Débranche !

Parce que j’aime vivre dangereusement, je suis partie passer des vacances à Paris en pleine période de soldes : les pintades bobos en quête de la bonne bottine à la bonne pointure font bien plus peur que Daesh, croyez-moi.

Je suis venue à Paris en train.

J’ai ensuite pris le métro.

Surtout la ligne 1, qui a ça d’intéressant que tu peux regarder les gens d’un bout à l’autre de la rame. Et là j’ai été frappée par une évidence : 1 personne sur 2 est scotchée sur son portable. (Parfois c’est moi, c’est dire). Un truc de dingue : soit ils pianotent comme si leur vie en dépendait, soit ils ont un casque vissé sur les oreilles et ils ferment les yeux.

Bref, ils sont ouverts sur le monde.

JE suis ouverte sur le monde, en consultant dix fois par jour le nombre de likes de ma dernière photos instagram partagée sur Facebook. Pire : comme tout le monde, je prends tout le temps la même photo, un selfie de groupe avec mes amis ou une photo des verres qu’on vient de se servir, d’une importance artistique ô combien supérieure aux passionnantes photos du plat qu’on va manger que j’exècre. Bon, c’est un peu Apple qui se fout de Microsoft (…je crois que je vais plancher sur une autre comparaison…)

Suis-je prête à lâcher mon portable deux secondes (minutes, heures) ?

Que vais-je louper si je le fais ?

Techniquement, euh rien. En 1998, je n’avais même pas de portable, on se donnait rendez-vous via un téléphone fixe de la taille d’une boîte à chaussures, et on avait intérêt à être à l’heure, sinon un des deux poireautait comme un crevard. Dans les transports en communs, on lisait des livres ou des magazines.

Désormais, je fais défiler (sauf exception) des photos aussi formidables d’originalité que les miennes, et culturellement, je ne prends aucun point.

Si un mec pas mal s’est assis à côté de moi, je ne l’ai pas remarqué, occupée que j’étais à liker pour que des amis et des inconnus me likent en retour. Je pose même mon téléphone sur le bureau de ma banquière, juste à côté de sa tablette à elle. Au restaurant, le serveur prend la commande sur un Ipad, lui aussi.

Et si d’aventure je n’ai pas de réseau, j’ai l’impression que ma vie est en suspens.

Cependant, ma vacuité profite quand même à quelqu’un : à chaque seconde, Facebook rapporte à son créateur entre 300 et 400 €, soit près d’un milliard par trimestre, grâce à ses 1,39 milliards d’utilisateurs dont 890 millions sont actifs quotidiennement, quand on sait qu’en France on n’est « que » 66 millions, ça fait peur.

Heureusement, en 2015, 12 personnes sont décédées en prenant un selfie, contre 8 dans une attaque de requin (et oui, il y en a qui font des enquêtes de malades) : selfie pris en moto en roulant (et paf le chien), chutes de ponts, carbonisation sur le toit d’un train, et, le meilleur, fracassage de crâne contre la cuvette des toilettes pour avoir tenté de prendre un selfie accroché à la porte déguisé en Bob l’Eponge (un esprit aussi créatif, quelle perte majeure pour l’humanité), bref, 12 demeurés de moins (paix à leurs âmes) pour nous rappeler que seuls avec nos petites boîtes virtuelles, nous devenons épais comme des briques, cons comme des poules qui ont trouvé un clou.

Alors, comme j’en ai assez de cliquer et surtout, de louper les beaux gosses dans les transports en commun, je m’en vais passer des vacances à Green Bank, petite ville des Etats-Unis (West Virginia), où les objets connectés sont illégaux, pour me mettre au vert de mon IPhone et de ses mises à jours hebdomadaires. Je pourrai alors remercier le télescope du monde de me permettre de vivre une parenthèse sans wi-fi, sans portable ni four à micro-ondes, pas même de portail télécommandé. Et je pourrai aller voir les gens chez eux pour leur demander comment ils vont en les regardant droit dans les yeux. Parce qu’une chose est sûre : l’apéro sur Facebook, c’est aussi sordide qu’un Bolino au dîner.

A ton tour, ami lecteur, relève le défi, libère-toi et mets-toi en mode nuit même le jour, sors de chez toi et pars trinquer quelque part avec des amis : ça te rendra plus heureux que de cliquer avec personne. Et surtout, jette ta perche à selfie. Tu auras l’air plus intelligent. Et ça, c’est déjà quelque chose.

A la semaine prochaine !

Star Wars : Le Réveil (difficile) de la Force

Hier soir, j’ai pris la copine et les lunettes 3D et me voilà désormais prête à mourir : j’ai vu l’épisode VII.

C’était quand même l’événement cinématographique de la fin de l’année 2015. Tous ces fans de la première trilogie au taquet, un peu comme si Casimir annonçait son retour, quelle belle mobilisation… Il n’y a pas à tortiller des fesses, les idoles de l’enfance, c’est sacré.

Alors en regardant ce film tant attendu, je m’interroge : la directrice de casting s’est-elle barrée aux chiottes pendant le casting ? Ou pire, est-elle raciste ? C’est à se poser décemment la question. Démonstration : Finn enlève son casque dans une des toutes premières scènes du film. Le charisme, lui, a dû demander sa journée : on le cherche encore dans le casque. Que s’est-il passé ? Des professionnels n’ont pas pu passer à côté de son aura de calamar. Il s’agit donc d’un choix voulu, destiné à démontrer que la diversité n’a pas sa place dans les films, puisque les acteurs de la diversité ça ressemble à ça : et ça fait peur.

La peur étant le contraire de l’amour, tu imagines le désastre, d’autant que le gars est quasiment dans toutes les scènes.

Quand on sait qu’il est possible de caster Denzel Washington, Jesse Williams, James Pickens Jr, Omar Sy, Will Smith, Morgan Freeman, Samuel Jackson, Lawrence Fishburne, Jamie Foxx, Forest Whitaker, Jussie Smollett ou Terrence Howard, et j’en oublie, comment John Boyega a-t-il pu atterrir dans un des rôles principaux du film le plus attendu de tous les temps, entre Daisy Ridley et Oscar Isaac ? Etait-il le fils de la directrice de casting ? Avec qui couche son agent ?

Du coup ça gâche un peu le plaisir visuel des batailles au sabro-laser, des poursuites spatiales à couper le souffle et des décors à t’en faire péter la rétine. Déjà que ce plaisir était entamé par la paresse du scénario… Lawrence Kasdan était-il lui aussi parti avec la directrice de casting au moment de l’écriture, ou bien est-il juste trop vieux (pourtant, 67 ans, ce n’est pas si vieux)? Quand faut-il s’arrêter au cinéma ? Quand le montant du chèque te fait oublier ton métier, sans doute…

Le « scénario » de Kasdan n’est qu’un clone des deux premiers films de 1977 et 1980 :

  • On avait Luke Skywalker, coincé dans le désert de Tatooine ? On a la jeune Rey à la place.
  • On avait le droid R2D2 poursuivi parce qu’il transportait le plan de l’étoile noire ? On a BB-8 poursuivi parce qu’il transporte la carte menant à Luke.
  • On avait Dark Vador ? On a Kylo Ren, même look, même combat (meilleur suivi ORL, cependant).
  • On avait Maître Yoda ? On a la capitaine Phasma (les oreilles en moins, les lunettes de binoclarde en plus)
  • On a toujours la scène du bar glauque à extra-terrestres ainsi que l’Etoile Noire, rebaptisée « l’Etoile de la Mort » (énorme travail sur le nom).
  • L’inénarrable « je suis ton père » sur la passerelle de l’Etoile noire, pardon, l’Etoile de la Mort, je ne sais plus où j’en suis.
  • Et bien sûr, répétons-le, le quota diversité, avec Lando Calrissian autrement plus classe que le fade Finn, sponsorisé par la Convention collective des hôtels, cafés et restaurants.

A la fin, tu attends que ton téléphone sonne et qu’on te dise que Rey est la fille de Luke (gros suspense).

Enfin, tu as beau connaître tous tes épisodes I à VI par cœur, tu ne sais absolument pas d’où sort le Nouvel Ordre.

Alors bien que je ne puisse pas dire que j’ai passé un mauvais moment, car mentir c’est mal, n’en déplaise à nos chers politiciens et hommes d’état, j’avoue que j’aurais presqu’envie d’aller signer la pétition pour le retour de Georges Lucas (ou pour une meilleure répartition du budget : un peu moins pour les effets spéciaux et un peu plus pour payer un vrai scénariste).

Mais mon impression de déjà-vu a été anéantie devant l’impuissance de la chirurgie esthétique à sauver Leïa et Luke des ravages du temps : devant ces faces de quiches au whisky, c’est clair, j’étais bien en train de voir un nouveau film. La preuve, c’est qu’Harrisson Ford, le seul à tenir la route, s’en est jeté dans le vide.

Ami lecteur, que la force soit cependant avec toi, surtout qu’en version française, tu dois supporter la nouvelle voix de C3PO, qui va te casser les oreilles jusque dans l’espace… A la semaine prochaine !

La Grande Evasion (fiscale)…

Le début d’année, c’est un gros moment d’hypocrisie.

D’un côté, ton taux de motivation est à son maximum, tu prends 42 bonnes résolutions (qui partent en fumée après la première série d’abdos qui t’aura tué le dos et le souffle), tu bois un bouillon (mais pas deux), tu es sur les starting-blocks en prévision des soldes, tu as passé une journée sans boire du blanc.

De l’autre côté, ton compte bancaire s’allège du premier versement de tes primes d’assurance. Pour les soldes, ça ne va pas aider. Et c’est là que tu te dis, que dans la vie, tout est question de proportions.

Aujourd’hui démarre le procès de Guy Wilderstein (famille de marchands d’art), sous le coup d’un redressement d’un montant de 550 millions d’euros.

Je répète : 550 MILLIONS D’EUROS.

Cette somme concerne 3 individus (lui, son neveu et sa belle-soeur).

Soit : pour donner une idée, environ 183 millions d’euros par tête, juste de redressement, ça donne une idée du montant possédé par cette famille, puisqu’il s’agit d’un simple pourcentage sur un montant total.

Moi, personnellement, pendant que mon pouvoir d’achat baisse chaque mois un peu plus, ça me donne envie de (au choix) :

  • gueuler jusqu’à ce que je n’aie plus de voix.
  • jeter un seau de merde sur cette famille car la vie est injuste.
  • jeter une benne de merde sur l’administration française, qui paie tout un tas de gens à ne pas faire grand chose voire rien (sénateurs, députés, sans emploi) puis va chercher chez moi de quoi les payer.

Je vais pouvoir rajouter cette joyeuse famille à la liste qui tourne sur la toile de tous ces français qui ne le sont plus (acteurs, chanteurs, sportifs, patrons et actionnaires devenus belges, suisses, monégasques), et de toutes ces sociétés qui ne l’ont jamais été (et pourtant génèrent un chiffre d’affaire bien français).

C’est quand même à se demander : l’héritière des parfums Nina Ricci, visiblement dans l’Air du Temps, condamnée, notamment, pour « organisation frauduleuse d’insolvabilité pour échapper à l’impôt ». En passant chez Séphora, je me demande bien qui a bien pu croire sa déclaration d’impôt (Olaf de la Reine des Neiges ?)

Et encore, même si ça mérite une douche à la bouse pour chiffrage indécent, on peut comprendre que le riche souhaite le rester. Ce qui me remue les intestins, outre l’énormité des sommes en jeu alors que j’ai du mal à me payer des vacances au-delà de 20 km, c’est quand ces évadés accèdent à des postes de pouvoir et décident de l’austérité supplémentaire que je vais devoir assumer.

Quand par exemple, le ministre du budget (ça c’est drôle) Jérôme Cahuzac possède des comptes en Suisse, tout en le niant effrontément, on peut se demander si les politiciens ne sont pas des sortes de mutants, totalement dépourvus du sentiment de honte, acceptant de postes de pouvoir tout en sachant qu’ils sont hors la loi, voilà qui est assez fascinant. Ou quand le secrétaire d’état au commerce extérieur et député Thomas Thévenoud s’arroge le droit de ne pas payer ses impôts et son loyer, pour « phobie administrative »… Je m’en vais de ce pas ne pas payer ce joli sac Gabriel Mansur pour phobie de caisse, tiens.

Une fois de plus, nous pouvons aller nous faire pousser des plumes et pondre des œufs, les riches continueront de magouiller pour conserver un argent qui nécessiterait pas moins de 3 vies pour pouvoir le dépenser, et les politiques, faire de la politique individuelle limitée à leur propre personne et son enrichissement.

Finalement ce monsieur Wildenstein a une attitude plutôt saine, quand on voit ce qui est fait avec l’argent public : on ne va certainement pas améliorer l’état des routes ou planter des arbres, mais plutôt augmenter les indemnités (passant de 2280 à 2661 euros par mois) des 158 conseillers de notre belle région dont la présidente, Mme Delga, choisit de ne pas renoncer à son confortable mandat de députée…

De toute façon, la somme à récupérer sur monsieur Wildenstein ne comblera pas le trou de la sécu (13 milliards d’euros) même en y rajoutant le 1,2 milliard récupéré grâce à la HSBC. (Parenthèse sécu : comment en arrive-t-on à creuser un trou de 13 milliards ? Qui est aux commandes d’un tel fiasco ? Olaf de la Reine des Neiges, encore lui ?)

Alors pour la nouvelle année, en attendant février et le procès de Monsieur Cahuzac, je fais le vœu qu’émerge un homme ou une femme politique sans casserole, sans condamnation, sans dossier dégueulasse, bref, un que je n’aurai pas envie de frapper à chacune de ses allocutions, pour que je puisse enfin aller voter sans avoir la sensation de me faire plumer comme si j’étais une gobe-mouche de compétition…

Rétablissons l’opprobre, cousons leur des lettres écarlates et jetons des tomates, mettons-les en ligne et surtout, cessons d’avoir la mémoire d’un poisson rouge, cessons de cautionner la corruption et de voter pour des personnes condamnées pour des délits graves.

Sur ce ami lecteur, je te souhaite une belle année 2016, avec un retour aux valeurs de base : comme par exemple, trouver une évasion fiscale aussi pour les salaires moyens… A la semaine prochaine…

 

Les copains de la COP 21

A partir du lundi 30 novembre 2015, nous voilà tous concernés par l’avenir de notre planète : la COP 21 démarre, avec 150 pays membres des Nations-Unies présents au Bourget pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et sauver les ours polaires.

Quinze jours de branlette annoncée déjà le 12 novembre dernier par John Kerry qui prévient que « il n’y aura pas d’objectifs de réduction des émissions juridiquement contraignants, comme cela avait été le cas à Kyoto ».

Bon ben, rentrez chez vous alors, ça coûtera moins cher au contribuable, même si ça n’allègera pas les émissions de kérosène balancées par tous les avions qui ont véhiculé ces aimables chefs d’Etat conviés à ce petit raout touristique à Paris.

Parce que, concrètement, que va-t-il se passer ?

L’Inde et l’Arabie Saoudite, gros producteurs de fleurs et d’air frais, ne veulent en amont pas entendre parler de révision des engagements.

La Pologne et son charbon plus blanc que blanc menace de quitter l’Europe si on lui fait baisser sa production. Et que dire du Brésil, de la Chine, et d’un paquet de pays émergents.

Donc, nous allons être saturés pendant quinze jours dans les médias de beaux discours à en croire à nouveau au Père Noël, ce qui tombe bien, c’est la période, mais qui nous rappelleront surtout, qu’à Noël il y a aussi une dinde, puisqu’aucune sanction dissuasive ne sera appliquée.

Essaie voir, fais un test. Propose à tes concitoyens de se garer correctement et de payer leur parcmètre, tout en spécifiant que s’ils ne le font pas, ils ne seront pas verbalisés, et tu verras ton efficacité : les parcmètres seront vides et les gens garés sur les trottoirs, devant les garages et sur des lignes jaunes. Essaie, je te dis, même une heure, et tu sauras vraiment ce que le mot bordel signifie. D’ailleurs, regarde bien, sur le passage piéton j’ai garé ma voiture.

Donc, c’est officiel, rien ne va se passer concernant le réchauffement de la planète et les ours n’ont qu’à envisager une mutation vers une pelade type le Sphinx, ce très vilain chat sans poils qui a tout compris. C’est sûr, le marché de la peluche devra être repensé, mais c’est bien peu de chose face à une espèce en voie de disparition. On pourra même peut-être créer quelques emplois.

Ce qui n’a pas disparu en revanche, et voilà tout l’intérêt de la COP 21, c’est son très haut potentiel de communication.

Obama dépose une rose devant le Bataclan.

Hollande demande un « accord contraignant » dans un beau discours en bois (et le bois, c’est écolo).

La fréquentation des palaces remonte de 77% par rapport à l’année précédente.

L’impact n’a donc rien à voir avec la fonte des glaces : non, on t’interdit juste, si tu es parisien, de faire quelques petits trucs (mais c’est pour ton bien) :

  • tu n’as pas le droit de prendre ta voiture ni le métro (donc tu ne peux pas travailler, ce qui est plutôt cool) ;
  • tu n’as pas le droit, par arrêté préfectoral, d’aller t’acheter des combustibles domestiques ni des feux d’artifices durant toute la durée de la conférence climat. Ça c’est sûr que tu vas être très ennuyé de reporter ton spectacle pyrotechnique. Pour ton poêle à pétrole, si tu n’as pas fait de réserves, hé bien tu te diras que le froid stimule les tissus, parce qu’avec ton nouveau détecteur de fumée, tu ne pourras même pas brûler une petite table basse sans attirer l’attention. Ce qui est d’autant plus dommage que tu n’as pas pu aller travailler, et donc tu vas te peler chez toi sans chauffage, acte écolo ultime.

Au-delà de ces petites conséquences, nous faisons tous semblant d’être concernés. Peut-être même croyons nous, pendant quelques instants, que nous le sommes vraiment.

Mais, dans ton quotidien, que vas-tu donc faire ?

Tu peux toujours trier tes ordures, mais quand tu entends la gentille madame employée de l’Etat à la déchetterie, « de toute façon, si dans la poubelle vidée, il y a un objet non recyclable qui s’est glissé, tout le lot repasse en déchets ménagers. » Sachant qu’il n’existe aucune liste ou façon précise de différencier le gentil plastique recyclable du méchant qui ne l’est pas, tu peux toujours trier mais une seule petite erreur et tu t’es pris la tête pour rien.

Ah si : tout le papier et le carton sont recyclables, s’ils sont propres. Là, tu ne fais pas de boulette. Le Voici, il va bien dans la poubelle jaune, et servira à fabriquer des quotidiens plus sérieux (que tu n’achètes pas).

Tu aimerais bien faire du compost avec tes déchets végétaux, sauf que tu vis en appartement et c’est un peu compliqué.

Il n’est pas question bien entendu, que tu chauffes moins ou que tu utilises moins ta tablette, ta télé ou ton ordi. Ni que tu prennes moins ta voiture : aller bosser en plein hiver à vélo, même avec cette alléchante prime de 25 centimes d’euro par kilomètre qui se profile au loin, et te taper la tramontane : même pas en rêve.

Tu n’as jamais eu non plus l’intention de consommer moins, ton seul frein c’est la limite de ton porte-monnaie, et certainement pas le déclin de la planète, qui bien courtoisement, ne mourra pas de ton vivant.

Mais avec toute cette campagne de COP 21, par moments, tu culpabilises.

Tu te demandes, dans un élan de bonne volonté, ce que tu pourrais vraiment faire.

Et puis ton regard se pose sur ta voiture, un immonde diesel, la honte est sur toi. Tu fais alors une tentative pour budgétiser l’achat d’une voiture moins nocive pour l’environnement.

Et tu sais très bien qu’il te sera impossible de caser quelque part un crédit supplémentaire, car tout ton extra cash est parti dans tes impôts divers, ainsi que dans l’augmentation annuelle que t’impose ta supérette au début de chaque été à l’arrivée des touristes, et qui perdure à la rentrée, pendant que ton salaire, lui, refuse de se mouvoir à la hausse.

Ça fait bien longtemps que tu as renoncé aux vacances, aux travaux pour refaire ta salle de bains, que tu roules dans ta rougne polluante. Au fur et à mesure des semaines, tu augmentes la durée entre deux apéros, parce que le prix des tapas augmente aussi.

Et tu dis que les belles idées elles aussi, comme les sacs, sont devenues trop chères pour toi. Tu te dis qu’être écolo, c’est devenu un luxe.

Alors pour te donner bonne conscience, tu vas continuer à jeter tes bouteilles de lait vides dans la poubelle jaune, pendant que l’Etat, qui accueille toutes ces jolies conférences écologiques, négocie en scred un accord ultra-libéral, le Trade in Services Agreement, afin de « limiter les distorsions de marché et les barrières à compétition » notamment des «entreprises nationales du secteur de l’énergie ».

Alors, ami lecteur, tu peux toujours mettre ton plastique dans la bonne poubelle et aller travailler à pied : tu ne feras jamais le poids contre le profit de l’entreprise qui t’emploie.

La dinde de Noël n’est pas qu’une spécialité de fin décembre : elle est là, toute l’année, dans tous les foyers français : c’est toi, moi, nous, qui croyons encore que notre droit de vote sert à quelque chose.

Quel dommage que la bile ne soit pas recyclable, car avec ce que je m’indigne chaque semaine, je pourrais alimenter trois déchetteries. Promis, la semaine prochaine, j’essaie de trouver un sujet où je m’énerverai moins : la hausse du SMIC par exemple, +0,55%, ce qui te fera gagner la coquette somme de 9,67 € brut de l’heure, soit 1457,52 € pour un temps plein, soit toujours moins de 1200 € net à dépenser. Avec tes 6 centimes d’euro brut de l’heure supplémentaires (environ 4 centimes net), c’est sûr, tu vas faire repartir la croissance à toi tout seul.

Sur cette réjouissante perspective, ami lecteur, je te souhaite une belle semaine !

Et tout le Bataclan

En cette année 2015, j’ai arrêté de prendre le train et j’ai failli m’abonner à Charlie Hebdo. Et là, voici que j’hésite à m’asseoir à une terrasse de café, car je me dis raisonnablement que ce sera peut-être le dernier que je vais boire.

Je regarde de travers le barbu assis à côté de moi, va-t-il exploser ? Ah, non, il a une chemise à carreaux, c’est juste un hipster en fait, pas un salafiste.

Et là je me demande ce que je suis en train de devenir, et surtout, pour qui vais-je donc voter aux prochaines élections ? Et ça fait vraiment très peur.

Bon, ce n’est pas comme si on ne se doutait pas que ça allait nous tomber dessus, tous les spécialistes-analystes de mes deux qui ont commenté les attentats de janvier 2015 nous l’avaient bien dit. Et malgré un déploiement de CRS pendant les soldes (j’ai passé ma semaine de vacances parisiennes à ouvrir et fermer mon sac), malgré l’explosion des ventes de Charlie Hebdo rien n’a réellement été fait puisque j’ai failli me faire sauter le caisson dans un Thalys, alors que l’Etat préférait, comme nous tous d’ailleurs, s’émouvoir devant la photo du petit Aylan mort sur une plage turque.

Et voilà, maintenant je dois réfléchir à deux fois avant de sortir le vendredi soir, ou alors je dois me rendre dans des endroits craignos ou ringards où il n’y aura aucun risque de me faire dézinguer : un petit bar dégueu au fin fond du 13e, par exemple, si possible avec une vieille déco et trois clampins du quartier, zéro risque. Sauf peut-être de passer une soirée de merde, hyper déprimante dans un bar moche à moitié vide.

Je dois aussi me taper l’intégrale des textes de chaque chanteur que je compte aller voir en concert, pour être sûre qu’il n’y ait pas de risque que ses paroles de chansons soient en contradiction avec les enseignements du Coran.

Je déserte les terrasses même en plein été, trop dangereux, car même un gilet pare-balle ne nous protègera pas, mon rosé et moi, de la menace d’être transformée en steak tartare.

Car là, j’ai du mal à me concentrer sur les véritables enjeux de ces actes barbares. J’ai dû mal à me demander quel est le véritable jeu de la France, qui d’un côté bombarde la Syrie et de l’autre achète le pétrole au marché noir. J’ai du mal, car c’est mon nombril qui est en question. A Paris, ce sont les quartiers où je suis susceptible d’aller qui ont été visés, le Carillon est un bar où il m’arrive de boire un coup.

Et une fois ceci posé, je peux enfin faire preuve d’empathie envers toutes ces personnes que j’aurais pu être – j’aurais pu être chacune d’entre elles – et qui, sorties pour manger 4 tapas en terrasse, ne sont jamais rentrées chez elles.

A quoi tout cela tient-il ?

Que puis-je faire, quand on me prend clairement pour une abrutie ?

Si on part du principe que des gens à l’intelligence supérieure à la mienne et à celle de la majorité de mes concitoyens nous gouvernent, comment ont-ils fait pour attendre aussi patiemment depuis le 7 janvier 2015 que toute cette désolante merde se produise ? Evidemment, la France pays des Droits de l’Homme ne pouvait pas faire grand chose hormis surveiller, puisque cette surveillance n’est pas recevable, quand bien même tu trouverais des kalachnikov dans le salon d’un particulier. Donc ce beau monde supérieur a choisi d’être cohérent dans sa politique de gauche, d’accueillir quelques migrants en se préparant à la réponse au massacre, qui cela dit au passage, aura ressuscité la cote de popularité moribonde d’un président au charisme trouvé dans un œuf Kinder. Des fonctionnaires compétents ont dû plancher il y a de cela des mois pour préparer ces discours d’état d’urgence, en trempant par anticipation la plume dans le sang des 129 sacrifiés survenus entretemps.

La traque de Saint Denis confirme bien le laxisme français : on sait tout, mais on n’agit qu’en cas de catastrophe, une fois qu’il serait dangereux pour l’image de ne pas le faire.

Alors je devrais logiquement me détendre : pendant les trois mois d’état d’urgence, nous allons tous déquiller du djihadiste, pulvériser tous les fichés S, et critiquer les arabes sans passer pour des racistes. Pourtant j’ai moi la désagréable impression de danser sur des cadavres dont j’aurais très bien pu grossir le nombre, et vivante ou morte, d’être in fine récupérée par le jeu politique d’une campagne présidentielle.

Je m’en vais donc me consoler en me disant que de toute façon, quoi que je fasse, je ne changerai rien : Nostradamus avait prédit une troisième guerre mondiale pour 2015. Il ne me reste plus qu’à repenser la géo-localisation de mes loisirs : me voilà rassurée, car quelle que soit la configuration envisagée, je n’aurais jamais pris un billet pour aller voir les Eagles Death Metal. Je peux compter sur mon bon goût pour me sauver la vie, et te souhaiter une bonne semaine, ami lecteur, avec ce conseil : sois sélectif, dans tes choix culturels, mais aussi, n’héberge pas les amis de tes amis pour les dépanner : tu pourrais bien te retrouver sur BFM TV.

A la semaine prochaine !

 

La menace du guichet fantôme

Tu as beau penser que tu es préparée, tu te gauffres toujours quand tu dois affronter l’épreuve du guichet. Tu crois, naïvement, que face à toi se trouve un être humain tel que toi, qui lui aussi se trouve par moments de l’autre côté de la vitre, dans la queue, alors forcément, cet être humain va faire preuve de compassion, d’empathie.

Euh, comment te le dire gentiment, tu es à côté de la plaque.

Derrière le guichet, c’est Prédator.

Tu te dis que j’exagère, pour le bien de mon blog.

Non, te dis-je. C’est la stricte vérité. Derrière le guichet est assis un être insensible, robotisé, et un 32 bits, pas un 64, hein, faut éviter la surchauffe, et pire que tout, il est souvent fonctionnaire, avec des consignes.

Toi, comme dans la vraie vie, tu te dis : je vais lui parler et il va comprendre. Que nenni. Cet individu reçoit dans son quotidien des circulaires. Et il les lit, puis il les applique.

Le drame, c’est qu’il ne discute jamais le bien fondé des ordres qu’il reçoit. Et quand bien même il n’aurait pas voie au chapitre, il pourrait sans grand danger ne pas appliquer la note interne, car celle-ci n’est pas toujours contrôlable.

Prenons un cas concret. Récemment j’ai dû m’acquitter de tout un tas d’actions administratives auprès de divers organismes, suite au décès d’un ascendant direct. Je me suis donc retrouvée pour la première fois de ma vie au Trésor Public. C’est peu de dire que je ne veux plus jamais retourner dans cet espace où soudain tout le monde devient Dark Vador, devant comme derrière le guichet.

Déjà, une file d’attente comme pour la sortie de 50 Nuances de Grey, le sourire en moins, et ce, juste pour qu’on vous donne un ticket pour que la véritable attente puisse commencer.

Alors moi et mon décès, on a bénéficié d’une trêve. On nous a parlé gentiment, ce qui n’était absolument pas le cas des deux personnes qui sont passées avant moi, à qui on a dit en substance et en criant « Hé bien c’est comme ça et pas autrement !!! ».

Donc, tu passes deux heures et demie aux impôts, pour te faire sodomiser sans lubrifiant par tes taxes, et en plus on te gueule dessus. Il y a raisonnablement de quoi se demander si un lutin malveillant ne t’aurait pas tatoué sur le front « abrutie finie » la nuit précédente.

Parce que, une fois que tu as enfin réussi à quitter cette folle ambiance, tu apprends que France Bleu Azur a mis la main sur une note interne incitant les agents à ne pas faciliter la vie des usagers aux guichets afin qu’ils s’orientent de préférence vers les services en ligne.

Et là tu te dis que définitivement, l’Etat et ses sous-fifres te prennent pour une super conne : comment un SERVICE PUBLIC payé par MES IMPOTS peut-il se permettre de produire des notes internes visant à autoriser implicitement ses agents à mal me parler et me servir alors que je les finance ?

Trésor Public, ta politique de réduction budgétaire t’aurait-elle fait péter les plombs ?

Ce qui est d’autant plus désolant, c’est que tu ne fais rien d’autre qu’imiter tes autres petits copains, CAF, Pôle Emploi, CPAM, et tous ensemble vous chiez joyeusement sur votre vocation première : une activité d’intérêt général, comme par exemple, traiter le contentieux d’un pauvre usager lambda qui n’a pas internet à son domicile (20% des français).

Alors comme je ne peux pas mettre le feu à ces guichets en criant « Aux armes citoyens », puisqu’ils repousseraient aussitôt 50 mètres plus loin, pendant que moi je serais enfermée à la Bastille, je m’en vais donc regarder un peu cette télévision que je finance moyennant une contribution rondelette à l’audiovisuel public, et me régaler d’écouter chez Ruquier les pronostics concernant le SMIC de Benjamin Castaldi (1800 €) et de Léa Salamé (1500 €). Me voilà rassurée : finalement, je suis moins stupide que le Service Public veut me le faire croire.

Allez ami lecteur, courage, et ne te suicide pas parce que tu as un recommandé à envoyer : la Poste n’a pas encore trouvé le moyen que tu l’envoies par internet, et l’agent d’accueil sera obligé de te le prendre. Pour tes autres démarches, démerde-toi pour que quelqu’un décède dans ta famille : ça ressuscite la courtoisie au guichet.

A la semaine prochaine !!!

http://fr.scribd.com/doc/286400764/Une-note-demande-aux-agents-des-impots-de-rediriger-vers-les-services-en-ligne

Comme un petit air moléculaire

Beaucoup de gens se plaignent que les infos ne présentent que des mauvaises nouvelles, que notre société va mal, la Terre meurt à petit feu, bref, les lendemains ne chantent pas, expression en général optimiste (sauf s’il s’agit d’une chanson de Maître Gims).

Hé bien, je suis désolée de rajouter une couche de beurre sur la tartine, mais il y a un nouveau phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur et qui commence à me faire pas mal flipper lors de mes loisirs divers (promenades, dîner au restaurant, visionnage de film) : il s’agit de l’être humain botoxé, actuellement ce qu’il y a de plus proche de l’extra-terrestre, tel que défini dans les années soixante.

Hier, en effet, j’ai regardé un film français récent, « Le Talent de mes Amis ». Un des héros va voir sa mamie en institut. Je me suis dit : « Elle ressemble drôlement à Jeanne Moreau, cette actrice ». Et puis je me suis dit que ça ne pouvait pas être elle, sa voix et tout le bas de son visage avaient l’air d’appartenir à une autre personne.

Surprise Elise, c’était bien son nom qui était crédité au générique.

Et alors je me suis demandé : mais POURQUOI ? Qu’est-ce qui cloche avec toutes ces personnes ? (Je dis bien personnes, car il semble que la botoxite touche de plus en plus d’hommes, Patrick Dupond, Michel Sardou, on n’est pas ici pour faire des listes, même si on pourra bientôt en établir une aussi longue que la généalogie du Christ, et ça fait peur).

Bon, je veux bien souper deux minutes du baratin sur la pression d’être en permanence exposé, le tyrannie de l’image, les contrats qui passent sous le nez proportionnellement au nombre de rides, etc. OK. Vieillir n’est simple pour personne (sauf peut-être pour quelques moches qui s’en foutent). Mais on peut se demander si l’inactivité de ces personnes aux professions souvent intermittentes, ne serait pas à l’origine de ces faces ravagées que NOUS sommes obligés de contempler. Non mais sérieusement, ces personnes mériteraient qu’on leur colle un miroir dans la tronche, afin de pouvoir enfin faire preuve d’un peu d’empathie face à la vision d’horreur de ces faciès brillants et boursouflés. Seulement, se regarder soi-même, ce n’est pas regarder quelqu’un d’autre, et à plus forte raison quand on a du temps pour le faire.

C’est ce qu’on pourrait appeler le syndrome du microscope. Quand une copine (arbitrairement choisie de sexe féminin, mais de plus en plus d’hommes sont susceptibles de poser la question) vous parle de ses rides, c’est souvent qu’elle est la seule à les voir (alors que les vraies marquées évitent d’attirer l’attention sur le sujet), mais le truc c’est qu’elle l’a tellement observée dans la partie grossissante du miroir de sa salle de bains, qu’elle n’arrive plus à la voir autrement (à peu près comme la faille de San Andrea). On imagine sans grande difficulté ce qui se passe quand de VRAIES rides font leur apparition, curieusement, la discrétion revient et un nouvel ami apparaît dans l’agenda : le chirurgien plasticien.

Mais franchement, quel est l’intérêt réel d’abandonner son vrai visage et ses expressions si ce n’est pour profiter encore un peu de sa garde-robe de jeune première et – passez-moi l’expression – du lever du petit jeune ? Quelle autre finalité que d’être cougar ou vieux beau et prétendre qu’on n’a pas l’âge qu’on a ?

D’autant plus qu’il ne peut pas s’agir d’une réelle question d’esthétique quand on voit ce que sont devenues, allez au hasard, Meg Ryan ou Courteney Cox, pourtant deux références en matière de beauté ? La vision de ces personnes, qui comble de la toxine, paraissent désormais plus que leur âge, provoque un sentiment de pitié, aussitôt suivi du soulagement de ne pas ressembler à ces têtes pathétiques, voire dans certains cas, à la limite du monstrueux (Jocelyne de Wilderstein, Thierry Mugler…)

Alors Hollywood peut arrêter de fabriquer des faux macchabées pour ses films de zombies : il n’a qu’à recycler ses actrices vieillissantes. Quant à moi, je vais prendre exemple sur feu ma maman, qui ne mettait qu’un peu de mascara, une crème de jour et un contour des yeux, et paraissait quinze ans de moins.

Finalement, la beauté et l’air de jeunesse résident dans ce vieux cliché qui dit que tout se passe à l’intérieur, qu’il faut s’aimer tel que l’on est et aimer les autres, ce que ma mère faisait à la perfection (quinze ans de moins, pensez-y !) Je vais donc continuer de froncer les sourcils autant que j’en ai envie, et surtout, continuer à me prendre des fous rires quand bon me semble. J’aurai peut-être le visage ridé que je mérite, comme le disait Cocteau, mais au moins, on ne pourra pas dire que je n’aurais pas rigolé.

Alors, ami lecteur, économise-toi toi aussi tes consults en plastique chez le chirurgien, et reviens rire avec moi la semaine prochaine, car je suis de retour !

http://www.lexpress.fr/styles/diapo-photo/styles/mode/createurs-de-mode-chirurgie-esthetique-regime-relooking_1632959.html?p=4#content_diapo

Nadine Mouk

Cher Francis Lalanne, si tu veux prendre des vacances, la relève est assurée: l’inénarrable Nadine Morano est toujours en veine d’un calembour et prête à nous faire rigoler.

La semaine dernière, grâce à toi Nadine, j’ai pu me fendre la gueule comme ça faisait longtemps : « La France, pays de race blanche », j’ai même cru que tu présentais chez Ruquier un nouveau spectacle comique. Tu m’as aussi rappelé mon sujet du bac philo : « Peut-on dire n’importe quoi n’importe comment » et j’ai enfin ma réponse, c’est oui.

Faisant référence à des propos dé-contextualisés et rapportés du Général de Gaulle, tu lances ça comme s’il s’agissait du « Vous m’avez compris », qui aurait de nos jours pété le record de vues sur Youtube, et pas d’une obscure déclaration faite en off, à son Ministre de l’Information, un peu comme quand moi, je critique le pantalon de ma copine en son absence, parce qu’objectivement il lui fait un gros cul. Donc déjà, ta référence ne tient pas la route. Mais bon, en général, il n’est pas nécessaire de vérifier les sources d’une plaisanterie, surtout si c’est la poilade.

Et c’est le cas ! Car il apparaît impossible que quelqu’un qui a été ministre – donc, qu’on suppose véhiculer un certain niveau – puisse sérieusement clamer une sentence d’une bêtise aussi crasse. On en arrive ainsi à une conclusion bi-céphale : soit, tu es bête à bouffer du foin, soit, tu as choisi d’essayer de voler les électeurs du FN par le biais d’une polémique outrancière visant une séduction par le bas. Et si c’est ça, alors, tu es diabolique. Rien qu’à relire tes tweets, sous cet éclairage, m’a fait froid dans le dos.

Malheureusement pour toi, tes pairs ont l’air de pencher pour la première possibilité – en l’occurrence, que la machine à recourber les bananes n’est pas ton oeuvre. Lors de la réunion de parti qui a suivi ton intervention magistrale chez Ruquier, ton mentor Nico s’est interrogé : « Que dire de la stupide Nadine Morano ? » Douze jours plus tard, tu perds ton investiture aux régionales. Ton propre camp ne te suit plus, alors que tu ne faisais que pousser plus loin leur orientation déjà bien engagée à tribord toute. Tout porte à croire que tu ne souhaitais pas te faire débarquer du bateau électoral, et donc que Guy Bedos, ton ennemi de prétoire, a raison.

Mais moi je dis, que c’est facile de pointer du doigt sur celui qui a pété. Tu es quand même titulaire d’un DESS en communication, tu as été secrétaire d’Etat puis ministre délégué, je me dis, ce ne sont pas de fonctions qu’on confie à la légère et qui plus est à des décérébrés, non, à l’instar d’un Dieudonné, tu as choisi de passer pour une imbécile afin de te démarquer.

Alors sois rassurée. Tu y es parfaitement arrivée. Au point que plus personne ne parle de la sortie maladroite de Maïtena Biraben sur le « Discours de vérité » du FN. Ah, y a pas à dire, pour faire bien passer un message, rien de tel que l’humour, fût-il douteux.

Cher lecteur du mercredi, car j’aimerais bien qu’on soit tous les jours dimanche, pense bien à rire de tout et à dire des conneries, car on ne sait jamais, il se pourrait bien que ta liberté d’expression se fasse atomiser un jour par la bêtise…

Le mois des arracheurs de dents

Si ta mère a bien fait son taf, alors tu es familier de la politesse et du respect. Tu sais que mentir, tromper et voler c’est mal, qu’on ne pose pas ses coudes à table, qu’on ne fume pas dans un ascenseur, qu’on n’impose pas sa conversation téléphonique ni même sa sonnerie de smartphone dans les lieux publics, et qu’on ne mâche pas son chewing-gum bouche ouverte, bref, la liste n’est pas exhaustive.

Et donc tu es parfaitement au courant que l’honnêteté est une qualité indispensable pour être quelqu’un de bien.

Alors j’imagine que, comme moi, ces derniers temps, tu en es tombé de ta chaise devant la multiplication de contre-exemples à tous ces efforts maternels. Pour ma part, je n’ai toujours pas réussi à remonter dessus.

Volkswagen truque ses moteurs pour pouvoir passer les tests aux Etats-Unis. Ça fait un peu penser au Tour de France, y en a un qui se fait gauler au contrôle anti-dopage, et tous les autres aussi dopés que lui, sont tranquilles jusqu’à la fin de la course. Mais bon, il n’empêche que Volkswagen te ment, même s’il y a de grandes chances que tu te foutes de l’avenir de la planète en achetant un diesel.

Adrien Desport, ancien cadre FN, brûle dans la commune de Mitry-Mory 13 voitures afin de faire croire à une montée de l’insécurité. Ou comment un seul homme est à la fois la cause et la solution à l’insécurité : t’es content si t’es son voisin, sauf peut-être si tu as un garage. Mais bon, il n’empêche qu’il te ment, puisque ce n’est pas la racaille que tu croyais qui te fait peur, mais une autre, qui écoute certainement moins de rap et de R’n’B.

Rachida Dati, qui refuse de se prononcer sur ses relations présumées avec GDF-Suez car elle a « déjà répondu » (oui mais quoi ?) à la journaliste Elise Lucet, qu’elle qualifie de « pauvre fille à carrière pathétique », démontre ainsi d’une manière fort élégante à quel point elle n’a rien à se reprocher (et encore, je jette un voile pudique sur les robes Dior qu’ont payées mes impôts sous couvert de « frais de représentation » pendant que je fais des économies de bouts de chandelle chez H&M). Mais bon, il n’empêche qu’elle a une attitude super louche, sinon GDF-Suez aurait démenti avoir une relation commerciale avec elle, et de fait, il n’y aurait dans ce cas eu aucune raison de ne pas clamer une fois de plus son innocence face à une caméra. Apprends ta leçon ami lecteur : quand tu t’énerves, au mieux t’as l’air d’un con, et au pire, d’un coupable (la robe Dior n’y change rien).

Et, on ne s’en lasse jamais, un petit rappel de nos évadés fiscaux à degrés divers : Dominique de Villepin et ses bureaux basés si judicieusement à Londres, cet homme au métier aussi mystérieux que le sourire de la Joconde, sauf que l’on sait maintenant qu’elle ne souriait pas à cause de ses chicots, les normes d’hygiène se sont un peu durcies depuis ; les filiales françaises de grands groupes, Apple, Amazon, Ikea ou LVMH, partis voir au Luxembourg si le Trésor Public y était (un sms anonyme me confirme que non, sortez la boule à facettes) ; et bien sûr le champion toutes catégories Cahuzac, qui a juré « les yeux dans les yeux » qu’il n’avait pas de compte caché en Suisse.

Alors tu dois te dire comme moi que visiblement, toutes ces personnes s’en foutent complètement d’être quelqu’un de bien. Et s’assoient sur l’éducation qu’ils ont sans doute reçue, même si on n’est pas allé vérifier, hein, il doit bien y avoir un ou deux candidats à psychanalyse intense dont les parents avaient pris des RTT pendant leur enfance. Tu dois aussi te dire que l’honnêteté ne fait pas bon ménage avec l’argent et le pouvoir, puisque, plus tu montes dans les sphères sociales, plus les enjeux économiques sont importants, plus la fraude a du terreau fertile pour pousser.

Certes, tu ne sais pas si tu ne ferais pas pareil, ton cul sur un fauteuil en cuir. Mais de là où tu es, tu te dis comme moi qu’on se fout sacrément de ta gueule, « les yeux dans les yeux ». Que rien ne prouve que PSA, Chrysler, et toutes les autres marques de voiture ne trafiquent pas aussi leurs tests. Que pour une Rachida sous les feux de la rampe, combien d’autres plus malins ont joué la carte de la discrétion. Que pour un Adrien Desport qui brûle lui-même les voitures (des Volkswagen ?) combien truquent des chiffres, montent en épingle de petits faits et j’en passe, pour leur faire dire ce qu’ils ont envie ?

Alors maintenant que tu sais qu’il y aura toujours une farce dont tu seras le dindon, tu peux quand même partager ma constatation : la malhonnêteté n’est pas discriminante. L’homme et la femme sont parfaitement égaux devant le mensonge. Et ça, c’est quand même rassurant. La loi en faveur de l’Egalité Hommes-Femmes n’aura pas tout loupé.

Bonne semaine ami lecteur, et si tu as besoin d’acheter une voiture, c’est le moment d’aller chez Volkswagen, tu pourras négocier à mort. Tu feras juste attention où tu vas la garer. A la prochaine !!!

Si les Ricains n’étaient pas là…

Monsieur le Migrant,

J’ai bien reçu ta candidature de demande d’asile et d’hébergement, et je te remercie de me l’avoir envoyée. J’ai bien pris note des arguments que tu avances, que la situation chez toi en Syrie est devenue invivable entre le régime au pouvoir et les rebelles, au point que tu as laissé femme et enfant derrière toi (mais ça peut-être que, comme en occident, ça t’arrange).

Je ne suis pas insensible à ta détresse, loin de là.

Mais ma situation n’est pas si simple.

Dans mon beau pays, on est copains comme cochons avec les Etats-Unis, depuis le Débarquement en fait, dont on paie encore l’addition, ça remonte à loin tu vois, une amitié pareille, ça lie, et on ne peut pas dire n’importe quoi. On ne peut pas dire, par exemple, qu’ils peuvent se nettoyer tous seuls le dawa qu’ils ont mis dans ton pays, puisque financer les rebelles moyennait de nettoyer le dictateur, ce qui a un peu foiré au vu de leurs mauvaises fréquentations et maintenant on a deux problèmes sur les bras. On ne peut pas dire, bienvenue dans les années soixante-dix, bienvenue dans la Guerre Froide 2.0, avec les méchants russes qui soutiennent Damas, et les gentils ricains qui soutiennent l’opposition, et nous dans tout ça, on n’a rien à faire là. On ne peut pas dire, qu’ils n’ont qu’à t’accueillir chez eux, dans leur rêve américain, puisque sans eux, moi petite aryenne, je serais probablement encore là, mais peut-être pas la totalité de mes amis.

Et puis tout ça ne nous arrangerait pas du tout, car avec nos amis américains, on est très contents que, depuis que c’est la merde dans ton pays, les prix du pétrole ont baissé. Et je peux te dire, qu’à la pompe à essence, ça fait une sacrée différence.

Alors comme d’habitude, je vais rester sur mon nombril avec mon plein au rabais, et je vais mettre mon kit nuit Air France pour ne pas regarder vers toi, ni vers l’Ukraine, dont on ne parle plus trop bizarrement. Et pourtant, cette Ukraine dont moi, personnellement, misérable petite contribuable française, je me contretape, reste un enjeu majeur entre l’Europe et la Russie, puisqu’elle est encore actuellement le passage obligé du gaz russe vers l’Europe. Elle est aussi la voisine de la Crimée, port de surveillance et piste d’atterrissage militaire, point aussi stratégique que la rue des Francs-Bourgeois peut l’être pour mon shopping parisien. L’Ukraine, un potentiel unique de gros merdier en mondovision : prends tes places.

Alors, Monsieur le Migrant, je fais le tri dans mes dossiers, et je me rends bien compte que tu ne me coûteras certainement pas plus cher, comme le dit si bien Nicole Ferroni, que l’évasion fiscale, ou encore les 11000 et quelques euros d’indemnités mensuelles d’un sénateur dont la moitié n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu et versée à des sénateurs souvent invisibles au Sénat. C’est certain. Mais comme je suis déjà saignée à blanc pour financer ce genre de conneries honteuses, je ne peux guère plus te sortir un euro supplémentaire pour t’aider.

Mais mes impôts t’ont quand même aidé un peu, puisqu’ils ont subventionné cette gentille consule honoraire de France à Bodrum en Turquie, qui vendait à tes copains de galère si j’ose dire, des bateaux pneumatiques et des gilets de sauvetage.

Et puis, si toi tu es gentil, peut-être que ton voisin de migration voudra faire un tour Porte de Vincennes, dans un train ou dans une rédaction lambda, histoire de faire un peu le ménage. Comment le savoir, puisqu’en France nous ne distribuons pas, comme nos amis américains, des questionnaires hyper précis et très utiles sur le contenu de notre trousse de toilette à tout nouvel arrivant (du genre « Avez-vous l’intention de mener des actions terroristes sur notre territoire ? » Tiens, et si je répondais oui, pour voir ?). Nous, tout ce qu’on peut faire, c’est avoir confiance en ta parole, ce que j’essaie présentement de faire.

Mais malheureusement, la vie est une histoire d’argent, alors je me contenterai de te rappeler le montant de la dette publique française : 2089,4 milliards d’euros, soit 97,5% du PIB. Hé oui, c’est flippant.

Alors je sais bien que tu fais ce que tu peux, et que tu n’as pas pu entrer dans les pays du Golfe, qui gentiment te proposent de te financer la construction de Mosquées en Allemagne ; mais je crois bien qu’actuellement, c’est un peu le cadet de tes soucis. Surtout quand tu te rendras compte que l’Europe, c’est pas l’El Dorado.

Tu verras, en France on est loin d’avoir la palme de la sympathie et de la politesse. Alors c’est sûr, c’est mieux que de te prendre un obus dans la tronche, même si ici, tu te prends quand même, après tout ce que tu as traversé, une chanson de Francis Lalanne sur ton calvaire. Et ça, c’est hyper rude. Mais tant que le pognon dominera le monde, tu vas continuer de galérer.

Un peu comme nous tous, d’ailleurs. Moi, en tout cas, c’est sûr : célibataire, et sans enfant, la note finale elle tombe toujours dans ma poche.

Mais je ne désespère pas : le retour de la Guerre Froide, c’est un peu mon Dallas à moi, et le moins que l’Amérique puisse faire pour moi, puisque je lui suis éternellement redevable pour le Soldat Ryan, c’est de m’assurer le spectacle.

Allez bon dimanche ami lecteur, et va payer tes taxes, la Fonction Publique a besoin de toi, pendant que je lancerai un avis de recherche pour retrouver ma générosité, partie faire un tour depuis le passage à l’euro : si vous la voyez, dites-lui qu’un geste peut toujours s’avérer déductible… A la semaine prochaine !!!