Le professionnalisme, ce n’est pas fait pour les chiens (ni les artistes ?)

Cher ami lecteur, cela faisait un moment que tu n’avais pas eu de mes nouvelles.

Et pour cause : les sujets que l’actualité me proposait tournaient essentiellement sur encore des attentats, je ne voyais donc pas quoi dire de plus sans radoter, et le départ des anglais de l’Europe, ces gens d’une perspicacité rare puisqu’au lendemain du Breixit, la 2e occurrence la plus demandée sur Google en Angleterre a été : « Qu’est-ce que l’Union Européenne ?», mais bon ils roulent à gauche, on peut difficilement leur reprocher de ne pas penser à l’endroit.

Ensuite, il y avait l’Euro, déjà que le foot c’est relou et multi-traité, quand on voit en plus le résultat, on se dit que parler d’autre chose, ce sera forcément mieux.

Enfin il y avait aussi le Tour de France, le regarder, c’est déjà plutôt d’un ennui mortel, alors raconté par une fille, c’est l’assommoir absolu.

Bref, tout cela n’était guère inspirant.

Et puis dimanche soir, jour de Ze Big Finale de footchiball, me voilà au festival Les Déferlantes à Argelès Sur Mer, prête à secouer ma fibre nostalgique en me trémoussant sur les chansons des Insus, anciennement Téléphone.

Les Déferlantes, c’est un beau festival, dans un cadre inouï, un château, un parc, 33°, des amis cools et sympas, tout était réuni pour faire espérer un de ces moments parfaits qui ne se produisent vraiment pas tous les quatre matins.

Et là, tu apprends que ledit groupe a déclaré en off ne pas commencer son set tant que le match de finale ne sera pas terminé.

En d’autres termes, ami lecteur, afin que tu puisses mieux te rendre compte de la situation, le groupe a fait poireauter 18000 personnes pour regarder un match pourri (on a perdu, tout ça pour ça), alors que c’est quand même leur taf unique, me semble-t-il. J’imagine la tronche de ton patron, ami lecteur, si tu arrivais avec une demi-heure de retard parce que l’épisode de ta série s’est terminé plus tard que prévu (ou n’importe quelle autre bonne raison bien valable) et que tes clients t’attendaient, en tapant le scandale dans la salle d’attente (parce qu’un public, comme tout patient, client, bref, celui qui te fait vivre quel que soit son nom, c’est souvent grossier quand c’est contrarié : ça piétine, ça tape dans les mains, ça siffle et ça hue).

D’autant plus qu’on était, je le rappelle, dimanche soir, ce qui signifie qu’une très importante partie du public reprenait le travail le lendemain matin.

Donc pour résumer, le set prévu à 22h30 a démarré à 23h.

Je veux bien croire que pour eux, le match c’est un peu comme pour nous le lundi au soleil, cependant la question que je me suis posée, debout dans la fosse, c’est : peut-on s’asseoir sur le professionnalisme quand on est une vedette ?

Pendant une demi-heure, j’ai donc eu le temps de refaire tous les dialogues :

Bertignac : Il me faudrait de la caillasse pour payer mes impôts. Ça manque, The Voice.

Aubert : Faisons quelques Festivals. Les Déferlantes, Argelès sur Mer, le 10 juillet.

Bertignac : Mais c’est le jour de la finale !! On passe à quelle heure ?

Aubert : 22h30, la poisse.

Bertignac : Rien à foutre, ils attendront.

Aubert : La merde, s’il y a prolongation.

Bertignac : On s’en fout je te dis, le rock français, c’est nous.

L’année précédente, dans le même esprit « public, tu es venu pour moi, tu supporteras tout de moi », Lenny Kravitz nous avait donné une belle leçon de professionnalisme à l’américaine en arrivant sur scène défoncé, lunettes de soleil (à minuit) et après un début de prestation très hésitant, genre élocution de 5h du mat en sortie de boîte, le Lenny Superstar a disparu pendant le plus long quart d’heure du monde. Toi et ta place à 45 €, tu te dis bonjour l’entube si le gars ne revient pas, et t’as presqu’envie de l’aider à vomir (presque j’ai dit) pour qu’il puisse reprendre sa place sur scène et faire le job.

Et au-delà de considérer ou pas son public, se pose également la question du set suivant, et donc de l’artiste suivant, programmé par le festival. Comme les Insus ont tenu la scène 1h30 au lieu de l’heure prévue, à laquelle s’ajoute la demi-heure de retard, les pauvres Synapson ont donc commencé avec une heure de retard, classe le respect entre collègues, bonjour l’ambiance à la machine à sniffer, euh, je voulais dire à café.

Alors, bien ou pas bien ?

Le truc, c’est que dès la première chanson, le premier riff, on leur avait pardonné.

Car si les physiques des Insus supportent moins bien les gros plans (ils ont tous plus de 60 ans), la voix et l’énergie étaient là.

En conclusion, ami lecteur, force est de constater que la vie est injuste, et qu’on ne traite pas de la même façon les gens beaux, ou les gens talentueux, ou encore les pistonnés : pour cela, il te suffit de comparer le salaire de ton coiffeur (environ 2200 € brut en moyenne en France) et celui de François Hollande (9800 € supposés brut), lequel, disponible 24h/24, ramasse une sacrée prime d’astreinte il faut bien le dire. A ce tarif-là, je veux bien aussi shampouiner et peigner les chiens et le tapis, la nuit de Noël et le premier mai à l’heure la plus débile qui te passe par la tête.

Alors ne sois pas jaloux, ami lecteur, le vert c’est moche au teint surtout en été, profite de ce que tu as, sois à l’heure à ton travail, et à la semaine prochaine !

Pense à moi comme je t’aime

Il y a des jours où même les meilleurs peuvent avoir le bourdon, je voulais dire, ça peut m’arriver. Dans ces cas-là, je reviens aux fondamentaux, la base de la base. Pour cela, nos amis les belges ont Jean-Claude Vandamme.  Nous, en France, on a Francis Lalanne, multirécidiviste du pétage de plomb dans les médias. Une petite recherche Google pour savoir quelle est l’actualité de l’homme au catogan XXL et cuissardes (rien que ça, tu souris), et hop, qu’est-ce que je te disais, j’apprends que notre Francis national a vendu tous ses biens sauf sa guitare, et le voilà SDF, sans domicile fixe, mais surtout dit-il « sans difficulté financière ».

L’hilarité pointe le bout de son nez, le gars est absolument génial.

Il a fait tout seul la révolution bancaire que proposait Eric Cantona en 2010 : retirons tous notre fric pour faire sauter les banques (sauf qu’il ne fait rien sauter du tout, vu que pas grand monde le suit au vu de ses scores aux diverses élections auxquelles il s’est présenté). Mais comme rien ne l’arrête, prenons-en de la graine.

Imagine une vie sans impôts, sans factures, surtout que le Francis, homme le plus poisseux de la planète, s’est pris 29 contrôles fiscaux en 25 ans, soit plus de 1 par an en moyenne.

Certes, la probabilité que ça t’arrive à toi est faible. Il y a peu de chances que tu écrives un recueil de poèmes contre Nicolas Sarkozy, ou que tu traites tous les députés de pourris et corrompus face à un journaliste à qui tu finis par dire :  « je t’emmerde, toi et ta radio ». Non, toi, tu as déjà du mal à dire non à ta collègue quand elle te prend tous les ponts et les vacances scolaires sous prétexte qu’elle a trois gosses, alors ça ne risque pas.

Mais, même sans être la cible du Trésor Public, ça fait réfléchir.

Cette vie, bassement matérialiste, avec nos Iphone 12 et nos Fiat 3000, c’est vrai c’est moche.

Envoyons tout balader ! Soyons libres !

Fini, le stress des soldes, où t’es comme une dingue sur les starting-blocks pour ne pas louper la paire de pompes qui va bien à moins trente, pour laquelle tu serais prête à oublier ce que t’a appris ta mère et bousculer violemment cette octogénaire, entrée dans le magasin juste avant toi.

Finie la prise de tête tous les matins pour savoir ce que tu vas mettre, puisque tu n’as plus de placard, ni de compte bancaire, et puis tu n’as plus de sèche-cheveux, c’est trop encombrant, ni de fer à repasser (YES), pas de machine à laver ni de linge à étendre, plus de dîner à préparer puisque tu n’as plus de cuisine (triple YES), plus de ménage puisque tu n’as plus d’appartement (là tu es en lévitation), une vie sans contrainte et écologiquement respectable se profile devant toi.

J’ai vu la lumière.

J’ai donc pris un grand sac poubelle pour mettre ma vie consumériste dedans.

Et puis, je suis tombée sur mes boîtes Hermès. Et comme l’a si bien tweeté Loïc Prigent, essaie de les jeter. Tu verras.

Moi, je crois que je vais rester encore un peu avec mes agios, mais grâce à Francis, la bonne humeur est revenue.

Ami lecteur, je te souhaite un bon dimanche soir, malgré la dèche du programme télé, qui est au régime pour rentrer lui aussi dans le maillot.

Et juste pour le plaisir, un petit coup de la Chanson du Dimanche :

https://www.youtube.com/watch?v=RqzR-KwjlrI

To drink or not to drink ?

Internet est sans pitié avec les stars qui se laissent aller : après les photos d’un Jonathan Rhys-Meyer ivre mort dans la rue, hier a vu se déverser des photos de George Michael, Monsieur Super Brushing 1984, boursouflé, méconnaissable, en réhab (il était plus beau quand il n’y était pas, en réhab, je dis ça, je dis rien).

Au-delà de cette problématique essentielle (on ne peut plus picoler tranquille ailleurs que chez soi), se pose le questionnement de la quantité absorbée :  à partir de quand apparaît ce faciès bouffi qui ne nous appartient pas ?

Le propos n’est pas, ici, de parler des problèmes internes générés par les abus de boissons : quand la cirrhose survient, ça fait bien longtemps qu’on ne ressemble plus à rien. Le propos est de savoir combien de verres de rosé on peut boire à l’apéro, même quand on ne conduit pas, et rester ce splendide être humain que vous voyez dans votre miroir.

Car les têtes de George et de Jonathan sont certainement bien plus dissuasives que la menace d’une quelconque maladie du foie ou même d’un retrait de permis.

Du coup, je constate avec effroi qu’avec le festival des Déferlantes et trois-quatre anniversaires qui se promènent en ce début du mois de juillet, pas moins de dix photos me voient en train de trinquer allègrement sur les réseaux sociaux où je promène l’air hilare (et encore frais) un verre de rosé plein.

Etant entendu que ces photos sont toujours faites en début de soirée, ou de déjeuner, à combien verres en suis-je de la catastrophe d’empâtement de ma face ??? Un goître imminent me guette-t-il au fond de la bouteille ?

Mon ami Google, via le Dr Philippe B., me signale que : pour un homme, c’est à partir de 21 verres par semaine, soit 3 verres par jour, et pour une femme, 14 verres, soit 2 par jour. Il n’est pas bien entendu question ici de débattre encore une fois de l’égalité homme/femme, qui est partie en RTT depuis un moment déjà, et n’a toujours pas confirmé son retour. Non, il est question ici de prendre l’appli calculette de son smartphone et de faire un travail de mémoire de titan.

A savoir que, dans une semaine de vacances standard, j’ai fait : un dîner entre amis le mardi soir, soit 3 verres de rosé + un rhum maison ; le jeudi : apéro + dîner = 3 verres de rosé ; le vendredi : un rosé le midi et 2 le soir ; le samedi, festival de musique, 3 godets de rosé ; le dimanche, déjeuner en club de plage, une sangria blanche + 2 verres de rosé. Total de la semaine : 16 verres. Bilan : à moins de me faire passer pour une transgenre comme Caitlin, je suis sur la route (toute la sainte journée) d’un alcoolisme caractérisé, et avec mon nom à consonances polonaises ça la fout bien, je vais finir noyée dans une piscine de vo-vo (moitié vodka, moitié vomi).

Mais.

On sait qui c’est, ce Dr-Google-B.? Il se prétend addictologue, qui a vu ses diplômes ? Et ces chiffres, là, 14 et 21, sortis de nulle part (la dernière grille de loto de ma tante ? un jeu de dés asiate ?) seraient mes référents-boissons ? T’as craqué ou quoi ?

Néanmoins, le Georgegate te regarde, tapi dans l’ombre avec son double menton. Tu dois donc trouver une solution. Tu dois diluer les chiffres. J’ai donc décidé de faire une garde alternée avec ma bouteille de rosé. Une semaine avec, une semaine sans, je fais tomber les chiffres de 50% comme qui rigole. Un rapide calcul me confirme que cette solution me permet même de monter à 28 verres sur une semaine, soit 4 verres par jour, sans être qualifiée d’alcoolique.

Car c’est sûr, il s’est mis bien plus que 4 verres par jour dans le gosier, le père George.

L’alcool ne conserve que les fruits, mais moi, je suis soulagée : demain, je commence ma garde de rosé alternée, semaine sobre. La couperose ne m’aura pas, je n’aurai pas une face de quiche toute bouffie. Et j’imprime en A4 la photo de George. Je la mets sur le frigo. Par prudence. On ne sait jamais. Je pourrais m’emmêler les pinceaux avec les semaines…

A très vite ami lecteur, pour débattre une fois encore de questions de fond.