Expérience : j’ai participé à un atelier sushis aux Caves Byrrh et j’ai bien riz

Cher ami lecteur, ça faisait un moment que tu n’avais pas eu de mes nouvelles ici, mais pour te prouver que je vais bien et que je fais plein de choses très très intéressantes, je vais aujourd’hui partager avec toi mon retour sur ma participation improbable à un atelier sushi .

On ne va pas se mentir, ça fait quelques années que j’ai abandonné toute motivation concernant le fait de cuisiner (et de repasser aussi… Concernant le ménage, j’ai investi dans des appareils sophistiqués me permettant de réduire l’effort à son strict minimum).

Mais il est de notoriété publique (enfin, mes amis le savent, quoi) que j’aime bien les manger. Le projet n’était donc pas complètement incohérent (comme aurait pu l’être par exemple, un atelier raclette). En plus, j’étais supposée arriver plus tôt pour visiter les Caves Byrrh. Malgré l’image un peu vieillotte du breuvage que je n’avais jamais goûté d’ailleurs, je me dis que ce serait dommage d’être aux japonais absents.

Alors les Caves Byrrh, cher ami lecteur…

QUELLE CLAQUE !

C’est inimaginable un tel patrimoine, mis en valeur par une vraie guide (passionnée) et un guide en hologramme, des sons et lumières dignes d’un spectacle de Jean-Michel Jarre, du mapping excellent, des cuves spectaculaires, c’est la Guerre des Etoiles, bref, je ne savais même pas que cela existait, et encore moins aussi près de chez moi… Et pourtant, Dieu sait qu’il m’en faut pour être impressionnée, je travaille pour une boîte qui fait de la réalité augmentée…

Les Caves Byrrh, un trésor caché

L’entrée pleine de promesses des Caves Byrrh… et les promesses sont tenues !

Bon, me diras-tu cher ami lecteur, c’est à quel moment qu’on rigole, et ta demande est parfaitement légitime. Aucun sushi à se faire, ça arrive, et les trois différents Byrrh que j’ai goûtés y contribuent largement (j’aurais d’ailleurs volontiers approfondi la dégustation). Donc nous voilà dans une cuisine somptueuse (bois, acier et carreaux portugais) avec le chef Blaise Bretonnet des Toques Blanches du Roussillon, très à l’aise et très sympa. Les explications très claires, le thon est libre, ça va être facile.

 

Bon, je ne sais pas si c’est l’effet du Byrrh, mais le gars préconise de rincer 7 fois le riz. Sérieux ? Qui rince le riz 7 FOIS ? Ça fait un peu rite vaudou avec le chiffre magique hein, pas 6, ni 8, mais 7. Je jette de rapides coups d’oeil aux participants, mais tout le monde a l’air de trouver ça normal. Encore une chose dont je vais devoir répondre au Jugement Dernier, puisque je n’ai jamais – JAMAIS – rincé de riz de ma vie entière. Je note pour plus tard de demander à l’Oncle Bens si quelqu’un rince le riz des sachets ?

Une fois que tu as assaisonné le riz (avec une préparation contenant un demi kilo de sucre, vite de l’insuline) et retenu un ou deux hoquets au Byrrh, tu commences les découpes, et là même sans oignons, tu pleures. Que ce soit le poisson, la mangue, l’avocat ou le concombre, mes morceaux ne ressemblent jamais à rien. J’ai mis des gants de ménage non pas pour faire un toucher rectal au saumon à l’aide du concombre mais pour ne pas que mes mains refoulent la mer et que des particules se logent sous mes ongles. Bien m’en a pris, puisque pour éviter que le riz ne colle, tu dois tremper tout le temps tes doigts dans de l’eau vinaigrée qui pue. Un coup d’oeil discret sur la jolie rangée de saumon bien régulière de ma voisine m’informe que la mienne ressemble à des grumeaux en motte à côté.

Pendant ce temps, le chef raconte plein d’anecdotes super sympas qui te font clairement comprendre que tu ne seras jamais un grand maître sushi, expert ne laissant jamais flotter un grain de riz nulle part (ni dans l’eau qui pue ni dans la sauce de soja lesquelles sont dans mon cas d’informes bouillasses mi-solides, mi-liquides).

Je commence  à avoir très faim. En douce, je goûte un morceau d’à peu près tout ce que j’ai coupé, mais les morceaux les plus moches, hein ! Attention… (Sauf qu’ils sont tous moches, je dois donc m’arrêter par la seule force de ma volonté, ce qui, à ce stade, est très compliqué).

Ensuite je roule mes premiers makis, ils sont ma foi nippons ni mauvais. Le riz est concentré d’un côté au lieu d’être régulièrement réparti, le saumon et le concombre sont collés à l’algue, mais si j’appuie le sachet d’algues sur le côté, ça ne se voit pas trop.

Puis j’attaque les nigiri, ce bout de poisson collé à une boule de riz.

Evidemment, mes boules de riz tiennent plus du paquet, et mon saumon est tellement mal découpé que je suis obligée de colmater avec deux morceaux. Ça ne fait pas pro du tout, mais comme la charmante Responsable Com des Vignobles Terrassous vient de nous servir un verre de la très bonne Réserve Blanc, je les vois flous et ça ne me choque pas, en fait. Terrassous

J’ai tellement faim que je commence à m’auto-digérer.

J’ai quand même rempli 3 barquettes à emporter. Ils ne sont pas aussi jolis que ceux des restaurants, mais je suis quand même fière comme Artaban, et quand on les a mangés (les trois barquettes à deux) en toute objectivité, c’était les meilleurs sushis du monde ! Cher ami lecteur, je te recommande donc chaleureusement mon expérience, qui, si elle était riche en sulfites, était une excellente surprise à tous niveaux.

Arigato au chocolat, et à la prochaine, cher ami lecteur, si mes Sushi-Vannes ne t’ont pas tué avant, ou pire, si un « Rageux des blagues de merde » de Topito ne m’a pas occise…

(PS : Un énorme merci à Aurélie, Vanessa et Albe, aux photographes (mon boss Philippe, Albe et Aurélie), au chef et au saumon qui est mort pour l’occasion)

rpt

Merci à Albe, Aurélie et Vanessa, à mon boss Philippe, au chef et à Apple

« Et comment, tu n’as pas d’enfant ? »

« Une belle fille comme toi, et toujours célibataire ? #2 »

Cher ami lecteur, je t’ai raconté au début de l’été la foire aux pénibles qui te demandent encore et encore comment ça se fait qu’avec ton physique pas dégueu, ta bonne humeur et ton humour sympa, tu ne sois pas en couple, et surtout comment tu as réussi à te retenir de leur jeter n’importe quel liquide dans la tronche. Hé bien, sache que, dans l’exploration de la lourdeur conversationnelle, tout de suite après il y a la question du titre.

Celle qui fait de toi, infâme nullipare, un mutant tout noir à l’intérieur. Ou un fruit sec, au choix.
Non, parce que comment, en tant que femme (feeeeemmme simplement j’te diiiis) tu n’aies pas ressenti ce besoin irrépressible de remplir ton rôle sur terre et produire un chiard (au moins un).

Je n’ai donc pas d’enfant.

L’horloge biologique, cette menace totalement sexiste, n’égrène un compte à rebours que pour les amies lectrices, n’est-ce pas Mick (Jagger, père pour la 8e fois à 73 ans) ? Donc je devrais être en train de m’inquiéter sérieusement.
De toute façon, ça fait belle lurette que les statistiques font de moi un objet obsolète, une voiture qui roule mais qui n’est plus cotée à l’argus. Dès que tu passes 35 ans, tu bascules dans la population des grossesses à risque, on te répète à longueur de temps que tu aurais dû t’activer avant, pendant que Mick, la veille de sa mort, peut, s’il le souhaite fabriquer un dernier moutard pour la route et repeupler tout un quartier de Londres à lui tout seul, puisque Papa was a Rolling Stone.

Déjà donc, au démarrage, avant même d’avoir pu me poser ne serait-ce que la question, la vie est injuste : je dois me dépêcher, pendant qu’un homme peut, lui prendre tout son temps et attendre la maturité nécessaire pour avoir l’envie de procréer et d’élever sa progéniture. Et toutes les associations pro féministes n’y pourront rien changer, il y a un défaut de fabrication à la base chez le concessionnaire.

Mais mettons que l’urgence biologique ne soit pas un problème. Tout le monde me pose la question comme si j’avais une tare cachée, ou qu’un événement sournois et traumatisant me soit survenu (fausse couche de Grey’s Anatomy, viol de New-York Unité Spéciale, etc.) À la limite, munie d’une bonne raison de cet ordre, je pourrais avancer fièrement une position aussi provocante et transgressive que : « je ne veux pas d’enfant » (ce qui n’est pas le cas, au moins je ne me ferai pas traiter de « connasse égoïste » cf. la tribune de Garance Doré). Sans l’excuse d’un choc physique ou psychologique, on me regarde comme si je disais que je n’aimais pas les chiots ou les chatons : sacrilège. Limite si on ne me glisse pas la carte de visite d’un psy pour me remettre les idées en place.

Le truc, c’est que parfois, tu ne maîtrises pas tous les tenants et aboutissants de ta vie, et que les situations où tu aurais pu te reproduire ne te paraissaient pas assez satisfaisantes pour le faire. La seule chose dont j’ai toujours été certaine, c’était de ne pas vouloir un enfant à tout prix à élever toute seule, même si je respecte parfaitement les besoins de maternité de mes amies qui ont fait ce choix-là.
Ce n’est pas pour autant que je sois dépourvue d’instinct maternel, je ne suis ni traumatisée, ni folle ou psychiquement déficiente.

Alors, ami lecteur, sauf si tu as le goût du risque, ne viens pas te faire tarter par ma main avec ta question débile. Je ne te demande pas pourquoi tu perds tes cheveux, ni pourquoi tu as grossi. Il y a des choses qui sont comme ça, on n’y peut rien.

Et je dois t’avouer que la tentation est grande de te répondre « je suis stérile ».
Juste pour te mettre mal à l’aise, et que tu réfléchisses à deux fois avant de balancer n’importe quoi n’importe comment, même si c’est la mode, via un hashtag au napalm, ou plus courageusement, directement dans ma gueule.
Mais j’ai trop de respect pour les femmes stériles pour le faire.
Car elles n’ont pas choisi, alors que moi, j’ai toujours eu quelques options à portée d’ovaires.

Cependant, il y a de la place pour toutes en ce monde, sans que les unes et les autres soyons obligées de nous farcir le « bon sens » de celles et ceux qui ne sont pas comme nous.

En somme :
– la maternité n’est pas le seul avenir possible pour une femme, ni la cuisine son seul lieu de vie ;
– élever un enfant est difficile, voire relou, et il est bien tentant de vouloir que tout le monde soit dans le même bateau ;
– ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’enfant qu’on a été kidnappée et remplacée par un alien.

Alors cher ami lecteur, en 2018, faisons un vœu : celui de ne pas trouver bizarres des choses qui ne le sont finalement pas.
Il suffit juste de s’essuyer les lunettes avec un peu de tolérance : on y voit mieux et il se pourrait même qu’on en devienne un tout petit peu moins con.

À la semaine prochaine !

Danser-le-hip-hop-après-40-ans

Commencer une activité de djeun’s après 40 ans

Cher ami lecteur, après t’avoir fortement conseillé d’éviter certaines activités qui nuiront à ta crédibilité comme l’air guitar ou le sport-stacking, je me sens le devoir de te mettre aussi en garde face à la tentation de croire que, parce que les gens ne te donnent pas ton âge, tu peux faire tout et n’importe quoi comme si tu étais encore le teen-ager que tu n’es plus (depuis fort longtemps).

En l’occurrence, je vais partager avec toi mon expérience personnelle, survenue probablement d’avoir trop visionné la série Younger, où une quadra fraichement divorcée à New-York fait croire qu’elle a 14 ans de moins pour décrocher un job. Evidemment, comme elle y arrive puisque c’est une série où les RH ne vérifient pas le numéro de sécu, (et surtout qu’elle se tape un tatoueur de 20 balais avec des abdos de 20 balais) je me suis plu à penser que la pensée est créatrice, et qu’avoir une volonté de fer te propulse vers l’atteinte de n’importe quel objectif.

Je me suis donc inscrite à un cours de hip-hop.

Réactions de mon entourage : « Mais pourquoi ? » « Mais t’écoutes même pas cette musique ! » « Et tu vas tourner sur la tête et tout ? » « T’as craqué ? », bref, j’ai eu un encouragement sur une cinquantaine de silences désolés, de rondeur d’œil à se péter les orbites, donc un seul « c’est cool » mais avec le recul, je ne suis plus totalement certaine de l’écoute de ma copine à ce moment-là.

Je vais quand même répondre à la question du pourquoi.

Après avoir assisté à un cours de danse de Mia Frye, ça m’a « fait un trou dans ma life ». J’ai donc cherché un cours de street-jazz sur Perpignan, sans succès. Le hip-hop est ce que j’ai trouvé de plus approchant, et là non plus, ça n’a pas été simple, car les écoles à Perpignan ne cherchent pas d’élèves : sur 10 messages laissés, une seule m’a rappelée, et j’y suis restée.

Bonne ambiance, bon choix de morceaux, prof sympathique et sautillant : ça avait l’air bien. Mes amies danseuses m’ayant dit : tu verras, sois patiente, on progresse par paliers, je me suis dit, bon ben y a plus qu’à venir aux cours et le moment viendra.

Sauf qu’il semble que cette règle ne soit pas valable pour les quadras et plus.

Tu viens, tu galères, et la fois d’après tu continues de galérer.

Techniquement, comment ça se passe ?

Le prof te fait écouter la musique de l’enchainement. Ensuite il décompose les premiers pas lentement sans musique et tu les recommences avec lui plusieurs fois. Jusque-là tu gères.

Les ennuis commencent quand il met la musique.

ÇA VA BEAUCOUP TROP VITE.

Tes bras, tes jambes, rien ne suit. Mais tu essaies quand même, ton cerveau leur envoie aussitôt un ordre direct : « On bouge ! MAINTENANT !!! »

Du coup, tes bras et tes jambes affolés partent n’importe où, tu ne te rappelles d’aucun des mouvements qui viennent ensuite, et te voilà en train d’essayer d’imiter pathétiquement la super danseuse du premier rang, avec trois temps de retard.

Et à chaque fois que tu recommences, au lieu de t’améliorer, tu régresses.

Ça bourdonne dans tes oreilles, probablement parce que tu fais de l’hypertension due au stress (et à ton âge). Tu oublies tout, les pas, que tu es ici pour le plaisir, pour danser, non, toi tout ce que tu sais c’est que tu ne sais plus quel est ce fumier de prochain mouvement, et c’est ainsi que tu attends la fin du cours au bout du rouleau, en te demandant, un an plus tard, où est ce putain de palier après lequel tu galères moins.

Et c’est là que ton prof, qui s’ennuie un peu avec les cours de débutants, décide de mettre un peu de harissa dans le plat, et passe à des chorégraphies sur deux semaines au lieu de trois.

Et là, tu n’es plus qu’un long sanglot à l’intérieur.

Déjà que tu étais la Dory des chorés, là seul un miracle de Lourdes peut te sauver de la lose de la dernière ligne, celle qui regroupe les gens qui n’y arrivent pas (mais mieux que toi quand même).

Et histoire de m’achever, je surprends la conversation entre deux des fille(tte)s de mon cours : « moi cette année, je ne ferai pas le gala, je ne veux pas me mettre en danger pour le bac ».

Tu crois que tu ne peux pas tomber plus bas et moins à-propos ? Détrompe-toi, ton karma est ingénieux. C’est là qu’il choisit de te faire croiser ton ancienne collègue, charmante, branchouille et hyper-sympa, qui vient chercher sa fille, qui est à ton cours…

C’est à cet instant précis que j’ai entendu le jingle-fanfare pour la blague du jour, et que ma dignité m’a collé un arrêt maladie sans terme précis.

Je ne sais pas quand elle reviendra, mais tant que je continuerai à faire un mouvement sur trois dans un cours où la plupart des participantes pourraient être ma fille, je pense que je n’aurai aucune nouvelle.

Le truc c’est que, quand j’arrive à faire plus de 5 mouvements d’affilée, je suis tellement contente, que je crois que je vais persévérer encore un peu.

Que veux-tu, ami lecteur, la seule vraie certitude, c’est que le ridicule ne tue pas.

Et ça, c’est le laisser-passer pour la liberté : celle de danser comme une quiche.

Danser rend heureux.

Fais ce qui te plait même si tu n’es pas tout à fait au top, tu n’as qu’une vie.

N’attends pas !

 

À la semaine prochaine !

 

« Une belle fille comme toi, et toujours célibataire ? »

Cher ami lecteur, aujourd’hui je ne vais pas te parler des législatives dont tout le monde se fout un peu puisque tout le monde était à la plage au lieu des urnes dimanche dernier (plus grosse abstention depuis 1958) et y sera encore probablement au second tour. Je ne te parlerai pas non plus de la moralisation de la classe politique, sauf si tu veux qu’on se marre un bon coup, mais rire quand on n’est pas ensemble c’est quand même moins fun.

Non, aujourd’hui je ne vais pas (encore !) râler, mais un peu quand même.

Pourquoi dès que je te croise, ami et sympathique lecteur, tu me poses systématiquement cette question qui nous donne à tous et toutes, nous autres pestiféré(e)s célibataires, des sueurs froides. Mais pas celles que tu crois : celles de l’effort que nous faisons pour ne pas te coller une droite, parce qu’on t’aime bien.

C’est la question du titre, et comme mon oreille n’en peut plus de l’entendre, je refuse de la réécrire.

Mais comme je peux comprendre que, si tu demandes, c’est que ça te turlupine, parce que c’est quand même vrai qu’il y a pire que moi sur le marché, je vais d’abord t’éclairer sur le sous-texte de cette question pernicieuse : « étant donné ton physique, c’est quoi le problème avec toi ? »

Bah oui, il existe une véritable discrimination anti-célibataires, qui part du principe que, si tu n’es pas trop moche, il n’est absolument pas normal que tu ne sois pas en couple puisque c’est l’aboutissement ultime, le bonheur n’est pas dans le pré, mais dans le chiffre 2 et la pub Ricoré. D’ailleurs, sache que les célibataires sont beaucoup moins invités aux repas, soirées etc., on ne sait jamais des fois que ce soit contagieux.

C’est mathématique, nous avons tort : 1 c’est moins que 2.  Le célibat, c’est mal !

Nous sommes donc obligés soit de sortir avec d’autres célibataires (l’avantage c’est qu’on peut sortir des vannes sur la fidélité sans être lourds), soit de déployer des trésors d’inventivité et de savoir-faire inédits pour se faire inviter par les coupleux quand même (blagues en gros stock, savoir politique, veille actu, commentaires sportifs, astrologie, numérologie, tarots, médiumnités diverses… Avoir des amis célèbres serait pas mal aussi, mais malheureusement, cela reste assez compliqué en province).

Personnellement, ce n’est pas que je ne veuille pas être en couple, comme tu dis si bien. Non, c’est juste que je ne souhaite pas y être à n’importe quel prix.

Je m’explique.

L’idée de sortir avec quelqu’un qui ne me plaît pas juste pour ne pas être seule ne m’emballe pas du tout (et inversement, je souhaite plaire et non pas combler la solitude de quelqu’un) du coup tu me traites, ami lecteur, de difficile, alors que je fais juste gagner du temps à tout le monde.

Difficile, je t’en foutrais.

Selon le Larousse, quelqu’un de « difficile » est quelqu’un qui « se montre exigeant, qu’il n’est pas facile de contenter » : Être difficile sur la nourriture.

En gros, si je ne me mets pas en couple avec ceux qui le souhaiteraient avec moi, c’est donc bien que je suis difficile. Du genre, si je n’aime ni le fromage, ni les anchois, alors je suis difficile. Une relou, quoi.

Permets-moi, ami lecteur, de ne pas me retrouver dans cette définition.

Le problème dans notre société, c’est que nous autres célibataires subissons tous la même pression sociale qui nous dénigre en tant que tels, et du coup beaucoup d’entre nous craquent et souhaitent se mettre en couple avec le ou la première potable qui passe sans se demander s’il y a entre les concernés le minimum de compatibilité qui permettrait que cela fonctionne au moins quelque temps.

Bref, tout le monde est pressé et saute d’un lit à l’autre avec l’espoir d’y avoir un flash in the night.

Alors que, pour apprécier quelque chose ou quelqu’un, pour vérifier s’il y a moyen de moyenner, il faut parfois prendre un peu son temps, un peu comme le concept de « slow food » et pratiquer le « slow love ».

Comme ça tu verrais bien, ami lecteur, qu’il existe bien des incompatibilités auxquelles tu n’as pas forcément prêté attention dans ton rush sentimentalo-sexuel. Avoir envie de sauter quelqu’un n’est une garantie de rien.

Alors sois cool, ami lecteur, et ne juge pas trop vite tes amis célibataires : ils ne sont souvent pas plus bizarres que toi, surtout si tu restes en couple alors que tu n’y es plus bien. Et arrête de leur rappeler leur statut : il se pourrait bien qu’un jour ils te rétorquent un truc sur les cheveux que tu as perdus, ou les kilos que tu as pris, pas sûr que ça te plaise.

À moins qu’ils ne te foutent un taquet. Petit, hein ! Pas fort du tout. Affectueux.

Mais un taquet quand même.

À la semaine prochaine !

Crédit photo : Stéphane Lluis

La Motivation de l’Huître

Cher ami lecteur, je ne te présente pas l’huître, ce mollusque marin bivalve et riche en protéines, qui vit dans l’eau salée et que tu manges, vivante, principalement pendant les mois de décembre et janvier.

Après observation de cet être encoquillé et fruste, tu peux constater que l’huître, dépourvue de tête donc de cerveau, ressemble à un gros mouk et ne semble affectée par rien, pas même sa propre mort ; la seule perturbation qu’on lui connaît est l’aspersion par le citron, qui provoque une très légère rétractation t’informant que tu ne vas pas consommer un cadavre, ce qui, en dehors du citronnage, est particulièrement difficile à distinguer.

En l’occurrence, l’huître semble afficher placidement un lâcher-prise maximal, une résilience absolue face à une mort atroce par gobage puis digestion, mais aussi, et c’est moins bouddhiste, une motivation proche de zéro mais compréhensible en regard de son absence totale de dynamisme.

Hé bien, ami lecteur, en ce mois de janvier 2017, je me sens totalement solidaire de ce petit mollusque que j’ai pourtant consommé sans aucune trace de remords pendant les fêtes.

En effet, ce matin, l’actualité me plonge dans un abîme de perplexité, et un néant d’inspiration littéraire. J’ai donc appris que :

  • Manuel Valls s’est pris une pichenette par un breton plus grand que lui, provoquant des débats si passionnants que j’ai fait une petite sieste d’huître ;
  • Un attentat suicide a fait 47 morts dans un camp militaire au Mali, c’est moche, mais vu de ce qu’on se prend tous dans la tronche depuis deux ans, je me suis sentie comme l’huître, un brin blasée et surtout très molle ;
  • L’enquête sur Jean-Marc Morandini concernant le harcèlement a été classée sans suite, sans doute le jury l’a-t-il confondu avec Pine d’Huître, provoquant une sollicitude inédite (et un jeu de mot pourri de ma part) ;
  • Il fait très froid dans toute la France, je crois bien que je vais fabriquer une perle tellement je suis en hypothermie.

Alors ami lecteur, est-ce grave ? Suis-je en train de vivre une métamorphose kafkaïenne, non pas sous la forme d’un rampant, mais en un être amorphe et visqueux, à la force d’inertie la plus puissante du monde animal, prête à voter pour n’importe qui en mai prochain ? Sérieusement, qui te stimule, toi, ami lecteur ? A la fois, quand j’apprends que l’on va supprimer des programmes scolaires le complément d’objet, je me demande bien si ma vie de mollusque ne sera pas plus adaptée, d’autant qu’il existe une option d’auto-reproduction de l’huître, hermaphrodite cyclique, ce qui me permettra enfin de comprendre ce que pensent les hommes. Et ça, ami lecteur, c’est la promesse, non pas de la félicité, car en solo, ce n’est pas très funky, mais au moins, de la fin des prises de tête !

A la semaine prochaine ! Et d’ici là, comme j’aurai changé d’avis, tu me trouveras probablement au bord d’une mare à chercher la bonne grenouille, celle transformable en prince charmant, ce qui n’est pas gagné car elles sont toutes sur Tinder maintenant ! A moins que je n’aie attrapé la grippe, un million de malades, la headline du jour, témoin d’une activité fascinante qui va me ramener illico presto vers un bon bouquin sous ma couette !

 

Tschüss !

(Crédits photo Walt Disney Pictures)

Ma Bonne Résolution Pour 2017

Cher ami lecteur, comme tous les ans ce soir et demain, tu vas faire un listing des excellentes résolutions que tu ne tiendras pas l’année prochaine, comme les années précédentes. D’ailleurs, tu as déjà commencé depuis quelque temps déjà, en te fixant il y a 6 mois des dates pour arrêter de fumer, choisies de manière aléatoire en janvier 2017, qui te paraissait suffisamment loin pour voir venir.

Sauf que, comme d’hab, avec tout le respect que je te dois, tu auras l’air d’un con une fois la date échue, puisqu’évidemment, tu auras toujours un pet de travers stressant qui te fera repousser à la veille de ta mort la mise en place de ta résolution.

Heureusement, ami lecteur, que tes amis sont sympas et se contenteront de ricaner un jour où tu ne seras pas là sur ton incapacité à vaincre la clope, le chocolat, les rillettes, le manque d’exercice, quel que soit le copain nuisible dont tu cherches à te débarrasser chaque année depuis 15 ans.

Dans le meilleur des cas, tu tiendras 3 jours sans alcool ni clope à bouffer des brocolis vapeur et faire des squats (et pourrir la vie de ton entourage en réveillant le dragon qui sommeille en tout un chacun), détermination en bois que tu lâcheras le premier weekend qui suivra sans l’ombre d’un remords.

Alors personnellement, je ne me lancerai pas de défi impossible cette année (ressembler à Gisèle Bundchen, vivre une vie sans tapas, ne pas marcher sur les traits des trottoirs), je vais juste, après l’hécatombe de la tombe de cette fin d’année (George, Carrie, Debbie, Claude… ) essayer de tenir une résolution unique pour 2017.

Celle de rester en vie.

Et crois-moi ami lecteur, entre les terroristes, la cirrhose, les micro-particules et la présidentielle, ce ne sera pas de la tarte !

Prépare-toi ami lecteur, je reviens en forme en 2017 !

Bonne année, poil au nez.

Le charme pas du tout évident du voisinage de proximité

Pierre Desproges, l’idole de tous les gens fins, a dit un jour : « Le voisin est un animal nuisible assez proche de l’homme. »

Si on croise cette donnée avec la loi des séries, qui vient toujours vous empoisonner la vie à un moment inopportun, la situation d’un individu lambda peut rapidement devenir un enfer et lui donner des envies pas catholiques du tout de faire subir audit voisin tout un arsenal de tortures dont on n’a plus entendu parler depuis le XVe siècle.

En effet, privé du sommeil réparateur, l’être humain le plus doux se transforme en bête sauvage, prêt à déchiqueter ledit fauteur de troubles et à le consommer sous forme de tartare, alors que ça fait deux ans qu’il ne mange plus que du quinoa pour respecter la planète et ses habitants.

Mais qui est donc cet animal si dommageable au quotidien ? En voici quelques spécimens des plus redoutables. Le sexe est précisé à titre indicatif, l’individu pouvant parfaitement faire partie de l’autre sexe, le bruit ne souffrant aucune exclusivité.

Le voisin fêtard : souvent très jeune, avec un look bien dans sa peau (piercings divers, coupe de cheveux travaillée à grands renforts de pots de gel ultrafixant) il s’agit de sa première expérience de vie en copropriété. Il ne comprend pas du tout quand tu lui demandes de couper la musique car il n’est que minuit et demie. Il t’impose donc, ami lecteur, ses goûts musicaux souvent misérables (Maître Gims, maquinha…) à toute heure du jour et surtout de la nuit, qui souvent se confondent dans son cerveau de piaf (il te fait profiter de ses conversations téléphoniques toujours passionnantes à une heure du matin quand il rentre, et pousse des cris d’enthousiasme à 125 décibels à chaque prise de marijuana). Tu sais tout de sa vie, quand il arrive, quand il part, avec qui et pourquoi il s’est engueulé, car il s’exprime à l’aide de hurlements, et tu révises à 3h du matin grâce à lui le lexique des gros mots de base qu’il pousse à plein volume même s’il a coupé la musique.

La copine du voisin fêtard : elle sonne chez toi à 1h30 du matin parce qu’elle n’a pas le bip du parking, que ledit voisin n’est pas là et du coup elle est coincée, peux-tu lui ouvrir s’il te plaît, sachant qu’elle a le doigt collé sur ta sonnette depuis vingt minutes (après avoir sonné à tout l’étage) ? Elle apprécierait, d’autant qu’elle ne fait aucune différence entre la nuit et le jour, son maquillage gardant la même intensité à toute heure.

La toxico qui deale : toujours prête à te rendre service, elle est obséquieuse au quotidien, mais laisse quand même son vélo dans le couloir, qu’elle enfume ainsi que l’ascenseur à chacun de ses très nombreux déplacements dans l’immeuble. Ses fréquentations (clients ? fournisseurs ?) font d’incessants allers-retours la nuit, activant l’ascenseur 25 fois en une demi-heure, lequel circule parfois juste pour qu’un sac à dos prenne l’air. Souvent, ses fréquentations s’énervent, et peuvent : sonner à toutes les sonnettes de l’étage à 3h30 du matin pendant dix minutes sans discontinuer, hurler son prénom à 4h du matin dans la rue alors que son appart donne de l’autre côté, vandaliser la voiture du malheureux qui s’est garé sur sa place de parking à coup de battes de baseball, mais aussi, détruire sa boîte aux lettres, le portail de la résidence, etc., bref elles rendent la vie nocturne de ta résidence particulièrement riche en pollutions sonores diverses. Quant à elle, sous l’emprise d’une substance quelconque, elle est tout à fait capable de mettre Johnny Halliday à minuit à fond les watts, comme si elle était dans ce bar magique de fin de soirée à Perpignan, l’Ascot, mais sans y être (ça doit être ça, la magie du trip). Parfois, la B.A.C. l’embarque, depuis qu’elle s’est fait courser pour délit de fuite dans une cavale d’une heure et demie qui lui a coûté son permis.

L’hystérique : hyper enthousiaste dans sa gentillesse, il replonge dans la drogue à cause de la tox et devient son client numéro 1. Il te raconte sa vie intime dans le détail quand il te croise dans le couloir, te voilà donc au courant de toute sa vie vénérienne. Il t’explique pourquoi il met de l’électro à fond à 3h du matin : c’est juste pour couvrir ses ébats, car il baise bruyant, comme ça, ça dérange moins, n’est-ce pas. Il finit par repartir chez sa mère, pour se désintoxiquer, après t’avoir appelé sur ton lieu de travail et hurlé dessus parce que, à bout de nerfs, tu as fini par appeler sa propriétaire. Fan de Valérie Damidot, il aime bien également bouger les meubles la nuit, ça résonne mieux.

Le violent : sous-locataire de l’hystérique, chaudement recommandé par la tox, il débarque en couple dans l’appartement avec sa copine. Lui aussi pense que 3h du matin est une bonne heure, c’est celle qu’il choisit pour latter sa copine, jeter des objets et mettre des coups de poings dans les cloisons, parfois même les 3 en même temps et avec force cris. Comme il n’a pas de bail, à partir du moment où il est démasqué, il disparaît assez vite.

Le musicien amateur : le plus flippant, surtout s’il fait de la batterie ou s’il débute le violon. Il est généralement très inspiré le dimanche matin à l’aube. Mais il aime bien aussi les fins de soirées, quand il reçoit, car il est heureux de partager son « art » avec ses invités dont les tympans sont eux, tout comme les tiens ami lecteur, au bout du rouleau, de sorte qu’il est tout à fait impensable de lui dire qu’il joue comme un pied.

L’alcoolique : l’avantage sur les autres, c’est que parfois il dort. Mais quand il ne dort pas, il chante fort et faux, vomit et se soulage où ça lui prend (sur n’importe quel palier de proximité), éructe des insultes contre des ennemis imaginaires ou morts (« Vous ne m’aurez pas sales Nazis ! »), se cogne contre les meubles ou chute, sans aucune distinction entre le jour et la nuit.

La jeune qui fait une teuf quand son père est absent : électro et troupeau d’éléphants qui court à un niveau sonore tel que tes murs en vibrent bien qu’elle soit deux étages au-dessus de toi. Tu dois attendre la pause entre deux morceaux pour qu’elle puisse entendre la sonnette. Plutôt polie et respectant l’autorité parentale absente, elle obtempère assez docilement à ta sommation. Et comme son père est souvent là, tu ne la subis que rarement, lors des voyages d’affaire.

Alors bien sûr ami lecteur, il existe pléthore d’autres voisins toxiques, on pourrait en faire quinze chapitres sur les personnes dépourvues de respect pour autrui. Néanmoins, tu peux toujours mettre ta bienveillance dans la gueule de ton voisin, et mieux, la renforcer avec la bienveillance des autres voisins, car tu n’es jamais seul dans ce genre d’histoire. Et en attendant que ton ou ta voisin(e) se fatigue des mesures prises par le syndic de copro, des visites de la PM ou des aspirateurs passés pendant qu’il ou elle dort, il te reste les bouchons de piscine : et là, le Monde du Silence du Commandant Cousteau s’ouvre à toi (dans la mesure où ton voisin ne se prend pas pour le dj du Pacha à Ibiza bien sûr). Ça ne t’immunise certes pas contre la connerie et l’irrespect, mais ça te permet de l’oublier quelques heures.

Et ça, c’est toujours ça de pris !

En attendant, ami lecteur, souviens-toi que, si l’adage « ce que tu fais aux autres, un jour t’arrivera » est vrai, fais bien attention à ne pas te mettre dedans !

A la semaine prochaine !

Faut-il tout analyser ?

Cher ami lecteur, je n’avais pas l’intention de parler de ce phénomène, mais un ami m’a récemment envoyé un article où un professeur de l’ESSEC rapproche l’expérience de Pokémon Go du doute hyperbolique de Descartes.

Puis-je remplir une ligne de mon article d’esclaffements ?

Non mais sérieux ?

Cette débilité de jeu, qui n’a, ceci dit, pas fait long feu au niveau des jeunes scolarisés avec la rentrée puisque bon nombre d’établissements l’ont interdit dans leur enceinte, serait en fait une preuve de notre capacité à nous interroger sur nous-mêmes et remettre en cause la réalité de ce que nous voyons. Rien que ça.

Donc en gros, quand tu joues, tu philosophes en même temps, tu t’élèves.

Un peu plus haut dans la connerie sans aucun doute, pour le coup.

Je vais de mon côté m’interroger sur la philosophie du pet, qui est un moyen d’expression de mon moi intérieur, avec une recherche épistémologique du message caché de mon transit, non mais stop !!! in the name of love.

Il n’y a rien de plus dans Pokémon Go que dans le Tetris sur la Game Boy, sauf évidemment les moyens technologiques mis en œuvre pour développer le jeu. Ah si, le jeu renvoie aussi à nos envies de collection (des timbres, des petits cochons, des capsules de bouchons de champagne, que sais-je, il y a tant de merdes qu’on peut collectionner), et là, c’est plus intelligent, puisque l’objet de la collection est virtuel, il ne s’entasse donc pas sous un tas de poussière dans le garage, comme toute collection au bout d’un moment.

Et alors, ça change quoi ?

On était aussi accaparés par Tetris qu’on peut l’être aujourd’hui par Pokémon Go. Des philosophes s’étaient-ils interrogés sur la question ? Un spinozien avait-t-il un avis à formuler ? Non ! Parce qu’on s’en fout. Et parce que les modes passent. Un beau matin, on en a marre, et on arrête de jouer. Et un autre jeu, après Candy Crush et Pokémon Go, peut alors sortir de terre.

L’être humain a toujours cherché à se divertir, depuis les orgies de nos ancêtres romains au cinéma en 3D, en passant par la WII, les casinos, les comédies musicales, bref. Bon le truc, c’est juste que maintenant, ça devient hyper dangereux, puisque, selon une étude Ifop, 3 millions de français joueraient à Pokémon Go au volant de leur voiture. Génial. Tu n’étais déjà pas tranquille, à pied, avec les pickpockets et autres agressions de rues, maintenant tu dois en plus te défendre contre des abrutis jouant à un jeu débile en inconscience absolue du moment, à chasser au volant de petits êtres virtuels s’appelant Picatchu.

Au moins avec Tetris, on ne faisait suer personne.

Et pour cause, non seulement on était statiques, mais en plus, Internet n’était pas là à relayer chaque micro-pet sociétal comme s’il s’agissait d’une information capitale.

Mais le truc le plus incroyable reste quand même que les développeurs de la société Niantic, responsable de ce jeu successful, sont allés explorer le no-limit de la décence en plaçant des pokéstops (cubes bleus virtuels servant à recueillir des accessoires virtuels) sur le mémorial de la déportation de Drancy. Rien qu’en écrivant la phrase, je me dis qu’il est inutile de la commenter. Et pourquoi pas en mettre aussi deux trois à Auschwitz, ça pourrait être rigolo, non ? Et à l’intérieur d’une église ou d’une morgue ? Sans blague ?

Evidemment, ces cubes ont depuis été supprimés, mais il a quand même fallu un courrier du député-maire de la commune pour que ce soit fait.

On marche sur la tête.

Alors je ne saurais que trop te rappeler tes cours de français et de philo, ami lecteur, en te recommandant de te méfier de toute esquive d’une réalité déplaisante, car, comme disait Pascal, spécialiste ès-divertissement, « l’homme est visiblement fait pour penser, c’est toute sa dignité et son mérite ; et tout son devoir est de penser comme il faut. »

En gros, ami lecteur, joue, mais pas toute la journée.

Sans quoi, tu risques, au mieux une panne de cerveau, au pire, un grave accident de la circulation, et ça, mourir pour attraper un Pokémon, c’est vraiment une épitaphe de bolos.

A la semaine prochaine !!!

 

Descartes : le doute hyperbolique à l’épreuve de Pokémon Go

Je ne peux pas, j’ai piscine…

La canicule aux assonances inspirantes (y a de la rime dans l’air…) nous est tombée dessus comme la misère sur les gueux à la fin du mois d’août, nous obligeant, ami lecteur, à boire de l’eau à l’apéro entre deux verres de rosé pour éviter une déshydratation foudroyante (une hérésie), mais aussi à trouver des solutions pour ne pas mourir frappés par une combustion spontanée.

Les opportunités de divers rangements m’ayant fait remettre la main sur d’anciens tickets d’accès à une piscine olympique de plein air, me voilà partie avec palmes et planche joindre l’utile à l’agréable, avec la naïveté de l’agneau à qui on aurait dit que l’abattoir est une station alpine aux pâturages verdoyants.

Arrivée au bord du bassin, je croise des personnes de sexe féminin, en maillots à paillettes, maquillées et coiffées comme pour aller en boîte de nuit : brushing, rouge à lèvres Rouge Allure de Chanel teinte n°98 Coromandel, même le vendredi soir je ne suis pas aussi apprêtée. Et là je me dis, ai-je loupé une étape importante de l’évolution sociale où la piscine serait devenue la nouvelle église où s’endimancher ?

Et puis, comment fais-tu pour nager, car pour obtenir un résultat pareil, tu as bien dû sacrifier deux bonnes heures de ta journée, entre la coiffure et la pose du vernis, tu ne vas quand même pas aller détruire cette œuvre d’art de toi-même bêtement en te mettant à l’eau, si ?

Deux écoles.

Il y a celles qui ne mettent pas l’ombre d’un doigt de pied dans la piscine. C’est un concept. On est juste dans un changement de décor d’un nouvel épisode de leur trépidante vie. Cependant, quand bien même serions-nous dans la recherche d’une alternative à la plage (trop vulgaire), le questionnement du maquillage demeure (pourquoi faire ???)

Ensuite il y a celles qui nagent quand même. Mais pas comme moi. Explications.

Tout d’abord, il y a le choix du maillot, avec le minimum de tissu possible. Une fois dans l’eau sans qu’aucun cheveu ait été en contact de près ou de loin avec l’eau javellisée du bassin, le haut du maillot saute afin d’éviter de disgracieux décalages de bronzage (tu oublies donc les maillots de piscine, qui continuent de pendouiller, inutiles et en dépression, dans les rayons du Décathlon le plus proche).

Bon, c’est le moment où je ne me moque pas trop, puisqu’il m’est arrivé par le passé d’enlever le haut pour pouvoir continuer à porter ce joli bustier acheté en solde chez Bash. Cependant, et note-le bien ami lecteur, je n’ai jamais poussé jusqu’à investir dans un maillot-string, faudrait quand même pas déconner.

Oh et puis zut. Je peux bien rire un peu de moi-même, et de mon air con avec mon haut de maillot accroché à ma planche (du coup je ne le fais plus, pas la peine de venir faire le curieux et mater seul ou à plusieurs, ami lecteur).

Mais ceci n’est en fait que le début.

Les nageuses en question ont donc investi dans le waterproof, histoire d’être optimales dans le bassin, et nagent en lunettes Chanel, Armani Eyewear, Ray-Bans et j’en passe, que je n’oserais pour ma part jamais mettre dans ce contexte-là puisqu’il est statistiquement impossible de ne pas croiser dans ta ligne un homme de l’Atlantide qui te balance la moitié de l’eau de la piscine dans la tronche, javellisant ainsi ton waterproof et ton accessoire de marque.

Concentrons-nous à présent sur cet autre régulier de l’endroit : l’homme de l’Atlantide.

Celui-là non plus ne vient pas que pour nager.

D’abord, il rentre dans une tranche d’âge bien au-dessus de la tienne et des nageuses maquillées. Il pourrait presque être ton père, à vrai dire. Notons juste qu’il y voit bien de loin (c’est un détail important).

De fait, il fait peu de longueurs, car à son âge, ça le fatigue, les 50 m olympiques. Le rythme, c’est plutôt : une longueur – une grosse pause – une longueur – une grosse pause.

Et, pendant tout ce temps, il reluque.

Il nage équipé, avec un masque et un tuba, pratique pour le crawl, et surtout, pour observer l’évolution des seins nus dans l’eau. Quand il s’arrête entre deux barbotages, il enlève le masque et rattache les belles images aquatiques aux têtes des pinups à solaires au double C. S’il se sent en grande forme, il arrive qu’il tente une petite approche auprès de toute personne du sexe opposé faisant mine de faire également une pause à proximité.

Car nous touchons donc là le vrai cœur du problème : les gens n’étaient pas là pour nager, mais pour rencontrer d’autres gens.

A la piscine.

Où la boisson la plus excitante de la buvette est le Sprite saveur Mojito (pas facile facile, l’amorce drague : « Salut, je t’offre un Sprite ? »)

Où, comme quand tu pratiques n’importe quel sport, au bout d’un moment tu ne ressembles à rien (sauf si tu fais partie de la catégorie 1 des non-nageuses).

Pas grave : elle est là ton alternative à Tinder.

Tu prends une connaissance bien plus précise du dossier qu’avec n’importe quelle photo de profil, retouchée, filtrée, datant de 15 ans, où peut-être ce n’est même pas toi : tu le vois en maillot. La vérité se trouve au bord de la pistoche.

Alors je suis sortie de l’eau, ami lecteur, en me disant qu’une fois de plus j’étais à côté de la plaque, à vouloir faire du sport dans un endroit prévu pour.

Que je ne devais pas encore être au bout du rouleau en ne recyclant pas chaque activité effectuée en dehors de chez moi en terrain de rencontres.

Et j’ai alors croisé cette femme qui m’a fait reprendre espoir en la normalité des situations : elle est entrée dans l’eau, avec sa planche et ses palmes, dans un maillot Arena une pièce spécial nageuse, avec un bonnet hideux, les affreuses mini-lunettes de piscine, le visage tartiné d’un écran total de compète lui faisant la face toute blanche et brillante.

Tout n’est donc pas perdu, ami lecteur, alors bonne rentrée et à la semaine prochaine !

L’été rend-il bête à manger du foin ?

S’il y a bien un moment dans l’année où l’être humain atteint des sommets de stupidité, ami lecteur, c’est l’été.

Il faut croire que la chaleur nous grille définitivement quelques cases.

Nous voilà tournés vers des préoccupations d’une profondeur rare, du type comment perdre nos kilos, comment boire un maximum de mojitos sans prendre les kilos qu’on vient de perdre, comment négocier des apéros sans son conjoint, comment draguer et se faire draguer un maximum parce qu’il fait particulièrement chaud dehors et à l’intérieur des slips, culottes et strings, tout en dépensant le moins d’argent possible.

Sauf que cet été, boire des mojitos, ou même participer à une simple activité de groupe hors de chez toi est devenu une grande aventure.

Entre les égorgements en église et les camions fous en fête nationale, te retrouver parmi tes prochains n’a jamais été aussi dangereux, que tu poses ton séant sur un tabouret de bar pour attendre un spritz ou sur un banc de cathédrale pour attendre une hostie (ce qui est certainement moins fréquent mais tout aussi redoutable désormais).

Alors comment s’en sortir quand on est moins performant du ciboulot – et surtout qu’on n’a pas du tout envie de réfléchir et un budget restreint ?

Petit veinard, déjà, les représentants de l’Etat dans notre région au nom controversé annulent gentiment tous les feux d’artifice, en diffusant communiqué sur communiqué pour démentir toute découverte d’armes, de bombe désamorcée, il n’y a aucun péril sur le littoral catalan, merci de ne pas inquiéter les touristes présents, déjà qu’ils n’ont plus un rond, faudrait pas qu’ils aillent dépenser leurs tickets-restaurant ailleurs.

Nous voilà donc rudement soulagés, d’autant que les mesures destinées à te rendre l’été un peu plus moisi se multiplient dans toute la France, pas de jaloux, la braderie de Lille, un bon petit événement pas cher, a donc été annulée.

Tu n’es pas tranquille à la plage, car il suffit que deux péquenots terroristes louent un jetski, un coup de kalach et ton problème de marques de maillot te paraîtra bien dérisoire.

Tu n’es pas non plus tranquille dans les bars ni les restaurants depuis le soir du Bataclan, et même c’est bien pire : sans terroriste ni explosion, tu peux désormais périr à cause de ton gâteau d’anniversaire, comme à Rouen. Exit les bougies, mais que reste-t-il d’un anniversaire sans bougies ??? Faut-il que tu te spécialises en normes de sécurité, et être ainsi en capacité d’évaluer si chaque bar dans lequel tu mets les pieds ne présente pas des risques de faire déclencher le versement de ton assurance vie à son bénéficiaire bien plus tôt que prévu ?

Tu ne vas quand même pas regarder les JO, si ? Ce n’était pas la peine de partir au bord de la mer pour ça…

Heureusement, il te reste le plaisir coupable des magazines people, que tu ne lis que l’été ou chez le coiffeur.

Il faut dire que Jean-Marc Morandini s’est plié en quatre pour te divertir.

Le gars organise des castings olé-olé pour une web-série qu’il produit et qui se passe essentiellement dans les vestiaires d’un club de foot de banlieue où les joueurs prennent beaucoup de douches.

Pendant ces castings, une directrice fictive (affublée de la photo d’une soprano belge, laquelle a fait savoir qu’elle était bigrement contente) demande aux « comédiens » de pousser leurs limites en se masturbant par exemple, ce qui peut paraître tout à fait normal, mais chez Marc Dorsel, pas dans une production traditionnelle, mais c’est un détail, on ne va pas pinailler.

Et comme la classe, l’élégance et la morale sont des concepts tout à fait relatifs, JMM propose à un comédien via la messagerie privée de son compte Twitter de venir se faire épiler le sexe et de lui faire profiter de son hammam tout nu, propositions refusées en bloc par le jeune, complètement mineur à l’époque des faits.

La question est : qui donc est le plus abruti des deux, le producteur (qui pense qu’aucun de ces jeunes ne va jamais aller se plaindre) ou les comédiens qui s’exécutent ?

Mais ce n’est pas fini, car le gars est très fort.

Il décide de s’exprimer lors d’une conférence de presse de l’espace, où il affirme être victime d’un odieux complot, ourdi par Marc-Olivier Fogiel et Matthieu Delormeau, ce qui fait vraiment très très sérieux et qui confirme qu’il n’a aucun conseiller à la communication, parce que, Jean-Marc, si tu en as un, vire-le dare dare, il t’a menti sur son CV.

Concernant les faits, sur lesquels il ne s’étend pas, il parle de « maladresses », ce qui te donne envie de rigoler ferme, ami lecteur, ton magazine people dans une main et ton rosé piscine dans l’autre.

Il est effectivement particulièrement maladroit de payer 4 heures un comédien qui en a réellement travaillé presque 36, et de se dire surtout qu’il va s’asseoir dessus.

Parce que ce n’est pas comme si le comédien avait participé à une œuvre télévisuelle-web majeure, dont il pourrait être fier dans un futur proche ou même lointain. Au vu des images disponibles sur le net, le ressenti des acteurs concernés doit plus être proche de la fiente de pigeon que de la rutilance du César.

Mise en scène et jeu très approximatif avec coups d’œil caméra, dialogues remarquables du type « hé les gars, vous avez vu son engin ? », cadrages et décors époustouflants de vestiaires sordides, détails ultra réalistes avec des comédiens se frottant pendant des plombes sous la douche sans shampoing ni savon ni gel d’aucune sorte, mixage son parfait avec bruit de l’eau couvrant les voix des comédiens, etc. bref, Les Faucons, c’est Hélène et les garçons à poil mais sans Hélène, et l’extrait est tellement consternant de nullité que tu ne sais plus si tu as envie de rire à t’en faire péter la rate et créer dans la foulée un GIF des phrases les plus tartes ou si tu es affreusement gêné pour les pauvres jeunes dont il restera à vie une trace filmée de leur participation à ce navet.

Dans la foulée, notre héros de la saga de l’été perd son job à Europe 1, n’est pas Kate Moss qui veut. Les autres médias liés à JMM par des contrats de travail (I-Télé, NRJ12) se rongent les sangs à l’idée que le gars et sa nouvelle image de marque de pervers absolu vont être associés à leur historique.

Mais le principe du schpouk, c’est comme quand tu marches dans une grosse bouse, ça rentre dans toutes les rainures de la semelle et c’est la misère, l’odeur te suit partout.

De la manière particulièrement subtile qui lui est propre, le JMM, qui avec deux sous de jugeote et un bon conseiller en communication, aurait dû faire profil bas, hé bien tiens-toi bien ami lecteur, perdu pour perdu, se permet via le compte Twitter de son blog de s’en prendre à Air France en relayant une info du Parisien selon laquelle 8000 bagages auraient été égarés. Verdict : des réponses cinglantes du community manager de la compagnie aérienne, et une couche supplémentaire sur une stratégie de communication personnelle de plus en plus nébuleuse.

Alors, l’été nous rend-il aussi épais qu’une brique ? J’ai peine à croire que des présentateurs aussi médiatisés arrivent à un tel niveau sans un minimum de quelque chose dans l’encéphale, c’est donc forcément que la chaleur nous tape sur le système et nous plonge dans des régressions cosmiques.

Je ne saurais trop te recommander de résister à la bêtise ambiante, ami lecteur, aussi je te suggère de ne pas laisser ton cerveau se noyer dans les spritz et le prêt-à-penser, en faisant une chose folle : arrêter de chasser des Pokémons et lire un bon bouquin à la place. Et c’est du win-win : sur les photos de vacances, tu auras l’air moins niais et c’est déjà pas si mal !

A la semaine prochaine !!