeune, ministre une seule fois à moins de 40 balais, le voilà enfin notre candidat du renouveau, enfin une alternative à la viande corrompue qu’on nous sert en entrée, plat et dessert depuis VGE. On se dit chouette, et en deux deux on l’a investi de tous nos espoirs d’améliorer notre situation personnelle, parce que la France, on s’en fout un peu, hein, l’important c’est Bibi, et nous voilà partis, naïfs et moutonniers, comme si l’élection du président de la République avait jamais amélioré une autre situation que celle dudit président et de ses copains proches.

Alors sortons la lingette et astiquons-nous les Essilor : à part le gars, qu’y a-t-il réellement de nouveau ? En ce moment, tout le monde porte des Stan Smith et est macroniste, du coup chacun y va de son recyclage de veste, et M. Bayrou, après lui avoir taillé un costard, porte sa chaise comme dans un mariage du Sentier. Dans la vraie vie, on aurait trouvé ça faux-cul et opportuniste, mais dans les media, on trouve que c’est méga-cool que Manu soit parrainé par le politique le plus raillé en France depuis des années. Le renouveau avec de vieux ingrédients, ce ne serait pas plutôt du réchauffé, finalement ?

Donc, en plus de nous taper une vieille tambouille dans un nouveau pot, Emmanuel le Bel nous a mis en scène un petit suspense de jeté de programme, qui tient plus finalement de Blair Witch que d’une apparition miraculeuse à Lourdes : une grosse montée de tension et pas grand chose à la fin. Après, il faut quand même dire que c’est joli tout plein : on y croise pas mal de licornes, avec des exonérations massives de taxe d’habitation, une baisse des cotisations sociales pour les entreprises, une hausse du smic et du minimum vieillesse, des créations d’emploi dans la Police et l’Education Nationale, des remboursements à 100% de mes futures lunettes Chanel et de mes encore plus futures prothèses auditives, une augmentation de l’allocation adulte handicapé, une prime à la casse de 1000 €, une aide à l’emploi pour l’embauche en CDI d’habitants de quartiers prioritaires, un budget de l’Armée augmenté jusqu’à 2% du PIB, une suppression de la part salariale des cotisations chômage et maladie financée par une hausse de 1,7 % de CSG (ça rentre par une oreille, ça sort par l’autre) et pour le reste, quel est le plan de financement ? Les lutins et les elfes ? Nooon pas seulement. La fée des petits crétins viendra s’acquitter des postes supplémentaires de l’éducation nationale via une réduction des épreuves du BAC au nombre de 4 (lesquelles, sachant qu’il ne reste déjà plus grand chose de cet examen) et une disparition de 120 000 fonctionnaires (tu cliques sur « supprimer » et, bibidee bobidee boo, il n’y a plus rien, les pointeuses n’en reviennent pas).

Ainsi, il est clair qu’un fois de plus, nous ne voterons pas pour des programmes, que je soupçonne d’être écrits par la même cellule qui rédige les notices IKEA, mais pour des individus. Soit. En l’occurrence, avec EM, nous voilà face à quelqu’un qui sait communiquer, pas de souci, il n’évitait même pas Cyrille Eldin à la grande époque du Supplément, c’est dire, toujours un bon mot, un physique pas trop dégueulasse (pas de quoi mordre le coussin non plus), les cheveux de la jeunesse, il marque des points ne fût-ce que par effet de comparaison.

Mais on a quand même vu le gars limite en transe sur ses meetings, comment va-t-il faire pour que sa tête ne s’envole pas dans la stratosphère une fois au pouvoir ? Qui va le canaliser ? Brigitte ? Euphytose ? Va-t-il dissoudre l’Assemblée Nationale un jour de up ? Et surtout, quelles sont les alternatives ? Sortir de la zone € avec Marine, danser le « je sors, je sors pas » avec François ? A une époque où on déterre les dossiers, il serait peut-être bon de cesser d’alimenter un système où il est impossible de ne pas en avoir…

Bref, la perspective est réjouissante : voter ne sert à rien, mais ne pas voter revient à abandonner le seul moyen d’action que moi, petite citoyenne lambda, j’ai à ma portée. Alors je ne vais pas devenir la déprimée politique qui chante « tous pourris » avec une vieille guitare et un chèche sur Youtube, mais j’avoue qu’un doute hyperbolique m’envahit l’asymptote face à cette popularité largement gonflée à l’hélium des medias.

Et pour moi, qui attends toujours un candidat moral, il me semble qu’attendre le prince charmant est nettement plus réaliste.

En gros, ce n’est pas gagné, comme dirait Faye Dunaway aux Oscars 2017.

Alors, ami lecteur, si, au lieu de balancer un œuf sur un candidat, tu allais te le faire cuire, je crois bien que ça ne changerait rien.

Et rien, c’est déjà quelque chose.

À la semaine prochaine !

Arrête de chialer, Pénélope

Dernièrement, ami lecteur, on est tous d’accord pour dire qu’on n’en peut plus des Fillons, pas un jour ne passe sans que l’on découvre un nouvel emploi fictif cumulé d’un ou de plusieurs membres de la famille, ou qu’on se ramasse une confession à la con où on te prend pour une tanche, bref, c’est l’overdose, la Fillonnite, ça te gratte de partout. En gros, pendant que toi tu te lèves tous les matins pour trimer et gagner un salaire de misère, Madame Fillon, elle, capitalise ses emplois de complaisance et touche des salaires très confortables, chez elle où elle élève la meute des petits Fillons, évidemment, tu l’as mal pris, ami lecteur, car ce n’est pas juste, tu n’y as pas droit, toi, tu rends des comptes, à ton patron, au Trésor Public, à l’Etat tout court, bref, tu as très envie de rouler toute cette famille dans des plumes et du goudron.

Pendant ce temps, le monsieur pète les tympans de tout le monde en clamant que tout cela est légal, que ce ne soit pas moral, c’est un autre débat que personne ne veut tenir.

Alors qu’est ce qui t’énerve le plus, ami lecteur, qu’elle soit doublement payée à rien foutre, ou que les décideurs se soient arrangés des lois pour profiter tranquillement du système ?

Et toi, petit lecteur, qu’aurait-tu fait à leur place ?

Tu aurais dit non ? Regarde-moi droit dans les yeux. On te propose de gagner du fric sans bouger ton fion du canapé (oui je sais, elle était facile, celle-là, mais bon, c’est dimanche), tout en restant dans la légalité, et tu dis non ? Je n’y crois pas une seule seconde, et toi non plus, d’ailleurs.

Toute cette histoire est un faux problème.

Alors c’est sûr, tu n’as pas envie d’aller voter pour quelqu’un qui te demande de te serrer la ceinture pendant que tes impôts servent à rémunérer les emplois fictifs de sa femme et de ses gosses. Tu te dis aussi que tu ne sais pas comment tu aurais agi à sa place puisque tu n’y seras jamais. Tu as bien conscience aussi que, si tu étais journaliste d’investigation sans peur et archi motivé, tu découvrirais ce type de dossier chez à peu près tous ceux qui briguent ou qui ont le pouvoir. Tu vois donc bien que désormais nous sommes revenus à ce sport national très en vogue pendant la 2e guerre, qui est une variante d’un classique, « Jacques le délateur a dit ». On ne cherche plus à s’améliorer soi-même car on est trop concentré à dénigrer celui qui peut nous faire de l’ombre. À chaque présidentielle désormais, nous aurons un candidat crucifié, qu’on finit un jour par trouver sympathique, alors qu’on a fourni les clous et le marteau. Mais c’est le nouveau jeu des médias ma pauvre Janine, tout se cassant la tronche par ailleurs, il faut relayer au milluple toute info susceptible de faire une audience quelconque, même si elle refoule un peu du goulot comme un poney.

Mais ne te méprends pas, ami lecteur. Personnellement, je n’ai aucunement l’ambition de réhabiliter François et Pénélope, ils ont bien profité du pot de confiture public, sans me proposer un programme qui réveille ma fibre citoyenne et qui m’annonce surtout fortement une vie de récession où je n’irai plus au restaurant et où toutes mes courses seront faites dans un hard discount.

Alors ami lecteur, je ne saurai que trop te recommander cette semaine de garder ton discernement et d’arrêter de te plaindre, si tu ne fais rien pour changer les choses. Tu as toujours ton droit de vote. Sers-t’en… Regarde autour de toi, certains essaient de changer les choses. Aurélie Barbot fait une grève de la faim car il est plus rentable pour elle de ne pas travailler alors qu’elle aime ce qu’elle fait. Evidemment, l’info est récupérée par un journal à tendance de droite, qui a intérêt à dénigrer la politique sociale qui est traditionnellement de gauche. Ce qui est certain, c’est qu’Aurélie, elle, ne fait pas un régime pour rentrer dans un jean qu’elle ne peut de toute façon pas s’acheter.

Donc si comme moi, ami lecteur, tu prends de l’ibuprofène tellement tu ne sais plus qui manipule qui, demande-toi toujours qui a le plus à gagner dans chaque événement : et comme d’habitude, ce n’est jamais toi, au moins tu commenceras à réfléchir en toute autonomie. Et peut-être un jour prochain, n’auras-tu plus envie de cautionner, par ton inertie de méduse, un système dont tu ne fais pas partie et qui ne sert que lui-même.

Je me retourne moi-même ce compliment, cher ami lecteur, et pars aussitôt à la recherche de mon cerveau, que j’espère retrouver avant les élections.

Alors ouais, arrêtez de chialer, Pénélope et François, et souvenez-vous de ce dicton, qui est pourtant une règle de base : on ne peut pas avoir le gel lubrifiant, l’argent du gel lubrifiant, et le cul refait de la stripteaseuse.

À la semaine prochaine !

La Motivation de l’Huître

Cher ami lecteur, je ne te présente pas l’huître, ce mollusque marin bivalve et riche en protéines, qui vit dans l’eau salée et que tu manges, vivante, principalement pendant les mois de décembre et janvier.

Après observation de cet être encoquillé et fruste, tu peux constater que l’huître, dépourvue de tête donc de cerveau, ressemble à un gros mouk et ne semble affectée par rien, pas même sa propre mort ; la seule perturbation qu’on lui connaît est l’aspersion par le citron, qui provoque une très légère rétractation t’informant que tu ne vas pas consommer un cadavre, ce qui, en dehors du citronnage, est particulièrement difficile à distinguer.

En l’occurrence, l’huître semble afficher placidement un lâcher-prise maximal, une résilience absolue face à une mort atroce par gobage puis digestion, mais aussi, et c’est moins bouddhiste, une motivation proche de zéro mais compréhensible en regard de son absence totale de dynamisme.

Hé bien, ami lecteur, en ce mois de janvier 2017, je me sens totalement solidaire de ce petit mollusque que j’ai pourtant consommé sans aucune trace de remords pendant les fêtes.

En effet, ce matin, l’actualité me plonge dans un abîme de perplexité, et un néant d’inspiration littéraire. J’ai donc appris que :

  • Manuel Valls s’est pris une pichenette par un breton plus grand que lui, provoquant des débats si passionnants que j’ai fait une petite sieste d’huître ;
  • Un attentat suicide a fait 47 morts dans un camp militaire au Mali, c’est moche, mais vu de ce qu’on se prend tous dans la tronche depuis deux ans, je me suis sentie comme l’huître, un brin blasée et surtout très molle ;
  • L’enquête sur Jean-Marc Morandini concernant le harcèlement a été classée sans suite, sans doute le jury l’a-t-il confondu avec Pine d’Huître, provoquant une sollicitude inédite (et un jeu de mot pourri de ma part) ;
  • Il fait très froid dans toute la France, je crois bien que je vais fabriquer une perle tellement je suis en hypothermie.

Alors ami lecteur, est-ce grave ? Suis-je en train de vivre une métamorphose kafkaïenne, non pas sous la forme d’un rampant, mais en un être amorphe et visqueux, à la force d’inertie la plus puissante du monde animal, prête à voter pour n’importe qui en mai prochain ? Sérieusement, qui te stimule, toi, ami lecteur ? A la fois, quand j’apprends que l’on va supprimer des programmes scolaires le complément d’objet, je me demande bien si ma vie de mollusque ne sera pas plus adaptée, d’autant qu’il existe une option d’auto-reproduction de l’huître, hermaphrodite cyclique, ce qui me permettra enfin de comprendre ce que pensent les hommes. Et ça, ami lecteur, c’est la promesse, non pas de la félicité, car en solo, ce n’est pas très funky, mais au moins, de la fin des prises de tête !

A la semaine prochaine ! Et d’ici là, comme j’aurai changé d’avis, tu me trouveras probablement au bord d’une mare à chercher la bonne grenouille, celle transformable en prince charmant, ce qui n’est pas gagné car elles sont toutes sur Tinder maintenant ! A moins que je n’aie attrapé la grippe, un million de malades, la headline du jour, témoin d’une activité fascinante qui va me ramener illico presto vers un bon bouquin sous ma couette !

 

Tschüss !

(Crédits photo Walt Disney Pictures)

Ma Bonne Résolution Pour 2017

Cher ami lecteur, comme tous les ans ce soir et demain, tu vas faire un listing des excellentes résolutions que tu ne tiendras pas l’année prochaine, comme les années précédentes. D’ailleurs, tu as déjà commencé depuis quelque temps déjà, en te fixant il y a 6 mois des dates pour arrêter de fumer, choisies de manière aléatoire en janvier 2017, qui te paraissait suffisamment loin pour voir venir.

Sauf que, comme d’hab, avec tout le respect que je te dois, tu auras l’air d’un con une fois la date échue, puisqu’évidemment, tu auras toujours un pet de travers stressant qui te fera repousser à la veille de ta mort la mise en place de ta résolution.

Heureusement, ami lecteur, que tes amis sont sympas et se contenteront de ricaner un jour où tu ne seras pas là sur ton incapacité à vaincre la clope, le chocolat, les rillettes, le manque d’exercice, quel que soit le copain nuisible dont tu cherches à te débarrasser chaque année depuis 15 ans.

Dans le meilleur des cas, tu tiendras 3 jours sans alcool ni clope à bouffer des brocolis vapeur et faire des squats (et pourrir la vie de ton entourage en réveillant le dragon qui sommeille en tout un chacun), détermination en bois que tu lâcheras le premier weekend qui suivra sans l’ombre d’un remords.

Alors personnellement, je ne me lancerai pas de défi impossible cette année (ressembler à Gisèle Bundchen, vivre une vie sans tapas, ne pas marcher sur les traits des trottoirs), je vais juste, après l’hécatombe de la tombe de cette fin d’année (George, Carrie, Debbie, Claude… ) essayer de tenir une résolution unique pour 2017.

Celle de rester en vie.

Et crois-moi ami lecteur, entre les terroristes, la cirrhose, les micro-particules et la présidentielle, ce ne sera pas de la tarte !

Prépare-toi ami lecteur, je reviens en forme en 2017 !

Bonne année, poil au nez.

Le charme pas du tout évident du voisinage de proximité

Pierre Desproges, l’idole de tous les gens fins, a dit un jour : « Le voisin est un animal nuisible assez proche de l’homme. »

Si on croise cette donnée avec la loi des séries, qui vient toujours vous empoisonner la vie à un moment inopportun, la situation d’un individu lambda peut rapidement devenir un enfer et lui donner des envies pas catholiques du tout de faire subir audit voisin tout un arsenal de tortures dont on n’a plus entendu parler depuis le XVe siècle.

En effet, privé du sommeil réparateur, l’être humain le plus doux se transforme en bête sauvage, prêt à déchiqueter ledit fauteur de troubles et à le consommer sous forme de tartare, alors que ça fait deux ans qu’il ne mange plus que du quinoa pour respecter la planète et ses habitants.

Mais qui est donc cet animal si dommageable au quotidien ? En voici quelques spécimens des plus redoutables. Le sexe est précisé à titre indicatif, l’individu pouvant parfaitement faire partie de l’autre sexe, le bruit ne souffrant aucune exclusivité.

Le voisin fêtard : souvent très jeune, avec un look bien dans sa peau (piercings divers, coupe de cheveux travaillée à grands renforts de pots de gel ultrafixant) il s’agit de sa première expérience de vie en copropriété. Il ne comprend pas du tout quand tu lui demandes de couper la musique car il n’est que minuit et demie. Il t’impose donc, ami lecteur, ses goûts musicaux souvent misérables (Maître Gims, maquinha…) à toute heure du jour et surtout de la nuit, qui souvent se confondent dans son cerveau de piaf (il te fait profiter de ses conversations téléphoniques toujours passionnantes à une heure du matin quand il rentre, et pousse des cris d’enthousiasme à 125 décibels à chaque prise de marijuana). Tu sais tout de sa vie, quand il arrive, quand il part, avec qui et pourquoi il s’est engueulé, car il s’exprime à l’aide de hurlements, et tu révises à 3h du matin grâce à lui le lexique des gros mots de base qu’il pousse à plein volume même s’il a coupé la musique.

La copine du voisin fêtard : elle sonne chez toi à 1h30 du matin parce qu’elle n’a pas le bip du parking, que ledit voisin n’est pas là et du coup elle est coincée, peux-tu lui ouvrir s’il te plaît, sachant qu’elle a le doigt collé sur ta sonnette depuis vingt minutes (après avoir sonné à tout l’étage) ? Elle apprécierait, d’autant qu’elle ne fait aucune différence entre la nuit et le jour, son maquillage gardant la même intensité à toute heure.

La toxico qui deale : toujours prête à te rendre service, elle est obséquieuse au quotidien, mais laisse quand même son vélo dans le couloir, qu’elle enfume ainsi que l’ascenseur à chacun de ses très nombreux déplacements dans l’immeuble. Ses fréquentations (clients ? fournisseurs ?) font d’incessants allers-retours la nuit, activant l’ascenseur 25 fois en une demi-heure, lequel circule parfois juste pour qu’un sac à dos prenne l’air. Souvent, ses fréquentations s’énervent, et peuvent : sonner à toutes les sonnettes de l’étage à 3h30 du matin pendant dix minutes sans discontinuer, hurler son prénom à 4h du matin dans la rue alors que son appart donne de l’autre côté, vandaliser la voiture du malheureux qui s’est garé sur sa place de parking à coup de battes de baseball, mais aussi, détruire sa boîte aux lettres, le portail de la résidence, etc., bref elles rendent la vie nocturne de ta résidence particulièrement riche en pollutions sonores diverses. Quant à elle, sous l’emprise d’une substance quelconque, elle est tout à fait capable de mettre Johnny Halliday à minuit à fond les watts, comme si elle était dans ce bar magique de fin de soirée à Perpignan, l’Ascot, mais sans y être (ça doit être ça, la magie du trip). Parfois, la B.A.C. l’embarque, depuis qu’elle s’est fait courser pour délit de fuite dans une cavale d’une heure et demie qui lui a coûté son permis.

L’hystérique : hyper enthousiaste dans sa gentillesse, il replonge dans la drogue à cause de la tox et devient son client numéro 1. Il te raconte sa vie intime dans le détail quand il te croise dans le couloir, te voilà donc au courant de toute sa vie vénérienne. Il t’explique pourquoi il met de l’électro à fond à 3h du matin : c’est juste pour couvrir ses ébats, car il baise bruyant, comme ça, ça dérange moins, n’est-ce pas. Il finit par repartir chez sa mère, pour se désintoxiquer, après t’avoir appelé sur ton lieu de travail et hurlé dessus parce que, à bout de nerfs, tu as fini par appeler sa propriétaire. Fan de Valérie Damidot, il aime bien également bouger les meubles la nuit, ça résonne mieux.

Le violent : sous-locataire de l’hystérique, chaudement recommandé par la tox, il débarque en couple dans l’appartement avec sa copine. Lui aussi pense que 3h du matin est une bonne heure, c’est celle qu’il choisit pour latter sa copine, jeter des objets et mettre des coups de poings dans les cloisons, parfois même les 3 en même temps et avec force cris. Comme il n’a pas de bail, à partir du moment où il est démasqué, il disparaît assez vite.

Le musicien amateur : le plus flippant, surtout s’il fait de la batterie ou s’il débute le violon. Il est généralement très inspiré le dimanche matin à l’aube. Mais il aime bien aussi les fins de soirées, quand il reçoit, car il est heureux de partager son « art » avec ses invités dont les tympans sont eux, tout comme les tiens ami lecteur, au bout du rouleau, de sorte qu’il est tout à fait impensable de lui dire qu’il joue comme un pied.

L’alcoolique : l’avantage sur les autres, c’est que parfois il dort. Mais quand il ne dort pas, il chante fort et faux, vomit et se soulage où ça lui prend (sur n’importe quel palier de proximité), éructe des insultes contre des ennemis imaginaires ou morts (« Vous ne m’aurez pas sales Nazis ! »), se cogne contre les meubles ou chute, sans aucune distinction entre le jour et la nuit.

La jeune qui fait une teuf quand son père est absent : électro et troupeau d’éléphants qui court à un niveau sonore tel que tes murs en vibrent bien qu’elle soit deux étages au-dessus de toi. Tu dois attendre la pause entre deux morceaux pour qu’elle puisse entendre la sonnette. Plutôt polie et respectant l’autorité parentale absente, elle obtempère assez docilement à ta sommation. Et comme son père est souvent là, tu ne la subis que rarement, lors des voyages d’affaire.

Alors bien sûr ami lecteur, il existe pléthore d’autres voisins toxiques, on pourrait en faire quinze chapitres sur les personnes dépourvues de respect pour autrui. Néanmoins, tu peux toujours mettre ta bienveillance dans la gueule de ton voisin, et mieux, la renforcer avec la bienveillance des autres voisins, car tu n’es jamais seul dans ce genre d’histoire. Et en attendant que ton ou ta voisin(e) se fatigue des mesures prises par le syndic de copro, des visites de la PM ou des aspirateurs passés pendant qu’il ou elle dort, il te reste les bouchons de piscine : et là, le Monde du Silence du Commandant Cousteau s’ouvre à toi (dans la mesure où ton voisin ne se prend pas pour le dj du Pacha à Ibiza bien sûr). Ça ne t’immunise certes pas contre la connerie et l’irrespect, mais ça te permet de l’oublier quelques heures.

Et ça, c’est toujours ça de pris !

En attendant, ami lecteur, souviens-toi que, si l’adage « ce que tu fais aux autres, un jour t’arrivera » est vrai, fais bien attention à ne pas te mettre dedans !

A la semaine prochaine !

Je poste un statut donc je suis

Cher ami lecteur, certes, je ne trouve pas que Joey Starr soit une référence – d’ailleurs il a flingué Nouvelle Star, cette émission que j’aimais bien – cependant il lui arrive aussi d’avoir ses moments. En l’occurrence, le 12 septembre dernier, il a posté sur Facebook le message suivant : « Quand je vois tous ces gens sympas et intelligents sur Insta je me demande d’où viennent tous ces cons dans la vraie vie. »

Mais de quoi parle-t-il, je ne comprends pas.

Non, vraiment.

Je regarde mes photos, ami lecteur, et j’envie ma propre vie sur insta et facebook. Car me voilà en apéros de ouf, dans des bars à la déco sympa, avec des amis au bon style, ou alors à des vernissages, où je mets en ligne les œuvres qui me plaisent le plus. Chaque photo donne l’impression que tu es, ami lecteur, passé à côté de la super soirée la plus cool de la planète.

Et pourtant, il n’avait rien de transcendant, cet apéro, dans la vraie vie. Mais ce n’est pas grave : la photo est magnifique : 217 likes.

La vérité, elle est là : il n’y a pas de photo prise pendant les vraies soirées de ouf  (à part peut-être au début, si la déco est époustouflante) : quand tu t’amuses vraiment, tu ne prends pas de selfie, tu participes à la soirée ; tu es partie prenante.

Et là, on n’est qu’au premier niveau, celui ou tu mets en scène ta life.

Le stade deux c’est celui où tu mets en scène la fabuleuse personne que tu veux que tes followers pensent que tu es.

Te voilà donc en train de partager des articles montrant à quel point tu te soucies de l’environnement, des animaux, des enfants battus, de la misère, des chatons, des poussins, tu veux accueillir des migrants, ta pensée est profonde et de gauche, tu cites Desproges, ou Paolo Coelho, tu critiques Hanouna, Ruquier, Maître Gims et Christophe Maé, et le plus dingue dans tout ça, c’est que tu es entourée de personnes au moins aussi fascinantes que toi, qui partagent, retwittent ces merveilleux statuts qui font que nous sommes à deux doigts de soumettre la candidature d’un certain nombre de nos amis virtuels au prix Nobel de la paix, ce qui, au vu du dernier lauréat, n’aurait plus l’air d’une blague idiote désormais, j’ai même entendu dire que Francis Lalanne était dans les starting-blocks pour la prochaine session.

Puis tu éteins ton ordi, ta tablette et ton smartphone, ou tout du moins, tu les ranges.

Et tu te rends compte que les comportements des vrais gens ne correspondent pas du tout avec les statuts partagés des réseaux sociaux. Je ne parle pas de tes amis que tu connais depuis toujours, mais plutôt à tous ceux qui t’ont demandé en ami juste pour avoir un maximum d’amis, pour qui tu es juste un +1, comme si ton profil participait à un vaste concours où gagne celui qui a le plus d’amis qui le likent.

Bon, comme tout le monde, j’aime bien les likes, alors j’ai accepté, comme tu as pu le faire, les commerçants, les bars à vin, à eaux, à bière, à salades, à frites, à tapas, les magasins de bidules et de trucs parce qu’on avait 72 amis en commun qui eux aussi, les ont acceptés avant moi. La question, c’est : est-il nécessaire de bien se comporter dans la vie si notre avatar le fait ? En gros, peut-on violer quelqu’un IRL (In Real Life) et signer la pétition « Eradiquons les violeurs » sur Change.org ?

En gros, suis-je ce que je poste ?

Il semblerait que désormais, on peut s’en foutre d’être des sales types dans la vie, du moment qu’on remplit son mur de  de phrases cools, et de jolies photos.

Parce que dans la vie, ton voisin met la musique à fond à n’importe quelle heure (et il ne s’agit jamais de l’Adagio pour cordes de Barber, évidemment) et la dame du marché te prévient que, si tout va mal, c’est à cause de « ces gens-là » (Merci Monsieur Brel de renommer toutes les plaies humaines responsables de tous nos maux, on peut y rentrer une bonne moitié de la planète dans cette expression) même si mes préférés toutes catégories restent quand même les haters sous pseudo d’Internet, champions de bassesse humaine non assumée, pompes à merde absolues et définitives.

Alors quelles sont les possibilités qui s’offrent à toi, ami lecteur ?

Tu peux : rester dans le virtuel, avec les Bisounours et les Pokémons et risquer de te perdre dans le triangle des Bermudes de l’abêtissement, ce qui n’est pas fou-fou comme perspective ; quitter le virtuel, et affronter les abrutis, ce qui, en plus de n’être pas fou-fou non plus est en plus d’une pénibilité rare ; comme alternative éco-durable, puisqu’aucune solution n’est génialissime, je te propose l’adéquation profil virtuel / profil réel.

Tu seras alors peut-être moins populaire, tu auras peut-être moins de likes et de followers, mais au moins, toi, quand les gens te croiseront, ils n’auront aucune surprise. Tu ne les auras pas truandés sur le produit. Et tu leur donneras peut-être envie d’être moins devant leurs divers écrans. Cependant, méfie-toi tout de même d’une chose : il se pourrait bien que parmi tes amis inconnus, un jour ou l’autre il y en aura un, deux, ou dix, qui te feront rigoler.

Même une fois.

Et ça, ami lecteur, ça n’a pas de prix.

A la semaine prochaine, I am back on tracks !

L’homme de ma vie est-il à 300 m ?

Cher ami lecteur, te souviens-tu de mon premier téléphone portable, le Nokia 5110 Ola quand Orange s’appelait encore Itinéris ? Il ressemblait à une grosse télécommande en couleur et pesait presque le double de mon iPhone 6. Et pourtant, qu’est-ce qu’on était content de trimballer cette brique partout parce qu’enfin on ne risquait pas de rater un appel en sortant de chez nous. Et en plus, on pouvait jouer au Snake, ce jeu inoubliable au graphisme encore moins évolué que les fresques de Lascaux.

Bref, avec le téléphone portable, on rentrait dans une nouvelle ère de la drague : celle où on filait notre 06 dans les bars, sur la plage, ou à ses collègues de travail. On faisait de vraies rencontres et on était sélectionnés sur des critères objectifs tels que le physique pour les hommes et l’humour et la carte bancaire pour les femmes, ces deux derniers critères pouvant ou non, être simultanés. Nous étions donc dans les mid 1990’s et pour rencontrer des partenaires sexuels ou plus si affinités, on sortait de chez soi.

Et puis en 2001 est né le site référence des gens qui n’arrivent pas à se rencontrer de manière naturelle : Meetic qui ouvrit la voie à tous les autres sites du même genre (Adoptunmec, Attractive World, Badoo, E-Darling etc) et nous voilà entrés dans l’ère où tous les laissés pour compte des méthodes de séduction en live (les timides, les mal dans leur peau, les super-occupés de la life) ont pu rebooster leur estime de soi, vendant leur beauté intérieure via des messageries instantanées, tout en enfumant le chaland avec des photos datant de 10 ans en arrière, voire ne les représentant pas du tout. Cela dit, les beaux (belles) gosses débordés passant aussi par là ne mettaient pas forcément davantage leur vraie photo, les sites de rencontre véhiculant à l’époque une image de perdant ayant un problème temporaire ou durable de séduction IRL (In Real Life).

Mais comme dirait Darwin (à moins que ce ne soit ma concierge ?), tout évolue.

L’homme d’affaire créatif étant programmé pour investir les filons porteurs, nous voilà 15 ans plus tard avec non plus des sites, mais des applis sur nos smartphones, nous permettant même de draguer aux chiottes les jours de paresse intestinale, car on n’arrête pas le progrès : penses-y, ami lecteur, tu es géolocalisé, et les développeurs sont là pour te proposer des applis auxquelles tu n’aurais certainement pas pensé. Pense juste à tirer la chasse.

Alors, quels sont les meilleurs outils qui s’offrent aux célibataires ? Tout d’abord, une judicieuse trouvaille, sans doute édifiée sur un cas pratique : happn, qui te permet de retrouver les gens que tu croises et tient même des statistiques intéressantes sur le sujet (Gaspard, 31 ans, croisé 5 fois), du coup si tu n’avais pas un poil de sec à l’idée d’aborder ce potentiel objet de ton désir, cette merveilleuse appli te permet de rectifier le tir en toute quiétude sans passer ton master de la lose. Génial, sauf que dans mon quartier, il n’y a que des retraités, on est bien loin d’une offre pléthorique.

Alors du coup tu peux toujours te tourner vers l’appli qui cartonne : Tinder (et leurs versions LGBT : Grindr et Blendr, chacun sa vie, chacun ses poches) où tu fais défiler les photos des utilisateurs proches de toi. Shopping, non pas de sacs, mais de partenaires de proximité.

Mais ne stresse pas, ami lecteur : si une appli te déçoit, tu peux toujours utiliser Once (qui te propose un partenaire par jour), Booxup (pour les lecteurs), Beepin (pour rencontrer des collègues), Threender (pour les plans à plusieurs), Fundi (où votre profil est mis aux enchères), OkCupid (qui calcule votre taux de comptabilité), etc, etc, le marché de la misère affective est énorme et sans fin, puisqu’il existe même désormais une appli de rencontre pour les people et personnes travaillant dans les industries créatives, Raya (mais ne rêve pas, sur celle-là tu dois être coopté par un Super Ami Lecteur, et je pèse mes majuscules).

Finalement, trouver l’âme sœur ne se résumerait-il pas à un smartphone géolocalisable, un algorithme et une bonne photo ? Ta problématique, ami lecteur, n’est plus de proposer la meilleure version de toi-même au quotidien, mais bel et bien d’avoir un ami photographe de talent, et un autre rédacteur, pour optimiser ton profil. Ensuite, une fois que tu auras matché, sur une appli ou l’autre, tu pourras toujours envoyer des SMS, ou des sexto, selon ce que tu as à dire, ton postérieur gentiment calé dans ton canap, en te fatiguant uniquement du doigt.

Alors avant que tu ne tombes définitivement dans la recherche de l’âme sœur ou de ses fesses façon Matrix avec des algorithmes confortables et des photos filtrées deux cents fois, je te lance un défi : trouver ton prochain partenaire à l’ancienne, avec la méthode vintage d’un sourire éclatant, d’un bon look et d’un humour qui tabasse. Et ensuite tu me diras, si ce n’est pas plus sympa (hé oui, dans la vraie vie, pas de défiltrage brutal, tu vois le candidat dans son jus, ça t’évite bien des traumatismes).

Allez, hop, ami lecteur, tes pieds dans tes Stan Smith, ta confiance sous le bras (car tu es beau, ou belle, c’est une question de pensée-racine) et pars chasser autre chose que des Pokémons !

A la semaine prochaine !

(Credit Photo : 9gag.com)