Je ne suis pas de bonne humeur ce matin

Cher ami lecteur, aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je suis de très mauvais poil.

Je suis allée voter, alors qu’aucun des candidats ne m’a convaincue pour me représenter.

Le résultat des votes dans ma ville (et mon département) est consternant et révélateur en même temps : les deux extrêmes sont passés. Chouette, bienvenue dans un monde de tolérance, d’ouverture d’esprit et de progression commune.

Le gros problème, c’est que les individus en masse sont en régression.

Ils parlent de plus en plus mal, ne savent plus écrire correctement, ne veulent plus bosser, râlent tout le temps sans se remettre en question, n’ont plus de notion du respect de base dû aux autres individus alors qu’ils en sont au même titre que chacun.

Réfléchis ami lecteur, comment veux-tu être bien dans ta peau et heureux si tu passes ton temps à te demander comment tirer au maximum la couverture à toi ?

Et ça c’est une règle valable pour toutes les couches de la population. Quand un décideur t’annonce qu’il va pratiquer l’austérité et qu’il ne change strictement rien à son propre confort, quand un autre te propose de répartir l’ISF sur plus de monde (et notamment les classes qui sont déjà pressurisées) pour arranger ses riches copains, quand d’autres veulent te faire sortir de l’Europe alors que sans être un prix Nobel d’économie, tu comprends intuitivement que, d’un point de vue géopolitique, c’est débile, et qu’en plus ça va coûter un max à tout le monde, à quel moment se soucie-t-on du bien commun ?

Mais bon, il faut dire qu’on a les représentants qu’on mérite. Peut-être ont-ils raison, on est devenus en masse un banc de méduses, on avale toutes les mesures en s’indignant deux secondes sur les réseaux sociaux, ouh la la ça fait très mal. On se cuisine une petite soupe de haine, on va la servir à tout le monde, et ensuite, on ne va surtout rien changer, ni réfléchir à ce qu’on pourrait faire pour améliorer les choses, encore moins se remettre en question, parce que c’est jamais nous, c’est toujours la faute du terroriste qui fait tout péter, de l’élu qui s’en met plein les fouilles pendant que tu galères, de l’éducation nationale qui se réforme pour que seuls ceux qui ont les moyens du privé puissent réellement fournir un enseignement correct à leurs enfants, de la CAF qui permet de bien vivre si tu fais un max de gosses, c’est la faute de toi, et de toi, et de toi aussi, c’est sans fin.

Le problème, c’est qu’on est tellement ancrés dans une société individualiste, que les quelques clampins qui essaient d’en sortir se font dévorer par ceux qui sont sans scrupules, tu te fais démolir, et ça, qui en a envie ?

taper sur les mêmes

Et c’est comme ça que rien ne bouge.

La seule solution, c’est de se souvenir de la dernière fois où quelqu’un a fait preuve de bienveillance à ton égard. C’était comment ? C’était bien, hein ? Tu t’étais senti transporté par une mini-vague de bien-être, ami lecteur, peut-être même que les plus émotifs d’entre nous ont eu la larme à l’œil en y repensant. Hé bien elle est là, la clé. D’essayer de propager cette vague, de l’un à l’autre, qu’elle dure. Soyons bienveillants. Peut-être que ce ne sera qu’une goutte d’eau dans la mer, mais après tout, la mer est faite de gouttes d’eau. Chacune a son importance.

Et, ce que tu fais à l’autre, ami lecteur, tu le fais d’abord à toi-même.

Alors dès aujourd’hui, essaie d’être plus gentil, tu en deviendras automatiquement moins con !

A la semaine prochaine !

Voter blanc, ça sert à quoi ?

Cher ami lecteur, cette semaine j’avais d’abord pensé te faire une petite bafouille sur les sérums de beauté, dont je n’ai, à ce jour et malgré beaucoup de bonne volonté dans le testing, pas encore compris l’utilité. En réfléchissant, je me suis dit qu’il y avait tellement de choses, pourtant plus importantes, qui existent mais on ne sait pas trop bien pour quoi.

En l’occurrence, en cette période électorale, le vote blanc.

Le vote blanc, c’est quoi donc exactement ?

Contrairement au vote nul (ou bulletin invalidé non conforme) et l’abstentionnisme (ou non-vote), le vote blanc c’est quand aucun des candidats ne t’a convaincu, et que tu souhaites quand même exercer ton droit de vote. Concrètement, ça se traduit par un bulletin blanc ou une enveloppe vide mis dans l’urne. A savoir pour info que le bulletin blanc en question, c’est toi qui te le prépares, alors si jamais tu manques d’idées pour occuper tes gosses le mercredi après-midi quand il pleut, l’Etat t’offre une alternative, sachant que ledit bulletin doit être, au millimètre près, de la même dimension que les autres bulletins (avant l’atelier découpe, une petite chasse au trésor « trouve la taille magique du bulletin » s’impose donc).

Alors si ni François, ni Emmanuel, ni Marine, ni Jean-Luc, ni Benoît, ni l’autre François, ni Jacques, ni Philippe, ni Nathalie, ni Nicolas ne t’inspirent, tu votes blanc, si tu as besoin de te dégourdir les jambes. Que devient ensuite ta petite enveloppe vide ?

Concrètement, depuis 2014, elle fait l’objet d’un comptage à part.

Et voilà.

Ta voix, ton unique influence politique, ta seule possibilité d’expression entendue par le pouvoir en place, est perdue dans un petit pourcentage, et c’est tout.

Que peux-tu donc faire ?

Tu peux choisir un candidat par défaut. Tu te crées une grille d’analyse avec des critères personnels ultra-pertinents (le meilleur costume, signe astrologique, cravate…) et tu prends le moins pire, en espérant qu’aucun spécialiste de la langue française ne lira ce post. Bon ben, c’est comme te rabattre sur la marque repère alors que tu ne bouffes que du bio depuis cinq ans. T’es frustré, et pas en phase avec toi-même.

Tu peux aussi rejoindre les Citoyens du Vote Blanc, et espérer, ça fait vivre, que leur proposition de loi pour réformer le « Système » passe (PTDR).

Tu peux aussi voter blanc parce que tu es une méduse. Tu ne sais pas pour qui voter, d’habitude tu votais comme tes parents, mais ils sont morts. Ou alors tu es fâché avec eux. Tu n’as aucun avis sur la question, mais tu te souviens que ne pas voter, c’est mal. Bon bah, tu vas quand même voter blanc et te trouver un violon pour pisser dedans, c’est toujours moins violent que des toilettes sèches.

Cependant.

Tu votes dans un système (encore lui) où, si toi et disons 55 millions de tes amis votiez blanc, soit 85% de la population française, cela signifierait donc que les candidats se partageraient les 15% qui votent. Si parmi eux, celui qui gagne prend disons 45% des suffrages, en réalité il prend 45% de 15%, soit un peu moins de 7%. Ça ne fait pas du tout pareil, hein ?

Même si les chiffres de l’exemple sont un peu marseillais (en 2012 on tournait autour de 20% d’abstention et 6% de votes blancs), si les abstentionnistes votaient eux aussi tous blanc au lieu de rester au barbeuc du dimanche à faire monter leur taux de cholestérol, on serait à plus d’un quart de la population, ce qui, dans un camembert, n’est pas rien, ce n’est pas le corbeau de la fable qui me contredira.

Aux régionales de 2015, une pétition de plus de 150000 signatures pour demander la prise en compte du vote blanc comme suffrage exprimé est un pet dans l’eau.

Et puis si jamais on reconnaissait soudain le vote blanc, quoi ?

On cherche d’autres candidats ? On demande à ceux déjà présents de nous ressortir en cinq-sec de nouveaux programmes plus adaptés ? On refait des élections (et on augmente ta taxe foncière pour les payer ?)

A première vue, ami lecteur, c’est comme démêler les fils de tes écouteurs d’Iphone d’une seule main quand tu es pressé : c’est n’importe quoi.

Alors je m’en vais laisser le blanc aux robes de mariées et aux intérieurs hygge, et me comporter comme si ma voix comptait vraiment. Comme dans les contes de fées.

La pensée magique, ça s’appelle. Ça rend joyeux, comme un verre de rosé en juin.

Et surtout, pour une fois ami lecteur, me voilà bien soulagée de ne pas avoir de progéniture.

J’aurais été bien emmerdée d’expliquer à mes gosses ce qu’est la démocratie.

À la semaine prochaine !

Le filet de Macron, c’est pour qui ?

Bon, moi je ne sais pas toi, ami lecteur, mais j’ai un peu du mal à avaler la soupe aux élections. J’ai carrément l’impression de faire de la monodiète, et, après la quinzaine Fillon, de me taper du Macron matin, midi et soir, jusqu’à l’indigestion. C’est comme si soudain les media étaient atteints de radotage généralisé, ils tournent tellement en boucle sur le sujet que le trognon ne doit plus être très loin.

Là ce qu’il y a, c’est que techniquement nous étions face à un nouveau plat sur la carte, ça aurait dû nous exciter les papilles, ce petit jeune, ministre une seule fois à moins de 40 balais, le voilà enfin notre candidat du renouveau, enfin une alternative à la viande corrompue qu’on nous sert en entrée, plat et dessert depuis VGE. On se dit chouette, et en deux deux on l’a investi de tous nos espoirs d’améliorer notre situation personnelle, parce que la France, on s’en fout un peu, hein, l’important c’est Bibi, et nous voilà partis, naïfs et moutonniers, comme si l’élection du président de la République avait jamais amélioré une autre situation que celle dudit président et de ses copains proches.

Alors sortons la lingette et astiquons-nous les Essilor : à part le gars, qu’y a-t-il réellement de nouveau ? En ce moment, tout le monde porte des Stan Smith et est macroniste, du coup chacun y va de son recyclage de veste, et M. Bayrou, après lui avoir taillé un costard, porte sa chaise comme dans un mariage du Sentier. Dans la vraie vie, on aurait trouvé ça faux-cul et opportuniste, mais dans les media, on trouve que c’est méga-cool que Manu soit parrainé par le politique le plus raillé en France depuis des années. Le renouveau avec de vieux ingrédients, ce ne serait pas plutôt du réchauffé, finalement ?

Donc, en plus de nous taper une vieille tambouille dans un nouveau pot, Emmanuel le Bel nous a mis en scène un petit suspense de jeté de programme, qui tient plus finalement de Blair Witch que d’une apparition miraculeuse à Lourdes : une grosse montée de tension et pas grand chose à la fin. Après, il faut quand même dire que c’est joli tout plein : on y croise pas mal de licornes, avec des exonérations massives de taxe d’habitation, une baisse des cotisations sociales pour les entreprises, une hausse du smic et du minimum vieillesse, des créations d’emploi dans la Police et l’Education Nationale, des remboursements à 100% de mes futures lunettes Chanel et de mes encore plus futures prothèses auditives, une augmentation de l’allocation adulte handicapé, une prime à la casse de 1000 €, une aide à l’emploi pour l’embauche en CDI d’habitants de quartiers prioritaires, un budget de l’Armée augmenté jusqu’à 2% du PIB, une suppression de la part salariale des cotisations chômage et maladie financée par une hausse de 1,7 % de CSG (ça rentre par une oreille, ça sort par l’autre) et pour le reste, quel est le plan de financement ? Les lutins et les elfes ? Nooon pas seulement. La fée des petits crétins viendra s’acquitter des postes supplémentaires de l’éducation nationale via une réduction des épreuves du BAC au nombre de 4 (lesquelles, sachant qu’il ne reste déjà plus grand chose de cet examen) et une disparition de 120 000 fonctionnaires (tu cliques sur « supprimer » et, bibidee bobidee boo, il n’y a plus rien, les pointeuses n’en reviennent pas).

Ainsi, il est clair qu’un fois de plus, nous ne voterons pas pour des programmes, que je soupçonne d’être écrits par la même cellule qui rédige les notices IKEA, mais pour des individus. Soit. En l’occurrence, avec EM, nous voilà face à quelqu’un qui sait communiquer, pas de souci, il n’évitait même pas Cyrille Eldin à la grande époque du Supplément, c’est dire, toujours un bon mot, un physique pas trop dégueulasse (pas de quoi mordre le coussin non plus), les cheveux de la jeunesse, il marque des points ne fût-ce que par effet de comparaison.

Mais on a quand même vu le gars limite en transe sur ses meetings, comment va-t-il faire pour que sa tête ne s’envole pas dans la stratosphère une fois au pouvoir ? Qui va le canaliser ? Brigitte ? Euphytose ? Va-t-il dissoudre l’Assemblée Nationale un jour de up ? Et surtout, quelles sont les alternatives ? Sortir de la zone € avec Marine, danser le « je sors, je sors pas » avec François ? A une époque où on déterre les dossiers, il serait peut-être bon de cesser d’alimenter un système où il est impossible de ne pas en avoir…

Bref, la perspective est réjouissante : voter ne sert à rien, mais ne pas voter revient à abandonner le seul moyen d’action que moi, petite citoyenne lambda, j’ai à ma portée. Alors je ne vais pas devenir la déprimée politique qui chante « tous pourris » avec une vieille guitare et un chèche sur Youtube, mais j’avoue qu’un doute hyperbolique m’envahit l’asymptote face à cette popularité largement gonflée à l’hélium des medias.

Et pour moi, qui attends toujours un candidat moral, il me semble qu’attendre le prince charmant est nettement plus réaliste.

En gros, ce n’est pas gagné, comme dirait Faye Dunaway aux Oscars 2017.

Alors, ami lecteur, si, au lieu de balancer un œuf sur un candidat, tu allais te le faire cuire, je crois bien que ça ne changerait rien.

Et rien, c’est déjà quelque chose.

À la semaine prochaine !

Arrête de chialer, Pénélope

Dernièrement, ami lecteur, on est tous d’accord pour dire qu’on n’en peut plus des Fillons, pas un jour ne passe sans que l’on découvre un nouvel emploi fictif cumulé d’un ou de plusieurs membres de la famille, ou qu’on se ramasse une confession à la con où on te prend pour une tanche, bref, c’est l’overdose, la Fillonnite, ça te gratte de partout. En gros, pendant que toi tu te lèves tous les matins pour trimer et gagner un salaire de misère, Madame Fillon, elle, capitalise ses emplois de complaisance et touche des salaires très confortables, chez elle où elle élève la meute des petits Fillons, évidemment, tu l’as mal pris, ami lecteur, car ce n’est pas juste, tu n’y as pas droit, toi, tu rends des comptes, à ton patron, au Trésor Public, à l’Etat tout court, bref, tu as très envie de rouler toute cette famille dans des plumes et du goudron.

Pendant ce temps, le monsieur pète les tympans de tout le monde en clamant que tout cela est légal, que ce ne soit pas moral, c’est un autre débat que personne ne veut tenir.

Alors qu’est ce qui t’énerve le plus, ami lecteur, qu’elle soit doublement payée à rien foutre, ou que les décideurs se soient arrangés des lois pour profiter tranquillement du système ?

Et toi, petit lecteur, qu’aurait-tu fait à leur place ?

Tu aurais dit non ? Regarde-moi droit dans les yeux. On te propose de gagner du fric sans bouger ton fion du canapé (oui je sais, elle était facile, celle-là, mais bon, c’est dimanche), tout en restant dans la légalité, et tu dis non ? Je n’y crois pas une seule seconde, et toi non plus, d’ailleurs.

Toute cette histoire est un faux problème.

Alors c’est sûr, tu n’as pas envie d’aller voter pour quelqu’un qui te demande de te serrer la ceinture pendant que tes impôts servent à rémunérer les emplois fictifs de sa femme et de ses gosses. Tu te dis aussi que tu ne sais pas comment tu aurais agi à sa place puisque tu n’y seras jamais. Tu as bien conscience aussi que, si tu étais journaliste d’investigation sans peur et archi motivé, tu découvrirais ce type de dossier chez à peu près tous ceux qui briguent ou qui ont le pouvoir. Tu vois donc bien que désormais nous sommes revenus à ce sport national très en vogue pendant la 2e guerre, qui est une variante d’un classique, « Jacques le délateur a dit ». On ne cherche plus à s’améliorer soi-même car on est trop concentré à dénigrer celui qui peut nous faire de l’ombre. À chaque présidentielle désormais, nous aurons un candidat crucifié, qu’on finit un jour par trouver sympathique, alors qu’on a fourni les clous et le marteau. Mais c’est le nouveau jeu des médias ma pauvre Janine, tout se cassant la tronche par ailleurs, il faut relayer au milluple toute info susceptible de faire une audience quelconque, même si elle refoule un peu du goulot comme un poney.

Mais ne te méprends pas, ami lecteur. Personnellement, je n’ai aucunement l’ambition de réhabiliter François et Pénélope, ils ont bien profité du pot de confiture public, sans me proposer un programme qui réveille ma fibre citoyenne et qui m’annonce surtout fortement une vie de récession où je n’irai plus au restaurant et où toutes mes courses seront faites dans un hard discount.

Alors ami lecteur, je ne saurai que trop te recommander cette semaine de garder ton discernement et d’arrêter de te plaindre, si tu ne fais rien pour changer les choses. Tu as toujours ton droit de vote. Sers-t’en… Regarde autour de toi, certains essaient de changer les choses. Aurélie Barbot fait une grève de la faim car il est plus rentable pour elle de ne pas travailler alors qu’elle aime ce qu’elle fait. Evidemment, l’info est récupérée par un journal à tendance de droite, qui a intérêt à dénigrer la politique sociale qui est traditionnellement de gauche. Ce qui est certain, c’est qu’Aurélie, elle, ne fait pas un régime pour rentrer dans un jean qu’elle ne peut de toute façon pas s’acheter.

Donc si comme moi, ami lecteur, tu prends de l’ibuprofène tellement tu ne sais plus qui manipule qui, demande-toi toujours qui a le plus à gagner dans chaque événement : et comme d’habitude, ce n’est jamais toi, au moins tu commenceras à réfléchir en toute autonomie. Et peut-être un jour prochain, n’auras-tu plus envie de cautionner, par ton inertie de méduse, un système dont tu ne fais pas partie et qui ne sert que lui-même.

Je me retourne moi-même ce compliment, cher ami lecteur, et pars aussitôt à la recherche de mon cerveau, que j’espère retrouver avant les élections.

Alors ouais, arrêtez de chialer, Pénélope et François, et souvenez-vous de ce dicton, qui est pourtant une règle de base : on ne peut pas avoir le gel lubrifiant, l’argent du gel lubrifiant, et le cul refait de la stripteaseuse.

À la semaine prochaine !

Prends ton ticket pour les primaires

Tu laisses de côté l’actualité pendant deux semaines, et tout se passe comme dans un épisode des Feux de l’Amour : quand tu reprends, t’as rien loupé. L’action s’étire à l’infini, dans des plans floutés accompagnés par une musique d’ascenseur qui te fait prendre conscience que Richard Clayderman n’a que 62 ans et vit toujours.

Juge un peu de la qualité du scénario : un attentat près de Bagdad revendiqué par l’EI, une réforme du code du travail de droite par une ministre dépressive de gauche qui ne sait pas combien de fois on peut renouveler un CDD, des éleveurs en colère sifflant le président et enfarinant le stand Charal, que du vieux, que du déjà vu, il suffit de couper-coller de vieux éditos en changeant les noms, ça ne me donne pas envie d’écrire, tout ça.

Heureusement, il y a toujours moyen de s’amuser quelque part puisque la politique est là pour ça (ça fait longtemps qu’on a compris qu’elle n’était pas là pour notre bien commun).

Le jeu de la semaine, c’est : connais-tu tous les candidats à la présidence de 2017 ?

Rien qu’à droite, ça donne le tournis : Juppé ; Sarkozy ; Fillon ; Copé ; Le Maire ; Bertrand ; Estrosi ; Morano ; Mariton ; Poisson ? Et Bayrou ? Et Marine ?

A gauche, on ne sait pas trop : pendant qu’Hollande va trafiquer les chiffres du chômage pour faire croire à une baisse et pouvoir se présenter sans avoir l’air encore plus ridicule que, au hasard, pendant son speech sur Léonarda, Valls, Aubry, Montebourg et Macron sont sur les starting-blocks pour proposer le renouveau de la gauche : cent ans qu’on les voit partout sauf peut-être Macron, tu vois difficilement comment faire du neuf avec du vieux.

Encore une fois, tu as envie de ressortir les dossiers casserole de chacun afin qu’on puisse bien se rendre compte à quel point pour faire de la politique, tu dois être totalement éhonté et avoir le sens moral débridé : exemples : Alain Juppé, condamné en 2004 à 14 mois de prison avec sursis et à une peine de 10 ans d’inégibilité pour abus de confiance ( !), recel d’abus de bien sociaux, et prise illégale d’intérêt. Pour mémoire, le gars est actuellement le candidat favori de la droite (et nous les électeurs, un banc de poissons rouges, deux secondes de mémoire vive).

Nadine Morano, en 2012, alors Ministre de l’Apprentissage, rentre pour le weekend en Lorraine depuis Paris, et se fait escorter par la Police jusqu’à l’Aéroport pour utiliser un avion de la République. En remontant une avenue parisienne à contresens, un motard de l’escorte renverse un piéton : bilan, deux jours de coma pour la victime.

Marine Le Pen, condamnée en 2008 pour diffamation.

Copé, mouillé dans l’affaire Bygmalion jusqu’au cou, Sarkozy, mis en examen dans le même dossier pour financement illégal de campagne (2016), pour corruption active et trafic d’influence (2015), sans compter les multiples enquêtes en cours pour « favoritisme », « détournement de fonds publics » pression sur le Sénat belge pour permettre la signature de contrats avec le Kazakhstan, financement occulte de campagne par le biais de rétrocommissions présumées, et j’en passe, un vivier, cet homme.

Arnaud Montebourg, condamné pour injures publiques et pour avoir porté atteinte à la présomption d’innocence.

Manuel Valls, qui pour l’instant s’en tire sans trop de dossier, est tout de même parti en Falcon (15000 € l’escapade) assister à Berlin à la finale de la Ligue des Champions, tout comme Christian Estrosi parti à Washington une journée en jet privé (138000 €) ou encore François Fillon qui fait ses Paris-Le Mans-Grenoble en jet ou hélico (34000 €) ses weekends dans la Sarthe en Falcon (27000 €) et bat les records pour la campagne des régionales de 2010 (300000 €), et cette liste n’est pas exhaustive…

Le truc, c’est que dès que tu googlise le nom de l’un ou de l’autre, tu trouves des dossiers pas clairs à l’infini. Tu peux faire des listes à faire flipper la généalogie de Jésus dans l’ancien testament, et ce qui te fait plus peur que tout, c’est que celui qui n’a rien, c’est Hollande…

Tu te retrouves donc comme d’habitude face à un questionnement insoluble (quel critère pour voter ? la taille du casier judiciaire ? le programme qui ne sera pas suivi ? le couturier qui habille le candidat ?), et tu te souviens qu’aux précédentes élections, tu étais prête à voter pour un pervers libidineux simplement parce qu’il était fort en économie.

Alors tu vas plutôt te réjouir d’un autre vote : celui des Oscars, qui ont (enfin) récompensé Léonardo Di Caprio. Une telle persévérance méritait bien une statuette, d’autant qu’il aurait bien fini par atteindre les limites de ses performances, à force de les repousser. Et puis comme la politique, ce n’est finalement que du cinéma, on se prend à espérer qu’il y en aura bien un, finalement, qui méritera qu’on vote pour lui. Un qui sera davantage préoccupé par le bien de l’œuvre commune que par le bien-être de son compte en banque.

Et comme l’espoir fait vivre surtout quand l’herbe est moins verte chez le voisin, nous allons surtout nous réjouir cette semaine ami lecteur, que Donald Trump soit américain, car pour une fois, le candidat le plus flippant n’est pas chez nous. C’est juste qu’en cas de dîner de cons, la France, pourtant fortiche, ne gagnera pas cette fois-ci.

Mais pour une fois, on ne va pas s’en plaindre !

A la semaine prochaine !

Votez pour ma terrasse

A la veille des fêtes et entre deux attentats, juste avant de racler mes fonds de poche pour acheter des cadeaux avec les misérables piécettes que le fisc m’a généreusement laissées, j’ai voté dimanche dernier pour que rien ne change, ce qui est particulièrement flippant, mais encore plus quand on regarde l’alternative proposée.

Pour faire barrage au FN, de nombreux candidats ont appelé à voter pour l’opposition, voire renoncé à se présenter. C’est beau, l’union fait la force, etc. Mais concrètement, ça veut dire quoi : que les convictions et les programmes peuvent être interchangeables, selon le cas. On se croirait dans la pub Volkswagen avec la couleur « blouge ». On est face à la « droiche » ou la « gaute ». Que quelqu’un rappelle l’architecte, il faut repenser la configuration de l’hémicycle.

Et d’ailleurs, savez-vous vraiment pour qui et quoi vous votez ?

Personnellement, je suis allée voter aux deux tours, par principe, parce que c’est un droit inaliénable, c’est à moi. Au premier tour dans l’isoloir, c’était retour vers le futur : je me suis sentie aussi stupide que devant un QCM de physique quantique en terminale. Je ne savais pas quoi mettre dans l’enveloppe. Je ne me pensais pourtant pas plus bête qu’une autre, jusque-là. Je regarde les infos et les candidats s’exprimer. Mais globalement, un discours politique est en bois et ne parle de rien.

Je suis allée lire les diverses propositions des candidats, qui sont aussi floues que les photos de David Hamilton dans les années 70, mais beaucoup plus ennuyeuses. Ça doit d’ailleurs être fait exprès, pour ne pas que tu votes pour des idées mais pour une personne.

Alors voyons un peu ces gens qui se présentent : Claude Bartolone, par exemple, candidat malheureux en Île-de-France qui remet son mandat de président de l’Assemblée en jeu en cas de défaite, mais pas en démissionnant, mais en le « remettant à la disposition du président du groupe socialiste ». Sans déconner, si un jour je passe aux assises, je demanderai à mon cousin et à ma meilleure amie d’être les jurés, tant qu’à faire.

Donc en gros, un peu comme chaque semaine, en voilà un de plus qui me prend pour une volaille.

Et moi, quand on me prend pour une pintade, j’ai envie d’en savoir plus. Mon ami Google me parle alors de l’affaire de la terrasse de ce monsieur, de la probable collusion avec l’architecte, et du cahier des charges magique concernant la terrasse, à savoir, que la façade fasse pauvre. Que ce monsieur ait une jolie maison, grand bien lui fasse. Mais qu’il refuse de jouer le jeu de la transparence patrimoniale (souvenez-vous, son opposition à l’obligation de publication du patrimoine, merci Jérôme Cahuzac), ça rend tout de suite suspect.

En effet, ces mêmes personnes vont par la suite m’expliquer comment je dois me serrer la ceinture et augmenter mes impôts.

Et je me dis : la sphère politique a perdu la tête, et le pire, c’est qu’elle n’en a même pas honte, du moment qu’elle ne fait pas la une. Ce n’est pas une spécialité de gauche, cela dit, le très honnête Copé, qui rappelons-le, s’est même vu offrir des prestations de son mariage par des clients de Bygmalion, en plus du reste, et qui après avoir vomi le germano-pratinisme, y vit désormais (y a que les volailles qui ne changent pas d’avis). Vive la droiche.

Est-il normal de raconter n’importe quoi aux journalistes et par conséquent, au public ?

Il semblerait que oui, et mettre les bras jusqu’au coude dans le pot de confiture aussi.

La députée Sylvie Andrieux, condamnée pour détournement de fonds publics, continue de voter des lois : elle garde le cul bien vissé sur son siège, malgré une peine d’un an ferme de prison et 5 ans d’inégibilité. Et pour cause : elle vote tout le temps et en faveur du gouvernement…

Que dire alors du secrétaire d’Etat « pop-up », Thomas Thévenoud, atteint de « phobie administrative », certes lui exclu, mais jamais poursuivi en justice ?

Que se passerait-il si moi, contribuable lambda, je ne payais pas mes impôts ou si je détournais des fonds publics ?

Je ne bénéficierais certes pas de tels passe-droits.

Mais la vie est injuste.

Heureusement, de jolies mesures sont à l’étude, comme celle de Michel Sapin, visant à rémunérer les délations fiscales. Comme quoi, la classe politique essaie de rendre ses électeurs aussi moches qu’elle.

Car assurément, les dénoncés de l’hémisphère ne seront jamais inquiétés.

Alors quel est le pouvoir de mon bulletin de vote ?

Comment dois-je voter ?

Je m’en vais répertorier les divers scandales et demander un extrait de casier judiciaire : je pense que cela réduira considérablement mes choix.

Et encore : je finirai probablement par ne plus voter que blanc, car attendre un politique honnête, c’est un peu comme attendre le prince charmant ou le père Noël : on sait tous que cela n’existe pas.

Je m’en retourne donc à mon austérité, et à ma terrasse à moi, qui n’a certes pas la même gueule que celle du président de l’Assemblée, mais au moins, le cul qui s’y pose n’a rien à se reprocher.

Et ça, ça n’a pas de prix, ami lecteur ! A la semaine prochaine !!!

http://agencerva.com/index.php/projets/projet/les-lilas#prev