Je ne suis pas de bonne humeur ce matin

Cher ami lecteur, aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je suis de très mauvais poil.

Je suis allée voter, alors qu’aucun des candidats ne m’a convaincue pour me représenter.

Le résultat des votes dans ma ville (et mon département) est consternant et révélateur en même temps : les deux extrêmes sont passés. Chouette, bienvenue dans un monde de tolérance, d’ouverture d’esprit et de progression commune.

Le gros problème, c’est que les individus en masse sont en régression.

Ils parlent de plus en plus mal, ne savent plus écrire correctement, ne veulent plus bosser, râlent tout le temps sans se remettre en question, n’ont plus de notion du respect de base dû aux autres individus alors qu’ils en sont au même titre que chacun.

Réfléchis ami lecteur, comment veux-tu être bien dans ta peau et heureux si tu passes ton temps à te demander comment tirer au maximum la couverture à toi ?

Et ça c’est une règle valable pour toutes les couches de la population. Quand un décideur t’annonce qu’il va pratiquer l’austérité et qu’il ne change strictement rien à son propre confort, quand un autre te propose de répartir l’ISF sur plus de monde (et notamment les classes qui sont déjà pressurisées) pour arranger ses riches copains, quand d’autres veulent te faire sortir de l’Europe alors que sans être un prix Nobel d’économie, tu comprends intuitivement que, d’un point de vue géopolitique, c’est débile, et qu’en plus ça va coûter un max à tout le monde, à quel moment se soucie-t-on du bien commun ?

Mais bon, il faut dire qu’on a les représentants qu’on mérite. Peut-être ont-ils raison, on est devenus en masse un banc de méduses, on avale toutes les mesures en s’indignant deux secondes sur les réseaux sociaux, ouh la la ça fait très mal. On se cuisine une petite soupe de haine, on va la servir à tout le monde, et ensuite, on ne va surtout rien changer, ni réfléchir à ce qu’on pourrait faire pour améliorer les choses, encore moins se remettre en question, parce que c’est jamais nous, c’est toujours la faute du terroriste qui fait tout péter, de l’élu qui s’en met plein les fouilles pendant que tu galères, de l’éducation nationale qui se réforme pour que seuls ceux qui ont les moyens du privé puissent réellement fournir un enseignement correct à leurs enfants, de la CAF qui permet de bien vivre si tu fais un max de gosses, c’est la faute de toi, et de toi, et de toi aussi, c’est sans fin.

Le problème, c’est qu’on est tellement ancrés dans une société individualiste, que les quelques clampins qui essaient d’en sortir se font dévorer par ceux qui sont sans scrupules, tu te fais démolir, et ça, qui en a envie ?

taper sur les mêmes

Et c’est comme ça que rien ne bouge.

La seule solution, c’est de se souvenir de la dernière fois où quelqu’un a fait preuve de bienveillance à ton égard. C’était comment ? C’était bien, hein ? Tu t’étais senti transporté par une mini-vague de bien-être, ami lecteur, peut-être même que les plus émotifs d’entre nous ont eu la larme à l’œil en y repensant. Hé bien elle est là, la clé. D’essayer de propager cette vague, de l’un à l’autre, qu’elle dure. Soyons bienveillants. Peut-être que ce ne sera qu’une goutte d’eau dans la mer, mais après tout, la mer est faite de gouttes d’eau. Chacune a son importance.

Et, ce que tu fais à l’autre, ami lecteur, tu le fais d’abord à toi-même.

Alors dès aujourd’hui, essaie d’être plus gentil, tu en deviendras automatiquement moins con !

A la semaine prochaine !

Le filet de Macron, c’est pour qui ?

Bon, moi je ne sais pas toi, ami lecteur, mais j’ai un peu du mal à avaler la soupe aux élections. J’ai carrément l’impression de faire de la monodiète, et, après la quinzaine Fillon, de me taper du Macron matin, midi et soir, jusqu’à l’indigestion. C’est comme si soudain les media étaient atteints de radotage généralisé, ils tournent tellement en boucle sur le sujet que le trognon ne doit plus être très loin.

Là ce qu’il y a, c’est que techniquement nous étions face à un nouveau plat sur la carte, ça aurait dû nous exciter les papilles, ce petit jeune, ministre une seule fois à moins de 40 balais, le voilà enfin notre candidat du renouveau, enfin une alternative à la viande corrompue qu’on nous sert en entrée, plat et dessert depuis VGE. On se dit chouette, et en deux deux on l’a investi de tous nos espoirs d’améliorer notre situation personnelle, parce que la France, on s’en fout un peu, hein, l’important c’est Bibi, et nous voilà partis, naïfs et moutonniers, comme si l’élection du président de la République avait jamais amélioré une autre situation que celle dudit président et de ses copains proches.

Alors sortons la lingette et astiquons-nous les Essilor : à part le gars, qu’y a-t-il réellement de nouveau ? En ce moment, tout le monde porte des Stan Smith et est macroniste, du coup chacun y va de son recyclage de veste, et M. Bayrou, après lui avoir taillé un costard, porte sa chaise comme dans un mariage du Sentier. Dans la vraie vie, on aurait trouvé ça faux-cul et opportuniste, mais dans les media, on trouve que c’est méga-cool que Manu soit parrainé par le politique le plus raillé en France depuis des années. Le renouveau avec de vieux ingrédients, ce ne serait pas plutôt du réchauffé, finalement ?

Donc, en plus de nous taper une vieille tambouille dans un nouveau pot, Emmanuel le Bel nous a mis en scène un petit suspense de jeté de programme, qui tient plus finalement de Blair Witch que d’une apparition miraculeuse à Lourdes : une grosse montée de tension et pas grand chose à la fin. Après, il faut quand même dire que c’est joli tout plein : on y croise pas mal de licornes, avec des exonérations massives de taxe d’habitation, une baisse des cotisations sociales pour les entreprises, une hausse du smic et du minimum vieillesse, des créations d’emploi dans la Police et l’Education Nationale, des remboursements à 100% de mes futures lunettes Chanel et de mes encore plus futures prothèses auditives, une augmentation de l’allocation adulte handicapé, une prime à la casse de 1000 €, une aide à l’emploi pour l’embauche en CDI d’habitants de quartiers prioritaires, un budget de l’Armée augmenté jusqu’à 2% du PIB, une suppression de la part salariale des cotisations chômage et maladie financée par une hausse de 1,7 % de CSG (ça rentre par une oreille, ça sort par l’autre) et pour le reste, quel est le plan de financement ? Les lutins et les elfes ? Nooon pas seulement. La fée des petits crétins viendra s’acquitter des postes supplémentaires de l’éducation nationale via une réduction des épreuves du BAC au nombre de 4 (lesquelles, sachant qu’il ne reste déjà plus grand chose de cet examen) et une disparition de 120 000 fonctionnaires (tu cliques sur « supprimer » et, bibidee bobidee boo, il n’y a plus rien, les pointeuses n’en reviennent pas).

Ainsi, il est clair qu’un fois de plus, nous ne voterons pas pour des programmes, que je soupçonne d’être écrits par la même cellule qui rédige les notices IKEA, mais pour des individus. Soit. En l’occurrence, avec EM, nous voilà face à quelqu’un qui sait communiquer, pas de souci, il n’évitait même pas Cyrille Eldin à la grande époque du Supplément, c’est dire, toujours un bon mot, un physique pas trop dégueulasse (pas de quoi mordre le coussin non plus), les cheveux de la jeunesse, il marque des points ne fût-ce que par effet de comparaison.

Mais on a quand même vu le gars limite en transe sur ses meetings, comment va-t-il faire pour que sa tête ne s’envole pas dans la stratosphère une fois au pouvoir ? Qui va le canaliser ? Brigitte ? Euphytose ? Va-t-il dissoudre l’Assemblée Nationale un jour de up ? Et surtout, quelles sont les alternatives ? Sortir de la zone € avec Marine, danser le « je sors, je sors pas » avec François ? A une époque où on déterre les dossiers, il serait peut-être bon de cesser d’alimenter un système où il est impossible de ne pas en avoir…

Bref, la perspective est réjouissante : voter ne sert à rien, mais ne pas voter revient à abandonner le seul moyen d’action que moi, petite citoyenne lambda, j’ai à ma portée. Alors je ne vais pas devenir la déprimée politique qui chante « tous pourris » avec une vieille guitare et un chèche sur Youtube, mais j’avoue qu’un doute hyperbolique m’envahit l’asymptote face à cette popularité largement gonflée à l’hélium des medias.

Et pour moi, qui attends toujours un candidat moral, il me semble qu’attendre le prince charmant est nettement plus réaliste.

En gros, ce n’est pas gagné, comme dirait Faye Dunaway aux Oscars 2017.

Alors, ami lecteur, si, au lieu de balancer un œuf sur un candidat, tu allais te le faire cuire, je crois bien que ça ne changerait rien.

Et rien, c’est déjà quelque chose.

À la semaine prochaine !