Prends ton ticket pour les primaires

Tu laisses de côté l’actualité pendant deux semaines, et tout se passe comme dans un épisode des Feux de l’Amour : quand tu reprends, t’as rien loupé. L’action s’étire à l’infini, dans des plans floutés accompagnés par une musique d’ascenseur qui te fait prendre conscience que Richard Clayderman n’a que 62 ans et vit toujours.

Juge un peu de la qualité du scénario : un attentat près de Bagdad revendiqué par l’EI, une réforme du code du travail de droite par une ministre dépressive de gauche qui ne sait pas combien de fois on peut renouveler un CDD, des éleveurs en colère sifflant le président et enfarinant le stand Charal, que du vieux, que du déjà vu, il suffit de couper-coller de vieux éditos en changeant les noms, ça ne me donne pas envie d’écrire, tout ça.

Heureusement, il y a toujours moyen de s’amuser quelque part puisque la politique est là pour ça (ça fait longtemps qu’on a compris qu’elle n’était pas là pour notre bien commun).

Le jeu de la semaine, c’est : connais-tu tous les candidats à la présidence de 2017 ?

Rien qu’à droite, ça donne le tournis : Juppé ; Sarkozy ; Fillon ; Copé ; Le Maire ; Bertrand ; Estrosi ; Morano ; Mariton ; Poisson ? Et Bayrou ? Et Marine ?

A gauche, on ne sait pas trop : pendant qu’Hollande va trafiquer les chiffres du chômage pour faire croire à une baisse et pouvoir se présenter sans avoir l’air encore plus ridicule que, au hasard, pendant son speech sur Léonarda, Valls, Aubry, Montebourg et Macron sont sur les starting-blocks pour proposer le renouveau de la gauche : cent ans qu’on les voit partout sauf peut-être Macron, tu vois difficilement comment faire du neuf avec du vieux.

Encore une fois, tu as envie de ressortir les dossiers casserole de chacun afin qu’on puisse bien se rendre compte à quel point pour faire de la politique, tu dois être totalement éhonté et avoir le sens moral débridé : exemples : Alain Juppé, condamné en 2004 à 14 mois de prison avec sursis et à une peine de 10 ans d’inégibilité pour abus de confiance ( !), recel d’abus de bien sociaux, et prise illégale d’intérêt. Pour mémoire, le gars est actuellement le candidat favori de la droite (et nous les électeurs, un banc de poissons rouges, deux secondes de mémoire vive).

Nadine Morano, en 2012, alors Ministre de l’Apprentissage, rentre pour le weekend en Lorraine depuis Paris, et se fait escorter par la Police jusqu’à l’Aéroport pour utiliser un avion de la République. En remontant une avenue parisienne à contresens, un motard de l’escorte renverse un piéton : bilan, deux jours de coma pour la victime.

Marine Le Pen, condamnée en 2008 pour diffamation.

Copé, mouillé dans l’affaire Bygmalion jusqu’au cou, Sarkozy, mis en examen dans le même dossier pour financement illégal de campagne (2016), pour corruption active et trafic d’influence (2015), sans compter les multiples enquêtes en cours pour « favoritisme », « détournement de fonds publics » pression sur le Sénat belge pour permettre la signature de contrats avec le Kazakhstan, financement occulte de campagne par le biais de rétrocommissions présumées, et j’en passe, un vivier, cet homme.

Arnaud Montebourg, condamné pour injures publiques et pour avoir porté atteinte à la présomption d’innocence.

Manuel Valls, qui pour l’instant s’en tire sans trop de dossier, est tout de même parti en Falcon (15000 € l’escapade) assister à Berlin à la finale de la Ligue des Champions, tout comme Christian Estrosi parti à Washington une journée en jet privé (138000 €) ou encore François Fillon qui fait ses Paris-Le Mans-Grenoble en jet ou hélico (34000 €) ses weekends dans la Sarthe en Falcon (27000 €) et bat les records pour la campagne des régionales de 2010 (300000 €), et cette liste n’est pas exhaustive…

Le truc, c’est que dès que tu googlise le nom de l’un ou de l’autre, tu trouves des dossiers pas clairs à l’infini. Tu peux faire des listes à faire flipper la généalogie de Jésus dans l’ancien testament, et ce qui te fait plus peur que tout, c’est que celui qui n’a rien, c’est Hollande…

Tu te retrouves donc comme d’habitude face à un questionnement insoluble (quel critère pour voter ? la taille du casier judiciaire ? le programme qui ne sera pas suivi ? le couturier qui habille le candidat ?), et tu te souviens qu’aux précédentes élections, tu étais prête à voter pour un pervers libidineux simplement parce qu’il était fort en économie.

Alors tu vas plutôt te réjouir d’un autre vote : celui des Oscars, qui ont (enfin) récompensé Léonardo Di Caprio. Une telle persévérance méritait bien une statuette, d’autant qu’il aurait bien fini par atteindre les limites de ses performances, à force de les repousser. Et puis comme la politique, ce n’est finalement que du cinéma, on se prend à espérer qu’il y en aura bien un, finalement, qui méritera qu’on vote pour lui. Un qui sera davantage préoccupé par le bien de l’œuvre commune que par le bien-être de son compte en banque.

Et comme l’espoir fait vivre surtout quand l’herbe est moins verte chez le voisin, nous allons surtout nous réjouir cette semaine ami lecteur, que Donald Trump soit américain, car pour une fois, le candidat le plus flippant n’est pas chez nous. C’est juste qu’en cas de dîner de cons, la France, pourtant fortiche, ne gagnera pas cette fois-ci.

Mais pour une fois, on ne va pas s’en plaindre !

A la semaine prochaine !