Et tout le Bataclan

En cette année 2015, j’ai arrêté de prendre le train et j’ai failli m’abonner à Charlie Hebdo. Et là, voici que j’hésite à m’asseoir à une terrasse de café, car je me dis raisonnablement que ce sera peut-être le dernier que je vais boire.

Je regarde de travers le barbu assis à côté de moi, va-t-il exploser ? Ah, non, il a une chemise à carreaux, c’est juste un hipster en fait, pas un salafiste.

Et là je me demande ce que je suis en train de devenir, et surtout, pour qui vais-je donc voter aux prochaines élections ? Et ça fait vraiment très peur.

Bon, ce n’est pas comme si on ne se doutait pas que ça allait nous tomber dessus, tous les spécialistes-analystes de mes deux qui ont commenté les attentats de janvier 2015 nous l’avaient bien dit. Et malgré un déploiement de CRS pendant les soldes (j’ai passé ma semaine de vacances parisiennes à ouvrir et fermer mon sac), malgré l’explosion des ventes de Charlie Hebdo rien n’a réellement été fait puisque j’ai failli me faire sauter le caisson dans un Thalys, alors que l’Etat préférait, comme nous tous d’ailleurs, s’émouvoir devant la photo du petit Aylan mort sur une plage turque.

Et voilà, maintenant je dois réfléchir à deux fois avant de sortir le vendredi soir, ou alors je dois me rendre dans des endroits craignos ou ringards où il n’y aura aucun risque de me faire dézinguer : un petit bar dégueu au fin fond du 13e, par exemple, si possible avec une vieille déco et trois clampins du quartier, zéro risque. Sauf peut-être de passer une soirée de merde, hyper déprimante dans un bar moche à moitié vide.

Je dois aussi me taper l’intégrale des textes de chaque chanteur que je compte aller voir en concert, pour être sûre qu’il n’y ait pas de risque que ses paroles de chansons soient en contradiction avec les enseignements du Coran.

Je déserte les terrasses même en plein été, trop dangereux, car même un gilet pare-balle ne nous protègera pas, mon rosé et moi, de la menace d’être transformée en steak tartare.

Car là, j’ai du mal à me concentrer sur les véritables enjeux de ces actes barbares. J’ai dû mal à me demander quel est le véritable jeu de la France, qui d’un côté bombarde la Syrie et de l’autre achète le pétrole au marché noir. J’ai du mal, car c’est mon nombril qui est en question. A Paris, ce sont les quartiers où je suis susceptible d’aller qui ont été visés, le Carillon est un bar où il m’arrive de boire un coup.

Et une fois ceci posé, je peux enfin faire preuve d’empathie envers toutes ces personnes que j’aurais pu être – j’aurais pu être chacune d’entre elles – et qui, sorties pour manger 4 tapas en terrasse, ne sont jamais rentrées chez elles.

A quoi tout cela tient-il ?

Que puis-je faire, quand on me prend clairement pour une abrutie ?

Si on part du principe que des gens à l’intelligence supérieure à la mienne et à celle de la majorité de mes concitoyens nous gouvernent, comment ont-ils fait pour attendre aussi patiemment depuis le 7 janvier 2015 que toute cette désolante merde se produise ? Evidemment, la France pays des Droits de l’Homme ne pouvait pas faire grand chose hormis surveiller, puisque cette surveillance n’est pas recevable, quand bien même tu trouverais des kalachnikov dans le salon d’un particulier. Donc ce beau monde supérieur a choisi d’être cohérent dans sa politique de gauche, d’accueillir quelques migrants en se préparant à la réponse au massacre, qui cela dit au passage, aura ressuscité la cote de popularité moribonde d’un président au charisme trouvé dans un œuf Kinder. Des fonctionnaires compétents ont dû plancher il y a de cela des mois pour préparer ces discours d’état d’urgence, en trempant par anticipation la plume dans le sang des 129 sacrifiés survenus entretemps.

La traque de Saint Denis confirme bien le laxisme français : on sait tout, mais on n’agit qu’en cas de catastrophe, une fois qu’il serait dangereux pour l’image de ne pas le faire.

Alors je devrais logiquement me détendre : pendant les trois mois d’état d’urgence, nous allons tous déquiller du djihadiste, pulvériser tous les fichés S, et critiquer les arabes sans passer pour des racistes. Pourtant j’ai moi la désagréable impression de danser sur des cadavres dont j’aurais très bien pu grossir le nombre, et vivante ou morte, d’être in fine récupérée par le jeu politique d’une campagne présidentielle.

Je m’en vais donc me consoler en me disant que de toute façon, quoi que je fasse, je ne changerai rien : Nostradamus avait prédit une troisième guerre mondiale pour 2015. Il ne me reste plus qu’à repenser la géo-localisation de mes loisirs : me voilà rassurée, car quelle que soit la configuration envisagée, je n’aurais jamais pris un billet pour aller voir les Eagles Death Metal. Je peux compter sur mon bon goût pour me sauver la vie, et te souhaiter une bonne semaine, ami lecteur, avec ce conseil : sois sélectif, dans tes choix culturels, mais aussi, n’héberge pas les amis de tes amis pour les dépanner : tu pourrais bien te retrouver sur BFM TV.

A la semaine prochaine !

 

La menace du guichet fantôme

Tu as beau penser que tu es préparée, tu te gauffres toujours quand tu dois affronter l’épreuve du guichet. Tu crois, naïvement, que face à toi se trouve un être humain tel que toi, qui lui aussi se trouve par moments de l’autre côté de la vitre, dans la queue, alors forcément, cet être humain va faire preuve de compassion, d’empathie.

Euh, comment te le dire gentiment, tu es à côté de la plaque.

Derrière le guichet, c’est Prédator.

Tu te dis que j’exagère, pour le bien de mon blog.

Non, te dis-je. C’est la stricte vérité. Derrière le guichet est assis un être insensible, robotisé, et un 32 bits, pas un 64, hein, faut éviter la surchauffe, et pire que tout, il est souvent fonctionnaire, avec des consignes.

Toi, comme dans la vraie vie, tu te dis : je vais lui parler et il va comprendre. Que nenni. Cet individu reçoit dans son quotidien des circulaires. Et il les lit, puis il les applique.

Le drame, c’est qu’il ne discute jamais le bien fondé des ordres qu’il reçoit. Et quand bien même il n’aurait pas voie au chapitre, il pourrait sans grand danger ne pas appliquer la note interne, car celle-ci n’est pas toujours contrôlable.

Prenons un cas concret. Récemment j’ai dû m’acquitter de tout un tas d’actions administratives auprès de divers organismes, suite au décès d’un ascendant direct. Je me suis donc retrouvée pour la première fois de ma vie au Trésor Public. C’est peu de dire que je ne veux plus jamais retourner dans cet espace où soudain tout le monde devient Dark Vador, devant comme derrière le guichet.

Déjà, une file d’attente comme pour la sortie de 50 Nuances de Grey, le sourire en moins, et ce, juste pour qu’on vous donne un ticket pour que la véritable attente puisse commencer.

Alors moi et mon décès, on a bénéficié d’une trêve. On nous a parlé gentiment, ce qui n’était absolument pas le cas des deux personnes qui sont passées avant moi, à qui on a dit en substance et en criant « Hé bien c’est comme ça et pas autrement !!! ».

Donc, tu passes deux heures et demie aux impôts, pour te faire sodomiser sans lubrifiant par tes taxes, et en plus on te gueule dessus. Il y a raisonnablement de quoi se demander si un lutin malveillant ne t’aurait pas tatoué sur le front « abrutie finie » la nuit précédente.

Parce que, une fois que tu as enfin réussi à quitter cette folle ambiance, tu apprends que France Bleu Azur a mis la main sur une note interne incitant les agents à ne pas faciliter la vie des usagers aux guichets afin qu’ils s’orientent de préférence vers les services en ligne.

Et là tu te dis que définitivement, l’Etat et ses sous-fifres te prennent pour une super conne : comment un SERVICE PUBLIC payé par MES IMPOTS peut-il se permettre de produire des notes internes visant à autoriser implicitement ses agents à mal me parler et me servir alors que je les finance ?

Trésor Public, ta politique de réduction budgétaire t’aurait-elle fait péter les plombs ?

Ce qui est d’autant plus désolant, c’est que tu ne fais rien d’autre qu’imiter tes autres petits copains, CAF, Pôle Emploi, CPAM, et tous ensemble vous chiez joyeusement sur votre vocation première : une activité d’intérêt général, comme par exemple, traiter le contentieux d’un pauvre usager lambda qui n’a pas internet à son domicile (20% des français).

Alors comme je ne peux pas mettre le feu à ces guichets en criant « Aux armes citoyens », puisqu’ils repousseraient aussitôt 50 mètres plus loin, pendant que moi je serais enfermée à la Bastille, je m’en vais donc regarder un peu cette télévision que je finance moyennant une contribution rondelette à l’audiovisuel public, et me régaler d’écouter chez Ruquier les pronostics concernant le SMIC de Benjamin Castaldi (1800 €) et de Léa Salamé (1500 €). Me voilà rassurée : finalement, je suis moins stupide que le Service Public veut me le faire croire.

Allez ami lecteur, courage, et ne te suicide pas parce que tu as un recommandé à envoyer : la Poste n’a pas encore trouvé le moyen que tu l’envoies par internet, et l’agent d’accueil sera obligé de te le prendre. Pour tes autres démarches, démerde-toi pour que quelqu’un décède dans ta famille : ça ressuscite la courtoisie au guichet.

A la semaine prochaine !!!

http://fr.scribd.com/doc/286400764/Une-note-demande-aux-agents-des-impots-de-rediriger-vers-les-services-en-ligne

Comme un petit air moléculaire

Beaucoup de gens se plaignent que les infos ne présentent que des mauvaises nouvelles, que notre société va mal, la Terre meurt à petit feu, bref, les lendemains ne chantent pas, expression en général optimiste (sauf s’il s’agit d’une chanson de Maître Gims).

Hé bien, je suis désolée de rajouter une couche de beurre sur la tartine, mais il y a un nouveau phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur et qui commence à me faire pas mal flipper lors de mes loisirs divers (promenades, dîner au restaurant, visionnage de film) : il s’agit de l’être humain botoxé, actuellement ce qu’il y a de plus proche de l’extra-terrestre, tel que défini dans les années soixante.

Hier, en effet, j’ai regardé un film français récent, « Le Talent de mes Amis ». Un des héros va voir sa mamie en institut. Je me suis dit : « Elle ressemble drôlement à Jeanne Moreau, cette actrice ». Et puis je me suis dit que ça ne pouvait pas être elle, sa voix et tout le bas de son visage avaient l’air d’appartenir à une autre personne.

Surprise Elise, c’était bien son nom qui était crédité au générique.

Et alors je me suis demandé : mais POURQUOI ? Qu’est-ce qui cloche avec toutes ces personnes ? (Je dis bien personnes, car il semble que la botoxite touche de plus en plus d’hommes, Patrick Dupond, Michel Sardou, on n’est pas ici pour faire des listes, même si on pourra bientôt en établir une aussi longue que la généalogie du Christ, et ça fait peur).

Bon, je veux bien souper deux minutes du baratin sur la pression d’être en permanence exposé, le tyrannie de l’image, les contrats qui passent sous le nez proportionnellement au nombre de rides, etc. OK. Vieillir n’est simple pour personne (sauf peut-être pour quelques moches qui s’en foutent). Mais on peut se demander si l’inactivité de ces personnes aux professions souvent intermittentes, ne serait pas à l’origine de ces faces ravagées que NOUS sommes obligés de contempler. Non mais sérieusement, ces personnes mériteraient qu’on leur colle un miroir dans la tronche, afin de pouvoir enfin faire preuve d’un peu d’empathie face à la vision d’horreur de ces faciès brillants et boursouflés. Seulement, se regarder soi-même, ce n’est pas regarder quelqu’un d’autre, et à plus forte raison quand on a du temps pour le faire.

C’est ce qu’on pourrait appeler le syndrome du microscope. Quand une copine (arbitrairement choisie de sexe féminin, mais de plus en plus d’hommes sont susceptibles de poser la question) vous parle de ses rides, c’est souvent qu’elle est la seule à les voir (alors que les vraies marquées évitent d’attirer l’attention sur le sujet), mais le truc c’est qu’elle l’a tellement observée dans la partie grossissante du miroir de sa salle de bains, qu’elle n’arrive plus à la voir autrement (à peu près comme la faille de San Andrea). On imagine sans grande difficulté ce qui se passe quand de VRAIES rides font leur apparition, curieusement, la discrétion revient et un nouvel ami apparaît dans l’agenda : le chirurgien plasticien.

Mais franchement, quel est l’intérêt réel d’abandonner son vrai visage et ses expressions si ce n’est pour profiter encore un peu de sa garde-robe de jeune première et – passez-moi l’expression – du lever du petit jeune ? Quelle autre finalité que d’être cougar ou vieux beau et prétendre qu’on n’a pas l’âge qu’on a ?

D’autant plus qu’il ne peut pas s’agir d’une réelle question d’esthétique quand on voit ce que sont devenues, allez au hasard, Meg Ryan ou Courteney Cox, pourtant deux références en matière de beauté ? La vision de ces personnes, qui comble de la toxine, paraissent désormais plus que leur âge, provoque un sentiment de pitié, aussitôt suivi du soulagement de ne pas ressembler à ces têtes pathétiques, voire dans certains cas, à la limite du monstrueux (Jocelyne de Wilderstein, Thierry Mugler…)

Alors Hollywood peut arrêter de fabriquer des faux macchabées pour ses films de zombies : il n’a qu’à recycler ses actrices vieillissantes. Quant à moi, je vais prendre exemple sur feu ma maman, qui ne mettait qu’un peu de mascara, une crème de jour et un contour des yeux, et paraissait quinze ans de moins.

Finalement, la beauté et l’air de jeunesse résident dans ce vieux cliché qui dit que tout se passe à l’intérieur, qu’il faut s’aimer tel que l’on est et aimer les autres, ce que ma mère faisait à la perfection (quinze ans de moins, pensez-y !) Je vais donc continuer de froncer les sourcils autant que j’en ai envie, et surtout, continuer à me prendre des fous rires quand bon me semble. J’aurai peut-être le visage ridé que je mérite, comme le disait Cocteau, mais au moins, on ne pourra pas dire que je n’aurais pas rigolé.

Alors, ami lecteur, économise-toi toi aussi tes consults en plastique chez le chirurgien, et reviens rire avec moi la semaine prochaine, car je suis de retour !

http://www.lexpress.fr/styles/diapo-photo/styles/mode/createurs-de-mode-chirurgie-esthetique-regime-relooking_1632959.html?p=4#content_diapo

Nadine Mouk

Cher Francis Lalanne, si tu veux prendre des vacances, la relève est assurée: l’inénarrable Nadine Morano est toujours en veine d’un calembour et prête à nous faire rigoler.

La semaine dernière, grâce à toi Nadine, j’ai pu me fendre la gueule comme ça faisait longtemps : « La France, pays de race blanche », j’ai même cru que tu présentais chez Ruquier un nouveau spectacle comique. Tu m’as aussi rappelé mon sujet du bac philo : « Peut-on dire n’importe quoi n’importe comment » et j’ai enfin ma réponse, c’est oui.

Faisant référence à des propos dé-contextualisés et rapportés du Général de Gaulle, tu lances ça comme s’il s’agissait du « Vous m’avez compris », qui aurait de nos jours pété le record de vues sur Youtube, et pas d’une obscure déclaration faite en off, à son Ministre de l’Information, un peu comme quand moi, je critique le pantalon de ma copine en son absence, parce qu’objectivement il lui fait un gros cul. Donc déjà, ta référence ne tient pas la route. Mais bon, en général, il n’est pas nécessaire de vérifier les sources d’une plaisanterie, surtout si c’est la poilade.

Et c’est le cas ! Car il apparaît impossible que quelqu’un qui a été ministre – donc, qu’on suppose véhiculer un certain niveau – puisse sérieusement clamer une sentence d’une bêtise aussi crasse. On en arrive ainsi à une conclusion bi-céphale : soit, tu es bête à bouffer du foin, soit, tu as choisi d’essayer de voler les électeurs du FN par le biais d’une polémique outrancière visant une séduction par le bas. Et si c’est ça, alors, tu es diabolique. Rien qu’à relire tes tweets, sous cet éclairage, m’a fait froid dans le dos.

Malheureusement pour toi, tes pairs ont l’air de pencher pour la première possibilité – en l’occurrence, que la machine à recourber les bananes n’est pas ton oeuvre. Lors de la réunion de parti qui a suivi ton intervention magistrale chez Ruquier, ton mentor Nico s’est interrogé : « Que dire de la stupide Nadine Morano ? » Douze jours plus tard, tu perds ton investiture aux régionales. Ton propre camp ne te suit plus, alors que tu ne faisais que pousser plus loin leur orientation déjà bien engagée à tribord toute. Tout porte à croire que tu ne souhaitais pas te faire débarquer du bateau électoral, et donc que Guy Bedos, ton ennemi de prétoire, a raison.

Mais moi je dis, que c’est facile de pointer du doigt sur celui qui a pété. Tu es quand même titulaire d’un DESS en communication, tu as été secrétaire d’Etat puis ministre délégué, je me dis, ce ne sont pas de fonctions qu’on confie à la légère et qui plus est à des décérébrés, non, à l’instar d’un Dieudonné, tu as choisi de passer pour une imbécile afin de te démarquer.

Alors sois rassurée. Tu y es parfaitement arrivée. Au point que plus personne ne parle de la sortie maladroite de Maïtena Biraben sur le « Discours de vérité » du FN. Ah, y a pas à dire, pour faire bien passer un message, rien de tel que l’humour, fût-il douteux.

Cher lecteur du mercredi, car j’aimerais bien qu’on soit tous les jours dimanche, pense bien à rire de tout et à dire des conneries, car on ne sait jamais, il se pourrait bien que ta liberté d’expression se fasse atomiser un jour par la bêtise…

Le mois des arracheurs de dents

Si ta mère a bien fait son taf, alors tu es familier de la politesse et du respect. Tu sais que mentir, tromper et voler c’est mal, qu’on ne pose pas ses coudes à table, qu’on ne fume pas dans un ascenseur, qu’on n’impose pas sa conversation téléphonique ni même sa sonnerie de smartphone dans les lieux publics, et qu’on ne mâche pas son chewing-gum bouche ouverte, bref, la liste n’est pas exhaustive.

Et donc tu es parfaitement au courant que l’honnêteté est une qualité indispensable pour être quelqu’un de bien.

Alors j’imagine que, comme moi, ces derniers temps, tu en es tombé de ta chaise devant la multiplication de contre-exemples à tous ces efforts maternels. Pour ma part, je n’ai toujours pas réussi à remonter dessus.

Volkswagen truque ses moteurs pour pouvoir passer les tests aux Etats-Unis. Ça fait un peu penser au Tour de France, y en a un qui se fait gauler au contrôle anti-dopage, et tous les autres aussi dopés que lui, sont tranquilles jusqu’à la fin de la course. Mais bon, il n’empêche que Volkswagen te ment, même s’il y a de grandes chances que tu te foutes de l’avenir de la planète en achetant un diesel.

Adrien Desport, ancien cadre FN, brûle dans la commune de Mitry-Mory 13 voitures afin de faire croire à une montée de l’insécurité. Ou comment un seul homme est à la fois la cause et la solution à l’insécurité : t’es content si t’es son voisin, sauf peut-être si tu as un garage. Mais bon, il n’empêche qu’il te ment, puisque ce n’est pas la racaille que tu croyais qui te fait peur, mais une autre, qui écoute certainement moins de rap et de R’n’B.

Rachida Dati, qui refuse de se prononcer sur ses relations présumées avec GDF-Suez car elle a « déjà répondu » (oui mais quoi ?) à la journaliste Elise Lucet, qu’elle qualifie de « pauvre fille à carrière pathétique », démontre ainsi d’une manière fort élégante à quel point elle n’a rien à se reprocher (et encore, je jette un voile pudique sur les robes Dior qu’ont payées mes impôts sous couvert de « frais de représentation » pendant que je fais des économies de bouts de chandelle chez H&M). Mais bon, il n’empêche qu’elle a une attitude super louche, sinon GDF-Suez aurait démenti avoir une relation commerciale avec elle, et de fait, il n’y aurait dans ce cas eu aucune raison de ne pas clamer une fois de plus son innocence face à une caméra. Apprends ta leçon ami lecteur : quand tu t’énerves, au mieux t’as l’air d’un con, et au pire, d’un coupable (la robe Dior n’y change rien).

Et, on ne s’en lasse jamais, un petit rappel de nos évadés fiscaux à degrés divers : Dominique de Villepin et ses bureaux basés si judicieusement à Londres, cet homme au métier aussi mystérieux que le sourire de la Joconde, sauf que l’on sait maintenant qu’elle ne souriait pas à cause de ses chicots, les normes d’hygiène se sont un peu durcies depuis ; les filiales françaises de grands groupes, Apple, Amazon, Ikea ou LVMH, partis voir au Luxembourg si le Trésor Public y était (un sms anonyme me confirme que non, sortez la boule à facettes) ; et bien sûr le champion toutes catégories Cahuzac, qui a juré « les yeux dans les yeux » qu’il n’avait pas de compte caché en Suisse.

Alors tu dois te dire comme moi que visiblement, toutes ces personnes s’en foutent complètement d’être quelqu’un de bien. Et s’assoient sur l’éducation qu’ils ont sans doute reçue, même si on n’est pas allé vérifier, hein, il doit bien y avoir un ou deux candidats à psychanalyse intense dont les parents avaient pris des RTT pendant leur enfance. Tu dois aussi te dire que l’honnêteté ne fait pas bon ménage avec l’argent et le pouvoir, puisque, plus tu montes dans les sphères sociales, plus les enjeux économiques sont importants, plus la fraude a du terreau fertile pour pousser.

Certes, tu ne sais pas si tu ne ferais pas pareil, ton cul sur un fauteuil en cuir. Mais de là où tu es, tu te dis comme moi qu’on se fout sacrément de ta gueule, « les yeux dans les yeux ». Que rien ne prouve que PSA, Chrysler, et toutes les autres marques de voiture ne trafiquent pas aussi leurs tests. Que pour une Rachida sous les feux de la rampe, combien d’autres plus malins ont joué la carte de la discrétion. Que pour un Adrien Desport qui brûle lui-même les voitures (des Volkswagen ?) combien truquent des chiffres, montent en épingle de petits faits et j’en passe, pour leur faire dire ce qu’ils ont envie ?

Alors maintenant que tu sais qu’il y aura toujours une farce dont tu seras le dindon, tu peux quand même partager ma constatation : la malhonnêteté n’est pas discriminante. L’homme et la femme sont parfaitement égaux devant le mensonge. Et ça, c’est quand même rassurant. La loi en faveur de l’Egalité Hommes-Femmes n’aura pas tout loupé.

Bonne semaine ami lecteur, et si tu as besoin d’acheter une voiture, c’est le moment d’aller chez Volkswagen, tu pourras négocier à mort. Tu feras juste attention où tu vas la garer. A la prochaine !!!

Si les Ricains n’étaient pas là…

Monsieur le Migrant,

J’ai bien reçu ta candidature de demande d’asile et d’hébergement, et je te remercie de me l’avoir envoyée. J’ai bien pris note des arguments que tu avances, que la situation chez toi en Syrie est devenue invivable entre le régime au pouvoir et les rebelles, au point que tu as laissé femme et enfant derrière toi (mais ça peut-être que, comme en occident, ça t’arrange).

Je ne suis pas insensible à ta détresse, loin de là.

Mais ma situation n’est pas si simple.

Dans mon beau pays, on est copains comme cochons avec les Etats-Unis, depuis le Débarquement en fait, dont on paie encore l’addition, ça remonte à loin tu vois, une amitié pareille, ça lie, et on ne peut pas dire n’importe quoi. On ne peut pas dire, par exemple, qu’ils peuvent se nettoyer tous seuls le dawa qu’ils ont mis dans ton pays, puisque financer les rebelles moyennait de nettoyer le dictateur, ce qui a un peu foiré au vu de leurs mauvaises fréquentations et maintenant on a deux problèmes sur les bras. On ne peut pas dire, bienvenue dans les années soixante-dix, bienvenue dans la Guerre Froide 2.0, avec les méchants russes qui soutiennent Damas, et les gentils ricains qui soutiennent l’opposition, et nous dans tout ça, on n’a rien à faire là. On ne peut pas dire, qu’ils n’ont qu’à t’accueillir chez eux, dans leur rêve américain, puisque sans eux, moi petite aryenne, je serais probablement encore là, mais peut-être pas la totalité de mes amis.

Et puis tout ça ne nous arrangerait pas du tout, car avec nos amis américains, on est très contents que, depuis que c’est la merde dans ton pays, les prix du pétrole ont baissé. Et je peux te dire, qu’à la pompe à essence, ça fait une sacrée différence.

Alors comme d’habitude, je vais rester sur mon nombril avec mon plein au rabais, et je vais mettre mon kit nuit Air France pour ne pas regarder vers toi, ni vers l’Ukraine, dont on ne parle plus trop bizarrement. Et pourtant, cette Ukraine dont moi, personnellement, misérable petite contribuable française, je me contretape, reste un enjeu majeur entre l’Europe et la Russie, puisqu’elle est encore actuellement le passage obligé du gaz russe vers l’Europe. Elle est aussi la voisine de la Crimée, port de surveillance et piste d’atterrissage militaire, point aussi stratégique que la rue des Francs-Bourgeois peut l’être pour mon shopping parisien. L’Ukraine, un potentiel unique de gros merdier en mondovision : prends tes places.

Alors, Monsieur le Migrant, je fais le tri dans mes dossiers, et je me rends bien compte que tu ne me coûteras certainement pas plus cher, comme le dit si bien Nicole Ferroni, que l’évasion fiscale, ou encore les 11000 et quelques euros d’indemnités mensuelles d’un sénateur dont la moitié n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu et versée à des sénateurs souvent invisibles au Sénat. C’est certain. Mais comme je suis déjà saignée à blanc pour financer ce genre de conneries honteuses, je ne peux guère plus te sortir un euro supplémentaire pour t’aider.

Mais mes impôts t’ont quand même aidé un peu, puisqu’ils ont subventionné cette gentille consule honoraire de France à Bodrum en Turquie, qui vendait à tes copains de galère si j’ose dire, des bateaux pneumatiques et des gilets de sauvetage.

Et puis, si toi tu es gentil, peut-être que ton voisin de migration voudra faire un tour Porte de Vincennes, dans un train ou dans une rédaction lambda, histoire de faire un peu le ménage. Comment le savoir, puisqu’en France nous ne distribuons pas, comme nos amis américains, des questionnaires hyper précis et très utiles sur le contenu de notre trousse de toilette à tout nouvel arrivant (du genre « Avez-vous l’intention de mener des actions terroristes sur notre territoire ? » Tiens, et si je répondais oui, pour voir ?). Nous, tout ce qu’on peut faire, c’est avoir confiance en ta parole, ce que j’essaie présentement de faire.

Mais malheureusement, la vie est une histoire d’argent, alors je me contenterai de te rappeler le montant de la dette publique française : 2089,4 milliards d’euros, soit 97,5% du PIB. Hé oui, c’est flippant.

Alors je sais bien que tu fais ce que tu peux, et que tu n’as pas pu entrer dans les pays du Golfe, qui gentiment te proposent de te financer la construction de Mosquées en Allemagne ; mais je crois bien qu’actuellement, c’est un peu le cadet de tes soucis. Surtout quand tu te rendras compte que l’Europe, c’est pas l’El Dorado.

Tu verras, en France on est loin d’avoir la palme de la sympathie et de la politesse. Alors c’est sûr, c’est mieux que de te prendre un obus dans la tronche, même si ici, tu te prends quand même, après tout ce que tu as traversé, une chanson de Francis Lalanne sur ton calvaire. Et ça, c’est hyper rude. Mais tant que le pognon dominera le monde, tu vas continuer de galérer.

Un peu comme nous tous, d’ailleurs. Moi, en tout cas, c’est sûr : célibataire, et sans enfant, la note finale elle tombe toujours dans ma poche.

Mais je ne désespère pas : le retour de la Guerre Froide, c’est un peu mon Dallas à moi, et le moins que l’Amérique puisse faire pour moi, puisque je lui suis éternellement redevable pour le Soldat Ryan, c’est de m’assurer le spectacle.

Allez bon dimanche ami lecteur, et va payer tes taxes, la Fonction Publique a besoin de toi, pendant que je lancerai un avis de recherche pour retrouver ma générosité, partie faire un tour depuis le passage à l’euro : si vous la voyez, dites-lui qu’un geste peut toujours s’avérer déductible… A la semaine prochaine !!!

Pourquoi il ne faut pas cracher dans la soupe aux ex

NB : par facilité d’écriture dû au sexe de l’auteur, l’ex généralisé est masculin. Mais le fonds du propos est unisexe. Ami lecteur, fais la gymnastique mentale de supprimer tous les « e » du féminin, et tu verras. 

Le premier réflexe après une séparation, qu’on soit larguant ou largué, c’est de verser un seau de merde sur l’ex tout frais, histoire de le rendre un peu moins frais justement.

Si on est larguante, il faut bien justifier le largage, et couper la chique à tous ceux de vos amis qui aimaient bien l’ex.

Si on est larguée, en général, on n’est pas très contente. Balancer sur son ex, c’est un peu comme gratter une plaque d’eczéma, ça soulage sur le moment. Puis ça revient. Il faut alors continuer, ou bien trouver une diversion, actionner un ventilateur (=draguer dans les bars), mettre de la cortisone (=se taper un mec pansement), que sais-je.

Donc, dans les deux cas, il est parfaitement logique, voire légitime, de déballer les anecdotes humiliantes (radineries dissimulées ou évidentes, photos dévalorisantes, maniaqueries diverses, mesures précises d’appendices et comparatifs…).

Si d’aventure tu peux les immortaliser dans un livre (merci Valérie T., sainte patronne des cocues humiliées qui prennent leur revanche, pour cette idée lucrative) ça peut te faire trois ronds, mais c’est rare. Le cas général, c’est que tu fais partie soit du sous-groupe 1 : ton ex se véhicule dans une proximité géographique de moins de 20 kms ; soit du sous-groupe 2 : il habite au-delà des 20 kms et qu’il y soit bouffé par les rats.

Le sous-groupe 1 est de loin le plus riche : l’ex de proximité.

Il peut faire partie de ta bande d’amis : c’est la misère. Outre l’inévitable scission (ceux qui sont de ton côté, et les bâtards de traîtres qui sont du sien) qui provoque une coupe sèche dans le nombre de tes amis, tu dois aussi jongler avec le résidu qui ne veut pas choisir, catégorie d’individus flasques aussi consistants qu’une pana cotta, consensuels à mort, qui « vous aiment bien tous les deux » (mais comment est-ce possible ? Et en 1942, elles auraient fait quoi, exactement, ces espèces de moules ?) et qui te laissent te démerder avec la question « lequel des deux va à la soirée ? »

Petite parenthèse concernant ce dernier cas : je préconise toujours d’aller à toutes les soirées. Votre ex finira bien par en avoir marre de voir votre trombine et votre mauvaise foi triomphante, et il restera chez lui. Les absents ayant toujours tort, vous voyez un peu le topo, veni, vidi et vici.

Par ailleurs, l’ex qui squatte votre bande d’amis (ou vous la sienne) à moyen terme, ça vire au vinaigre, parce qu’il y en a forcément un qui se recase avant l’autre, et là, si ce n’est pas toi, pour conserver ta face, bonjour. Ta dignité ne veut plus t’accompagner à aucun apéro.

L’ex de proximité peut aussi faire partie de ton environnement professionnel, car bien entendu, on a eu beau te répéter le principe de base : « no zob in job », tu l’as complètement rayé de ton cerveau quand ce beau gosse de ton travail t’avait invitée à boire un verre. Du coup tu te retrouves à la cantine Sodexho enveloppée dans des malaises cosmiques quand ton plateau heurte le sien et te voilà obligée de le saluer, ou pire, de lui demander comment il va (ce dont tu te fous de l’au-delà, et plus encore s’il va bien, s’il s’est marié et s’il a des moutards, pendant que toi, célibataire, tu es la proie du Trésor Public, qui capitalise sur ton incompétence familiale).

Le sous-groupe 2 est nettement plus confortable (c’est même la charentaise de l’ex) : l’ex aux antipodes.

Tu n’es plus obligée de te farcir sa tête d’abruti : tu ne le croises plus. Ce qui, au passage, t’évite aussi d’avoir un casier judiciaire, puisque tu l’aurais volontiers, en plus du costard, taillé en pièces. D’ailleurs, la distance raccourcit la durée de prescription, et tu peux d’ores et déjà te débarrasser de cette poupée vaudou que tu avais réalisée à son effigie, et dans laquelle tu avais planté, en plus des clous réglementaires, un pieu en bois, juste au cas où ce fumier t’aurait caché, en plus de diverses liaisons avec des femmes qui n’étaient pas toi, une nature de chauve-souris anthropophage (et pourquoi pas, un degré de nazitude comme le sien, c’est surnaturel ou j’y connais rien).

Pour cet ex aux antipodes, tu te dis, comme il est loin, je peux lui péter une raffinerie entière de sucre sur le dos, voilà un plaisir gratuit et inoffensif. Pour les ex de proximité, tu hésites un peu, puis, en situation de confiance entre amis, tu balances, ni vu ni connu, un petit secret salace redorant ton blason soit de méchante hyper drôle, si tu as envoyé balader ce gentil garçon qui ne le méritait pas, soit de fille compatissante et également hyper drôle si c’est le garçon qui t’a envoyée balader, alors que tu supportais patiemment ses insuffisances.

En définitive, tu dénigres tes ex, tu penses que ça te fait du bien. Que de les rabaisser va, par un effet naturel de levier, te remonter vers les cimes d’une désirabilité maximale. Tu te trompes. La valeur ajoutée ne provient jamais de l’accessoire. Elle est intrinsèque. Et puis, ça voudrait dire que tu t’es tapé des schmocks finis sans t’en rendre compte, ce qui fait de toi une sacrée bécasse.

Reste classe.

Au pire tu laisseras le sale boulot à ton avocat, et toi-même tu vogueras sur les eaux limpides de la distinction, sereine.

Ça t’ouvrira bien des possibilités.

Car, en plus de supprimer nombre de moments aussi inopinés qu’embarrassants dans ton quotidien, tu pourras enfin t’approprier ce judicieux conseil d’une amie à l’apéro à la question posée dans le titre de cet article : « quand t’es toute seule, tu fais ton répertoire. » 

Cher ami lecteur du weekend, échange donc un peu ta langue de pute contre une langue de boeuf, et tu seras peut-être un peu plus gros, mais surtout, beaucoup plus sympa, et tu verras, tu t’éloigneras de cette personne aigrie et bilieuse que tu commençais à devenir à force de lire le courrier de ton Centre d’Impôts, et les gens t’aimeront davantage ! A la semaine prochaine !

La dictature du rire procédurier

Pour reprendre cette grande pensée de Charlie Chaplin, une journée où je n’ai pas ri est une journée perdue.

Hier donc, n’a pas été une journée perdue, puisque je suis tombée sur la publicité suivante :

« Vous êtes grosses, vous êtes moches… Payez 19,90 euros et soyez seulement moches ! » pour les salles de sport low cost « Vita Liberté ». Non, c’est vrai, objectivement, c’est très drôle. J’ai bien ri. Sauf que, au vu du déferlement de réactions négatives, j’ai découvert que j’étais « sexiste », « à vomir » et « grossophobe », rien que ça. Moi qui me trouvais plutôt très cool, étais-je dans l’erreur ? Etais-je devenue toute noire à l’intérieur ?

J’ai donc fait le point avec moi-même.

Sexiste. Hum. Effectivement, il y a une greluche (et pas si moche que ça, d’ailleurs) sur la publicité. Mais on pourrait faire la même pour les hommes, sauf qu’elle n’aurait pas du tout le même impact : l’homme soit s’en fout d’être bedonnant, soit ne se sent pas concerné (il est beau, il n’a pas attendu cette pub de merde pour faire du sport). Alors que nous, gonzesses, sommes totalement obsédées par notre graillou, et ensuite, quand quelqu’un se moque, on le prend mal : la méchante pub nous a traitées de grosses et de moches, pourquoi stigmatiser le physique, alors que je galère pour perdre ces 3 kilos que j’ai pris à Noël, misère de misère, et la beauté intérieure du Nutella, on en parle ?

À vomir, euh, tout dépend quand tu me regardes. S’il est 4 heures du mat en sortie d’un bar de nuit et que tu viens de boire environ 8 mojitos, c’est possible qu’en me regardant, tu vomisses.

Grossophobe. Ce n’est pas moi qui suis grossophobe, mais Photoshop, qui me met sous le nez des femmes élastiques aux jambes en chewing-gum tellement elles s’étirent à l’infini sans le moindre petit capiton. Et puis, soulagement, j’aurais pu aussi être mochophobe, et là, nous parlerions d’une discrimination à l’échelle universelle, sans aucun critère de race, de sexe ni de religion. Sauf que moi, on ne m’accuse que d’être grossophobe, on me reproche d’être ce petit esprit étriqué qui stigmatise l’immobilisme, la télé, le canapé et le paquet de chips, simplement parce que j’ai ri à une publicité, dont je pourrais tout aussi bien être la grosse, la moche, ou les deux.

Alors moi, qui suis résolument anti-nostalgique, je me prends à regretter l’esprit canal et les Nuls, quand tu pouvais regarder une fausse pub « Max-pet qualité filtre tout le bon goût du tarpé » sans que le CSA te tombe dessus pour incitation à consommer de la drogue, où Coluche traitait Michel Debré de « handicapé mental » sans se prendre un procès dans la tronche, bref où tout le monde comprenait le sens de l’expression « c’est pour rire ».

Mais comme on ne peut pas revenir en arrière, puisque désormais, je suis sexiste et grossophobe, je m’en vais boire un coup dans ce fabuleux petit bar australien de Sydney, où les plateaux sont des femmes dévêtues allongées sur les tables, sur lesquelles sont disposés les fruits de la fondue au chocolat. Et à celles qui seront trop grosses, je donnerai le téléphone de la salle low cost.  Et au passage, je leur montrerai toutes ces personnes qui ne savent plus rire, mais agresser les autres avec leurs aigreurs et leurs complexes. Car ce sont elles, les seules vraies moches.

Cher lecteur du dimanche soir, je te salue en te rappelant cette parole du regretté Pierre Desproges :  « on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ».

Et si tu passes par Sydney, va voir ce bar sympathique, dont tu apprécieras, j’en suis sûre, le raffinement :

http://www.huffingtonpost.fr/2015/08/27/sexisme-bar-australien-polemique-femmes-nues-plateaux-reseaux-sociaux_n_8047486.html?ncid=fcbklnkfrhpmg00000001

Cher Père Noël, cette année je voudrais un gilet pare-balles…

Je sais bien que l’été n’est pas encore fini, mais des fois que je change d’avis en voyant cette très jolie bourse brodée hiver 2016 Vanessa Bruno, je voudrais que tu enregistres fermement ma commande afin que je ne puisse plus revenir dessus même si un pull Zadig et Voltaire me fait de l’oeil.

En effet, j’exécute dans mon quotidien des tâches ô combien risquées : je marche dans la rue, je me rends parfois à Paris en train.

Bon, c’est vrai, en général, je prends le TGV, pas le Thalys (quelle misère, tu meurs autant d’ennui, mais l’agonie est dix fois plus longue). Mais quand même. Maintenant, ce n’est plus d’ennui que tu meurs, tu peux te prendre une ou plusieurs balles dans l’abdomen comme qui rigole, entre ton sandwich dégueulasse à 8 euros, et ton café infâme à 5, accompagné de sa pâtisserie industrielle, au moins aussi terrifiante que l’islamiste radical qui pointe son colt 45 vintage sur toi.

Car il n’y aura pas toujours ces 4 Captain America dans ta rame, prêts à braver la mort pour te sauver, toi et les 500 autres passagers du train, comme dans le Paris-Arras d’hier. N’exige pas non plus le synopsis auprès du service réclamations de la SNCF, tu n’es pas dans un film de Jason Statham, avec des cascadeurs et du placement de produits. Même s’il n’y avait pas eu de rôle distribué aux américains lors de la fusillade du 7 janvier, Barack Obama n’a pas mis ses scénaristes à contribution, pour faire une suite avec 4 de ses héros militaires (l’agent de Bradley Cooper était pourtant sur le coup). Non, dans ton train français, il n’y avait que Jean-Hugues Anglade qui avait passé le casting.

Alors toi, petit passager lambda, tu aimerais bien éviter toutes ces superproductions de films d’action à la noix, tu aimerais bien prendre ton train sans te faire dézinguer ni prendre un abonnement chez le psy pour gérer le post trauma. Tu te demandes aussi raisonnablement comment un gars équipé d’un « armement lourd » a pu monter tranquille avec toi, parce qu’une Kalachnikov, ça ne se cache pas dans un slip, ni dans une poche intérieure zippée. Tu te souviens alors que toi, on t’avait regardée de façon suspicieuse parce que tu avais un coupe-ongle dans le sac (ah non, ça c’était à l’embarquement dans l’avion, quand tu avais enlevé ta ceinture, tes 3 bracelets, ta montre, tes clés et tes bottines à chaîne, et que tu continuais à biper comme si tu étais hyper-louche). Et puis, quand tu apprends que l’équipe du Thalys s’est enfermée dans la motrice, tu te dis que finalement, tout est normal, c’est toi qui es conne de penser qu’une entreprise de service public puisse tenir compte de toi, tu sais bien que tes impôts ne servent pas à cela.

En plus, si tu as survécu à la fusillade, tu n’es en revanche pas sûre de survivre à la récupération du bordel par le Front National, avec Marine qui ne va pas manquer de te rappeler, petite aryenne blonde aux yeux bleus que tu es, à quel point tu es la cible d’attaques terroristes barbares, il est beau mon poisson, il est beau, viens voter pour lui, et toi c’est justement là au milieu de toute cette haine que tu es vraiment terrorisée.

C’est pourquoi, cher Père Noël, car je souhaite continuer longtemps à prendre mon TGV, sans que ma cervelle ne saute, je te demande cette année un gilet pare-balles, pour commencer à améliorer ma sécurité. Je n’ai pas envie de rester chez moi, à faire mes courses sur Internet et à parler à un écran. Et s’il te plaît, prends-moi une taille XS. Et peut-être que tu trouveras un petit modèle sympa, dans une collection éphémère, dessiné par Rick Owens, Victor & Rolf ou Stella McCartney. Comme ça, la prochaine fois qu’un gars fera un braquage dans un train (ça ne s’invente pas non plus, il aurait témoigné être armé pour ça), puisque, c’est bien connu, la SNCF transporte des lingots d’or et des millionnaires (probablement attirés eux aussi par la prestation unique du wagon restaurant), je serai, moi aussi prête pour mon quart d’heure de gloire, avec mon gilet griffé, et s’il ne vise pas la tête, je pourrais même sourire à la caméra de BFM TV.

Et pour plus de prudence l’année prochaine, je te demanderai un casque assorti.

Sur ce, cher Père Noël, et amis lecteurs du weekend, je te salue, fière de n’avoir fait aucun jeu de mot pourri sur les rails de la SNCF ou autres. Et ça, c’est vraiment un exploit.

Bloody marathon (âmes sensibles s’abstenir)

Ma mère me reproche souvent d’être un calamar de la mobilisation,  affirmant que ma génération et les suivantes devraient se secouer pour changer les choses, et surtout qu’avant on se bougeait plus la couenne (Mai 68).

Certes, il y a bien eu le 11 janvier 2015 qui nous a fait mettre le réveil un dimanche matin alors qu’on était tous ensemble à l’apéro la veille. Mais pour être tout à fait honnête, ma manif précédente remonte au 4 décembre 1986, où, fière élève de quatrième, j’étais infiniment heureuse de sécher mon cours d’EMT (Education Manuelle et Technique, souvenez-vous amis quadras) pour manifester contre la loi Devaquet à laquelle je n’avais bien entendu rien compris.

C’est vrai : se mobiliser, ouvrir bien grand sa bouche pour faire bouger les mentalités, prendre des risques, c’est important. Cependant, un événement dont j’ai pris connaissance hier me pose question : quelles sont les limites de la prise de position ?

Petit résumé des faits : au cours du dernier marathon de Londres, la batteuse de M.I.A., Kiran Gandhi (un nom qui ne s’invente pas) a décidé, accroche-toi, de faire, en pleine période de règles, cette course de, je le rappelle, 42,195 kms, sans tampon périodique.

Je t’avais prévenu, ami lecteur, que ça allait être insoutenable.

Car, bien entendu, l’article était accompagné de photos (faites passer les sacs à vomito).

On y voyait la musicienne en collants de course rouges, avec deux espèces de volumineuses tâches maronnasses entre les cuisses, l’air réjoui quant à ce qui aurait été pour nous, mesdames, notre pire cauchemar, et je ne suis pas persuadée que la gent masculine ici présente cautionne cette expression anatomique hygiéniquement douteuse.

Le mobile de cette action soi-disant militante était, dixit la madame, pour « toutes mes soeurs qui n’ont pas accès aux tampons et pour toutes mes soeurs qui, en dépit des douleurs menstruelles, les cachent et font comme si ça n’existait pas », et aussi pour surmonter la honte provoquée par les périodes de règles, bref, une prise de position anti-sexiste comme on n’en voit plus (heureusement).

Nous voilà face à des possibilités infinies d’actions de lutte sociale d’un type nouveau : cessons par exemple  de nous torcher les fesses après une diarrhée, car certains vivent dans des conditions d’hygiène déplorable. Gardons le tee-shirt couvert de vomi après une cuite pour en découdre avec l’alcoolisme. Laissons s’exprimer le civisme, mais si possible sans le passer à la machine, c’est plus écolo.

Toutefois, il semble que cette belle idéologie ne soit pas seule à l’origine de cet acte militant 2.0 : en effet, la musicienne avoue avoir eu peur que le tampon ne la gêne pendant sa course. Mais comme toute pub est bonne à prendre, elle conclut : « S’il existe une façon de transcender l’oppression, c’est de courir un marathon de la manière que vous voulez ».

Euh… non.

C’est juste dégueu, en fait.

Bon dimanche ami lecteur, et surtout, ne prends pas les gens pour des cons. Ils ne le sont pas tous.

Et si tu n’as peur de rien, voici les photos :

http://www.people.com/article/kiran-ghandi-runs-marathon-without-tampon-bleeds-freely