Faut-il tout analyser ?

Cher ami lecteur, je n’avais pas l’intention de parler de ce phénomène, mais un ami m’a récemment envoyé un article où un professeur de l’ESSEC rapproche l’expérience de Pokémon Go du doute hyperbolique de Descartes.

Puis-je remplir une ligne de mon article d’esclaffements ?

Non mais sérieux ?

Cette débilité de jeu, qui n’a, ceci dit, pas fait long feu au niveau des jeunes scolarisés avec la rentrée puisque bon nombre d’établissements l’ont interdit dans leur enceinte, serait en fait une preuve de notre capacité à nous interroger sur nous-mêmes et remettre en cause la réalité de ce que nous voyons. Rien que ça.

Donc en gros, quand tu joues, tu philosophes en même temps, tu t’élèves.

Un peu plus haut dans la connerie sans aucun doute, pour le coup.

Je vais de mon côté m’interroger sur la philosophie du pet, qui est un moyen d’expression de mon moi intérieur, avec une recherche épistémologique du message caché de mon transit, non mais stop !!! in the name of love.

Il n’y a rien de plus dans Pokémon Go que dans le Tetris sur la Game Boy, sauf évidemment les moyens technologiques mis en œuvre pour développer le jeu. Ah si, le jeu renvoie aussi à nos envies de collection (des timbres, des petits cochons, des capsules de bouchons de champagne, que sais-je, il y a tant de merdes qu’on peut collectionner), et là, c’est plus intelligent, puisque l’objet de la collection est virtuel, il ne s’entasse donc pas sous un tas de poussière dans le garage, comme toute collection au bout d’un moment.

Et alors, ça change quoi ?

On était aussi accaparés par Tetris qu’on peut l’être aujourd’hui par Pokémon Go. Des philosophes s’étaient-ils interrogés sur la question ? Un spinozien avait-t-il un avis à formuler ? Non ! Parce qu’on s’en fout. Et parce que les modes passent. Un beau matin, on en a marre, et on arrête de jouer. Et un autre jeu, après Candy Crush et Pokémon Go, peut alors sortir de terre.

L’être humain a toujours cherché à se divertir, depuis les orgies de nos ancêtres romains au cinéma en 3D, en passant par la WII, les casinos, les comédies musicales, bref. Bon le truc, c’est juste que maintenant, ça devient hyper dangereux, puisque, selon une étude Ifop, 3 millions de français joueraient à Pokémon Go au volant de leur voiture. Génial. Tu n’étais déjà pas tranquille, à pied, avec les pickpockets et autres agressions de rues, maintenant tu dois en plus te défendre contre des abrutis jouant à un jeu débile en inconscience absolue du moment, à chasser au volant de petits êtres virtuels s’appelant Picatchu.

Au moins avec Tetris, on ne faisait suer personne.

Et pour cause, non seulement on était statiques, mais en plus, Internet n’était pas là à relayer chaque micro-pet sociétal comme s’il s’agissait d’une information capitale.

Mais le truc le plus incroyable reste quand même que les développeurs de la société Niantic, responsable de ce jeu successful, sont allés explorer le no-limit de la décence en plaçant des pokéstops (cubes bleus virtuels servant à recueillir des accessoires virtuels) sur le mémorial de la déportation de Drancy. Rien qu’en écrivant la phrase, je me dis qu’il est inutile de la commenter. Et pourquoi pas en mettre aussi deux trois à Auschwitz, ça pourrait être rigolo, non ? Et à l’intérieur d’une église ou d’une morgue ? Sans blague ?

Evidemment, ces cubes ont depuis été supprimés, mais il a quand même fallu un courrier du député-maire de la commune pour que ce soit fait.

On marche sur la tête.

Alors je ne saurais que trop te rappeler tes cours de français et de philo, ami lecteur, en te recommandant de te méfier de toute esquive d’une réalité déplaisante, car, comme disait Pascal, spécialiste ès-divertissement, « l’homme est visiblement fait pour penser, c’est toute sa dignité et son mérite ; et tout son devoir est de penser comme il faut. »

En gros, ami lecteur, joue, mais pas toute la journée.

Sans quoi, tu risques, au mieux une panne de cerveau, au pire, un grave accident de la circulation, et ça, mourir pour attraper un Pokémon, c’est vraiment une épitaphe de bolos.

A la semaine prochaine !!!

 

Descartes : le doute hyperbolique à l’épreuve de Pokémon Go

Je ne peux pas, j’ai piscine…

La canicule aux assonances inspirantes (y a de la rime dans l’air…) nous est tombée dessus comme la misère sur les gueux à la fin du mois d’août, nous obligeant, ami lecteur, à boire de l’eau à l’apéro entre deux verres de rosé pour éviter une déshydratation foudroyante (une hérésie), mais aussi à trouver des solutions pour ne pas mourir frappés par une combustion spontanée.

Les opportunités de divers rangements m’ayant fait remettre la main sur d’anciens tickets d’accès à une piscine olympique de plein air, me voilà partie avec palmes et planche joindre l’utile à l’agréable, avec la naïveté de l’agneau à qui on aurait dit que l’abattoir est une station alpine aux pâturages verdoyants.

Arrivée au bord du bassin, je croise des personnes de sexe féminin, en maillots à paillettes, maquillées et coiffées comme pour aller en boîte de nuit : brushing, rouge à lèvres Rouge Allure de Chanel teinte n°98 Coromandel, même le vendredi soir je ne suis pas aussi apprêtée. Et là je me dis, ai-je loupé une étape importante de l’évolution sociale où la piscine serait devenue la nouvelle église où s’endimancher ?

Et puis, comment fais-tu pour nager, car pour obtenir un résultat pareil, tu as bien dû sacrifier deux bonnes heures de ta journée, entre la coiffure et la pose du vernis, tu ne vas quand même pas aller détruire cette œuvre d’art de toi-même bêtement en te mettant à l’eau, si ?

Deux écoles.

Il y a celles qui ne mettent pas l’ombre d’un doigt de pied dans la piscine. C’est un concept. On est juste dans un changement de décor d’un nouvel épisode de leur trépidante vie. Cependant, quand bien même serions-nous dans la recherche d’une alternative à la plage (trop vulgaire), le questionnement du maquillage demeure (pourquoi faire ???)

Ensuite il y a celles qui nagent quand même. Mais pas comme moi. Explications.

Tout d’abord, il y a le choix du maillot, avec le minimum de tissu possible. Une fois dans l’eau sans qu’aucun cheveu ait été en contact de près ou de loin avec l’eau javellisée du bassin, le haut du maillot saute afin d’éviter de disgracieux décalages de bronzage (tu oublies donc les maillots de piscine, qui continuent de pendouiller, inutiles et en dépression, dans les rayons du Décathlon le plus proche).

Bon, c’est le moment où je ne me moque pas trop, puisqu’il m’est arrivé par le passé d’enlever le haut pour pouvoir continuer à porter ce joli bustier acheté en solde chez Bash. Cependant, et note-le bien ami lecteur, je n’ai jamais poussé jusqu’à investir dans un maillot-string, faudrait quand même pas déconner.

Oh et puis zut. Je peux bien rire un peu de moi-même, et de mon air con avec mon haut de maillot accroché à ma planche (du coup je ne le fais plus, pas la peine de venir faire le curieux et mater seul ou à plusieurs, ami lecteur).

Mais ceci n’est en fait que le début.

Les nageuses en question ont donc investi dans le waterproof, histoire d’être optimales dans le bassin, et nagent en lunettes Chanel, Armani Eyewear, Ray-Bans et j’en passe, que je n’oserais pour ma part jamais mettre dans ce contexte-là puisqu’il est statistiquement impossible de ne pas croiser dans ta ligne un homme de l’Atlantide qui te balance la moitié de l’eau de la piscine dans la tronche, javellisant ainsi ton waterproof et ton accessoire de marque.

Concentrons-nous à présent sur cet autre régulier de l’endroit : l’homme de l’Atlantide.

Celui-là non plus ne vient pas que pour nager.

D’abord, il rentre dans une tranche d’âge bien au-dessus de la tienne et des nageuses maquillées. Il pourrait presque être ton père, à vrai dire. Notons juste qu’il y voit bien de loin (c’est un détail important).

De fait, il fait peu de longueurs, car à son âge, ça le fatigue, les 50 m olympiques. Le rythme, c’est plutôt : une longueur – une grosse pause – une longueur – une grosse pause.

Et, pendant tout ce temps, il reluque.

Il nage équipé, avec un masque et un tuba, pratique pour le crawl, et surtout, pour observer l’évolution des seins nus dans l’eau. Quand il s’arrête entre deux barbotages, il enlève le masque et rattache les belles images aquatiques aux têtes des pinups à solaires au double C. S’il se sent en grande forme, il arrive qu’il tente une petite approche auprès de toute personne du sexe opposé faisant mine de faire également une pause à proximité.

Car nous touchons donc là le vrai cœur du problème : les gens n’étaient pas là pour nager, mais pour rencontrer d’autres gens.

A la piscine.

Où la boisson la plus excitante de la buvette est le Sprite saveur Mojito (pas facile facile, l’amorce drague : « Salut, je t’offre un Sprite ? »)

Où, comme quand tu pratiques n’importe quel sport, au bout d’un moment tu ne ressembles à rien (sauf si tu fais partie de la catégorie 1 des non-nageuses).

Pas grave : elle est là ton alternative à Tinder.

Tu prends une connaissance bien plus précise du dossier qu’avec n’importe quelle photo de profil, retouchée, filtrée, datant de 15 ans, où peut-être ce n’est même pas toi : tu le vois en maillot. La vérité se trouve au bord de la pistoche.

Alors je suis sortie de l’eau, ami lecteur, en me disant qu’une fois de plus j’étais à côté de la plaque, à vouloir faire du sport dans un endroit prévu pour.

Que je ne devais pas encore être au bout du rouleau en ne recyclant pas chaque activité effectuée en dehors de chez moi en terrain de rencontres.

Et j’ai alors croisé cette femme qui m’a fait reprendre espoir en la normalité des situations : elle est entrée dans l’eau, avec sa planche et ses palmes, dans un maillot Arena une pièce spécial nageuse, avec un bonnet hideux, les affreuses mini-lunettes de piscine, le visage tartiné d’un écran total de compète lui faisant la face toute blanche et brillante.

Tout n’est donc pas perdu, ami lecteur, alors bonne rentrée et à la semaine prochaine !

L’été rend-il bête à manger du foin ?

S’il y a bien un moment dans l’année où l’être humain atteint des sommets de stupidité, ami lecteur, c’est l’été.

Il faut croire que la chaleur nous grille définitivement quelques cases.

Nous voilà tournés vers des préoccupations d’une profondeur rare, du type comment perdre nos kilos, comment boire un maximum de mojitos sans prendre les kilos qu’on vient de perdre, comment négocier des apéros sans son conjoint, comment draguer et se faire draguer un maximum parce qu’il fait particulièrement chaud dehors et à l’intérieur des slips, culottes et strings, tout en dépensant le moins d’argent possible.

Sauf que cet été, boire des mojitos, ou même participer à une simple activité de groupe hors de chez toi est devenu une grande aventure.

Entre les égorgements en église et les camions fous en fête nationale, te retrouver parmi tes prochains n’a jamais été aussi dangereux, que tu poses ton séant sur un tabouret de bar pour attendre un spritz ou sur un banc de cathédrale pour attendre une hostie (ce qui est certainement moins fréquent mais tout aussi redoutable désormais).

Alors comment s’en sortir quand on est moins performant du ciboulot – et surtout qu’on n’a pas du tout envie de réfléchir et un budget restreint ?

Petit veinard, déjà, les représentants de l’Etat dans notre région au nom controversé annulent gentiment tous les feux d’artifice, en diffusant communiqué sur communiqué pour démentir toute découverte d’armes, de bombe désamorcée, il n’y a aucun péril sur le littoral catalan, merci de ne pas inquiéter les touristes présents, déjà qu’ils n’ont plus un rond, faudrait pas qu’ils aillent dépenser leurs tickets-restaurant ailleurs.

Nous voilà donc rudement soulagés, d’autant que les mesures destinées à te rendre l’été un peu plus moisi se multiplient dans toute la France, pas de jaloux, la braderie de Lille, un bon petit événement pas cher, a donc été annulée.

Tu n’es pas tranquille à la plage, car il suffit que deux péquenots terroristes louent un jetski, un coup de kalach et ton problème de marques de maillot te paraîtra bien dérisoire.

Tu n’es pas non plus tranquille dans les bars ni les restaurants depuis le soir du Bataclan, et même c’est bien pire : sans terroriste ni explosion, tu peux désormais périr à cause de ton gâteau d’anniversaire, comme à Rouen. Exit les bougies, mais que reste-t-il d’un anniversaire sans bougies ??? Faut-il que tu te spécialises en normes de sécurité, et être ainsi en capacité d’évaluer si chaque bar dans lequel tu mets les pieds ne présente pas des risques de faire déclencher le versement de ton assurance vie à son bénéficiaire bien plus tôt que prévu ?

Tu ne vas quand même pas regarder les JO, si ? Ce n’était pas la peine de partir au bord de la mer pour ça…

Heureusement, il te reste le plaisir coupable des magazines people, que tu ne lis que l’été ou chez le coiffeur.

Il faut dire que Jean-Marc Morandini s’est plié en quatre pour te divertir.

Le gars organise des castings olé-olé pour une web-série qu’il produit et qui se passe essentiellement dans les vestiaires d’un club de foot de banlieue où les joueurs prennent beaucoup de douches.

Pendant ces castings, une directrice fictive (affublée de la photo d’une soprano belge, laquelle a fait savoir qu’elle était bigrement contente) demande aux « comédiens » de pousser leurs limites en se masturbant par exemple, ce qui peut paraître tout à fait normal, mais chez Marc Dorsel, pas dans une production traditionnelle, mais c’est un détail, on ne va pas pinailler.

Et comme la classe, l’élégance et la morale sont des concepts tout à fait relatifs, JMM propose à un comédien via la messagerie privée de son compte Twitter de venir se faire épiler le sexe et de lui faire profiter de son hammam tout nu, propositions refusées en bloc par le jeune, complètement mineur à l’époque des faits.

La question est : qui donc est le plus abruti des deux, le producteur (qui pense qu’aucun de ces jeunes ne va jamais aller se plaindre) ou les comédiens qui s’exécutent ?

Mais ce n’est pas fini, car le gars est très fort.

Il décide de s’exprimer lors d’une conférence de presse de l’espace, où il affirme être victime d’un odieux complot, ourdi par Marc-Olivier Fogiel et Matthieu Delormeau, ce qui fait vraiment très très sérieux et qui confirme qu’il n’a aucun conseiller à la communication, parce que, Jean-Marc, si tu en as un, vire-le dare dare, il t’a menti sur son CV.

Concernant les faits, sur lesquels il ne s’étend pas, il parle de « maladresses », ce qui te donne envie de rigoler ferme, ami lecteur, ton magazine people dans une main et ton rosé piscine dans l’autre.

Il est effectivement particulièrement maladroit de payer 4 heures un comédien qui en a réellement travaillé presque 36, et de se dire surtout qu’il va s’asseoir dessus.

Parce que ce n’est pas comme si le comédien avait participé à une œuvre télévisuelle-web majeure, dont il pourrait être fier dans un futur proche ou même lointain. Au vu des images disponibles sur le net, le ressenti des acteurs concernés doit plus être proche de la fiente de pigeon que de la rutilance du César.

Mise en scène et jeu très approximatif avec coups d’œil caméra, dialogues remarquables du type « hé les gars, vous avez vu son engin ? », cadrages et décors époustouflants de vestiaires sordides, détails ultra réalistes avec des comédiens se frottant pendant des plombes sous la douche sans shampoing ni savon ni gel d’aucune sorte, mixage son parfait avec bruit de l’eau couvrant les voix des comédiens, etc. bref, Les Faucons, c’est Hélène et les garçons à poil mais sans Hélène, et l’extrait est tellement consternant de nullité que tu ne sais plus si tu as envie de rire à t’en faire péter la rate et créer dans la foulée un GIF des phrases les plus tartes ou si tu es affreusement gêné pour les pauvres jeunes dont il restera à vie une trace filmée de leur participation à ce navet.

Dans la foulée, notre héros de la saga de l’été perd son job à Europe 1, n’est pas Kate Moss qui veut. Les autres médias liés à JMM par des contrats de travail (I-Télé, NRJ12) se rongent les sangs à l’idée que le gars et sa nouvelle image de marque de pervers absolu vont être associés à leur historique.

Mais le principe du schpouk, c’est comme quand tu marches dans une grosse bouse, ça rentre dans toutes les rainures de la semelle et c’est la misère, l’odeur te suit partout.

De la manière particulièrement subtile qui lui est propre, le JMM, qui avec deux sous de jugeote et un bon conseiller en communication, aurait dû faire profil bas, hé bien tiens-toi bien ami lecteur, perdu pour perdu, se permet via le compte Twitter de son blog de s’en prendre à Air France en relayant une info du Parisien selon laquelle 8000 bagages auraient été égarés. Verdict : des réponses cinglantes du community manager de la compagnie aérienne, et une couche supplémentaire sur une stratégie de communication personnelle de plus en plus nébuleuse.

Alors, l’été nous rend-il aussi épais qu’une brique ? J’ai peine à croire que des présentateurs aussi médiatisés arrivent à un tel niveau sans un minimum de quelque chose dans l’encéphale, c’est donc forcément que la chaleur nous tape sur le système et nous plonge dans des régressions cosmiques.

Je ne saurais trop te recommander de résister à la bêtise ambiante, ami lecteur, aussi je te suggère de ne pas laisser ton cerveau se noyer dans les spritz et le prêt-à-penser, en faisant une chose folle : arrêter de chasser des Pokémons et lire un bon bouquin à la place. Et c’est du win-win : sur les photos de vacances, tu auras l’air moins niais et c’est déjà pas si mal !

A la semaine prochaine !!

Le professionnalisme, ce n’est pas fait pour les chiens (ni les artistes ?)

Cher ami lecteur, cela faisait un moment que tu n’avais pas eu de mes nouvelles.

Et pour cause : les sujets que l’actualité me proposait tournaient essentiellement sur encore des attentats, je ne voyais donc pas quoi dire de plus sans radoter, et le départ des anglais de l’Europe, ces gens d’une perspicacité rare puisqu’au lendemain du Breixit, la 2e occurrence la plus demandée sur Google en Angleterre a été : « Qu’est-ce que l’Union Européenne ?», mais bon ils roulent à gauche, on peut difficilement leur reprocher de ne pas penser à l’endroit.

Ensuite, il y avait l’Euro, déjà que le foot c’est relou et multi-traité, quand on voit en plus le résultat, on se dit que parler d’autre chose, ce sera forcément mieux.

Enfin il y avait aussi le Tour de France, le regarder, c’est déjà plutôt d’un ennui mortel, alors raconté par une fille, c’est l’assommoir absolu.

Bref, tout cela n’était guère inspirant.

Et puis dimanche soir, jour de Ze Big Finale de footchiball, me voilà au festival Les Déferlantes à Argelès Sur Mer, prête à secouer ma fibre nostalgique en me trémoussant sur les chansons des Insus, anciennement Téléphone.

Les Déferlantes, c’est un beau festival, dans un cadre inouï, un château, un parc, 33°, des amis cools et sympas, tout était réuni pour faire espérer un de ces moments parfaits qui ne se produisent vraiment pas tous les quatre matins.

Et là, tu apprends que ledit groupe a déclaré en off ne pas commencer son set tant que le match de finale ne sera pas terminé.

En d’autres termes, ami lecteur, afin que tu puisses mieux te rendre compte de la situation, le groupe a fait poireauter 18000 personnes pour regarder un match pourri (on a perdu, tout ça pour ça), alors que c’est quand même leur taf unique, me semble-t-il. J’imagine la tronche de ton patron, ami lecteur, si tu arrivais avec une demi-heure de retard parce que l’épisode de ta série s’est terminé plus tard que prévu (ou n’importe quelle autre bonne raison bien valable) et que tes clients t’attendaient, en tapant le scandale dans la salle d’attente (parce qu’un public, comme tout patient, client, bref, celui qui te fait vivre quel que soit son nom, c’est souvent grossier quand c’est contrarié : ça piétine, ça tape dans les mains, ça siffle et ça hue).

D’autant plus qu’on était, je le rappelle, dimanche soir, ce qui signifie qu’une très importante partie du public reprenait le travail le lendemain matin.

Donc pour résumer, le set prévu à 22h30 a démarré à 23h.

Je veux bien croire que pour eux, le match c’est un peu comme pour nous le lundi au soleil, cependant la question que je me suis posée, debout dans la fosse, c’est : peut-on s’asseoir sur le professionnalisme quand on est une vedette ?

Pendant une demi-heure, j’ai donc eu le temps de refaire tous les dialogues :

Bertignac : Il me faudrait de la caillasse pour payer mes impôts. Ça manque, The Voice.

Aubert : Faisons quelques Festivals. Les Déferlantes, Argelès sur Mer, le 10 juillet.

Bertignac : Mais c’est le jour de la finale !! On passe à quelle heure ?

Aubert : 22h30, la poisse.

Bertignac : Rien à foutre, ils attendront.

Aubert : La merde, s’il y a prolongation.

Bertignac : On s’en fout je te dis, le rock français, c’est nous.

L’année précédente, dans le même esprit « public, tu es venu pour moi, tu supporteras tout de moi », Lenny Kravitz nous avait donné une belle leçon de professionnalisme à l’américaine en arrivant sur scène défoncé, lunettes de soleil (à minuit) et après un début de prestation très hésitant, genre élocution de 5h du mat en sortie de boîte, le Lenny Superstar a disparu pendant le plus long quart d’heure du monde. Toi et ta place à 45 €, tu te dis bonjour l’entube si le gars ne revient pas, et t’as presqu’envie de l’aider à vomir (presque j’ai dit) pour qu’il puisse reprendre sa place sur scène et faire le job.

Et au-delà de considérer ou pas son public, se pose également la question du set suivant, et donc de l’artiste suivant, programmé par le festival. Comme les Insus ont tenu la scène 1h30 au lieu de l’heure prévue, à laquelle s’ajoute la demi-heure de retard, les pauvres Synapson ont donc commencé avec une heure de retard, classe le respect entre collègues, bonjour l’ambiance à la machine à sniffer, euh, je voulais dire à café.

Alors, bien ou pas bien ?

Le truc, c’est que dès la première chanson, le premier riff, on leur avait pardonné.

Car si les physiques des Insus supportent moins bien les gros plans (ils ont tous plus de 60 ans), la voix et l’énergie étaient là.

En conclusion, ami lecteur, force est de constater que la vie est injuste, et qu’on ne traite pas de la même façon les gens beaux, ou les gens talentueux, ou encore les pistonnés : pour cela, il te suffit de comparer le salaire de ton coiffeur (environ 2200 € brut en moyenne en France) et celui de François Hollande (9800 € supposés brut), lequel, disponible 24h/24, ramasse une sacrée prime d’astreinte il faut bien le dire. A ce tarif-là, je veux bien aussi shampouiner et peigner les chiens et le tapis, la nuit de Noël et le premier mai à l’heure la plus débile qui te passe par la tête.

Alors ne sois pas jaloux, ami lecteur, le vert c’est moche au teint surtout en été, profite de ce que tu as, sois à l’heure à ton travail, et à la semaine prochaine !

Les nouvelles lois géographiques

Cette semaine, ami lecteur, je dois t’avouer quelque chose : j’ai toujours été plutôt nulle en géographie, que veux-tu, on a tous nos points faibles. Mais bon, ça ne fait pas de moi une brêlasse absolue non plus : preuve en est, un cursus scolaire passé sans trop d’encombres. Le minimum syndical de l’atlas est là.

Sauf que, depuis peu, je ne comprends plus rien.

Après m’être farci Amir le représentant 2016 de la France à l’Eurovision en multidiffusion télé, radio, internet jusqu’à l’overdose, on appelle ça une promotion ma bonne dame, je découvre soudain avec effroi que l’Australie fait partie de l’Europe.

Oui, tu as bien entendu, ami lecteur : l’Australie participe depuis deux ans à l’Eurovision.

Tous mes repères sont soudain partis avec l’eau des chiottes.

Ou alors, j’ai loupé le seul journal de Laurent Delahousse qu’il ne fallait pas louper où était annoncée la fusion-absorption de l’Océanie par l’Europe ?

Mon désarroi géographique a augmenté, ami lecteur, avec l’Euro 2016, qui, comme son nom l’indique est donc le championnat d’Europe de football. Sache alors que, désormais, il est possible de faire partie de l’Europe et de l’Asie et ainsi de pouvoir pousser le ballon communautaire pour : la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine et la Turquie.

Il en est de même pour l’Azerbaïdjan, comme ça tu peux récupérer le circuit de Bakou pour le Grand Prix d’Europe de F1.

C’est là que je me rends compte qu’on peut décliner le concept à l’infini : le Tour de France, qui comme son nom est censé l’indiquer, a des étapes en Suisse et en Espagne cette année, mais qui plus est, a vu son démarrage entre 1954 et 2015, à 21 reprises dans une ville étrangère, et donc tu te retrouves par exemple en 2014 pour démarrer le Tour de France à Leeds au Royaume-Uni, ou en 2015 à Utrecht aux Pays-Bas. Logique.

Le rallye Paris-Dakar se déroule désormais en Amérique du Sud et traverse le Pérou (et qui n’est ni en Afrique, ni en France, ou je me trompe encore ?)

Alors je me demande si, à l’instar des lycéens qui trouvent l’épreuve de mathématiques du Bac beaucoup trop compliquée (#lebacàlacarte #lebacsansrienfoutre #AnatoleFranceCki), je ne vais pas lancer une pétition en ligne pour qu’on m’édite une carte officielle et validée par une autorité désignée de l’Europe. Avec toutes les subtilités de délivrance de la carte de cotisant : des sous-catégories existent, avec les membres de l’Union Européenne et les non-membres, donc ceux qui ont une entente politico-économique et ceux qui ne tricotent pas assez vite, les feignants. Car toutes ces compétitions sont devenues des marques exportables, et au final, on se fiche pas mal de qui participe et où, du moment que le spectacle est assuré (et surtout que les annonceurs suivent).

De toute façon, et c’est cette source très fiable Wikipédia qui le dit, on ne sait pas très bien où se situent les limites de l’Europe (dans ton c.. ?). Le rédacteur de l’article, qui n’était donc pas un géomètre, a considéré qu’il était plus simple de globaliser Asie et Europe (l’Eurasie grande trouvaille marketing et fournisseur officiel de membres de la famille pour les Brangelina) puisqu’on ne sait pas vraiment ce qui qualifie un état d’européen ou non. Seulement, l’Eura 2016, ça ne sonnait pas terrible, et pourrait prêter à confusion dans le monde phonétique de nos bacheliers (#lerat2016 ? c koi ?).

D’ailleurs, je ne suis pas la seule à être à l’ouest ou ailleurs au niveau géographique : si les lycéens d’aujourd’hui ne savent pas où est Manhattan et situent la RDA au Vietnam (véridique), la palme revient aux chaînes BBC et CNN : Toulouse est à Marseille pour la première, quant à la seconde, elle refait le monde avec Strasbourg et Toulouse en Allemagne, Cannes en Espagne, Hong-Kong est en Amérique du Sud, Bruxelles sur la Côte Bretonne et l’Ukraine au Pakistan.

Me voilà donc rassurée, ami lecteur, car il semble que finalement, je ne sois pas la plus périmée en ce qui concerne la mappemonde. Les Américains quant à eux se foutent pas mal de dire des conneries, puisque chez eux, personne ne sait où est l’Europe et encore moins le reste du monde.

Quant à notre jeunesse inquiétante qui pourtant tape des sms plus vite que son ombre et maîtrise snapchat au point de nous saturer d’ignobles visions de selfies transformés en chats, chiens, fleurs et papillons dessinés à la truelle, hé bien, elle nous laisse à nous, les assimilés vieux cons, tellement plus de possibilités de changer de boulot : aucun recruteur digne de ce nom ne voudra les embaucher.

Alors ami lecteur, comme moi, révise ta géo, et surtout, sensibilise tes gosses à l’intérêt de lire un livre plutôt que de mettre des pétitions au rabais en ligne !

A la semaine prochaine !!

Article très rassurant (ou pas) du HuffPost

Orlando Blood

Cher ami lecteur, j’étais en train de te rédiger un texte très léger que j’allais partager avec toi quand dimanche la bêtise humaine a encore frappé, à Orlando cette fois. Le 1er avril dernier, après les attentats belges, je me disais que si j’avais été un terroriste de l’EI, j’aurais mis sur ma liste à plastiquer Washington. Bon, euh, je n’étais pas sur la bonne côte, mais les Etats-Unis étaient dans le viseur, puisqu’un nouveau taré a essayé tranquillement de liquider une boîte de nuit gay où se trémoussaient 300 personnes.

Bilan : une cinquantaine de morts, et autant de blessés.

Hé bien ami lecteur, dans cette authentique démarche écolo qui est la mienne au quotidien, j’ai choisi de recycler une partie de mon texte, car tu le verras, il n’est pas si loin que ça de la problématique sur le néant qui sévit actuellement dans certaines têtes.

En jetant un vieux Elle de décembre dernier, je suis tombée sur cette information à me faire tomber la mâchoire jusqu’à la cave : 64% des femmes auraient rappelé leur ex après avoir écouté « Hello » de Adèle.

J’ai dû relire trois fois cette statistique tellement elle m’a paru sur le moment aussi surréaliste que la loi soi-disant-pour-réduire-le-chômage El Khomri. Et je me suis dit : d’un côté, ça milite à mort pour l’égalité hommes-femmes, et de l’autre, ça fait des trucs si débiles qu’aucun mec, même ceux dont le cerveau est constitué de sperme, de bière le tout à l’intérieur d’un ballon de foot, n’est assez niais pour les faire.

Non mais sérieux, les filles.

Comment être crédibles après ça ?

Adèle fait une chanson un peu poignante, et comme une petite imbécile, tu te prends pour la chanteuse qui a si bien compris ton moi intérieur que forcément tu téléphones à ton ex, ce qui, cela étant dit entre nous, est toujours une mauvaise idée, quelle que soit l’heure et ton degré d’alcoolémie.

Alors tu te prends à frémir d’horreur quand tu apprends qu’Alicia Keys ne se maquille plus et que cette bonne idée risque de nous faire supporter une horde de filles au saut du lit, sans assaisonnement, et pour le coup, je risque fort de devenir ponctuellement une passionaria du selfie pour que ces filles retournent illico dans le Séphora le plus proche.

Mais, me diras-tu ami lecteur, les filles ne sont pas les seules à suivre docilement les autres moutons jusqu’à la falaise. Spontanément j’ai pensé à tous nos hipsters anticonformistes, dont le look est paradoxalement un summum de conformisme absolu, chaque hipster étant la photocopie tous les autres hipsters de la planète. Au point qu’un soir, passant avenue Vellefaux, j’ai cru débarquer dans la secte des barbus à parkas kaki et chemise à carreaux. Hé oui, faut pas se tromper dans les bars à qui tu roules ta pelle, mademoiselle : tu peux créer une altercation entre barbus, voire attraper une mononucléose, ce qui serait pour le moins embarrassant. Mais bon, la présidentielle arrivant, les changements politiques entrainant souvent des changements de mode, nos moutons vont pouvoir, que sais-je, raser leur barbe par exemple, ou – truc de dingue, révolution ! – mettre des chemises unies…

On commence par un look aussi personnel qu’une maison Phénix et on se retrouve à avaler les idéologies et valeurs du groupe.

Mais que se passe-t-il quand on se trompe de groupe ?

Quand le consensus ne se limite plus à une question de poils et un style bucheron ?

Hé bien c’est là que depuis quelque temps, les exemples de pensée grégaire ne montrent pas l’homme sous son meilleur profil. En effet, outre des comportements particulièrement élégants et raffinés en groupe à proximité de stades (castagnes diverses et ensanglantées à Marseille hashtag Euro 2016), on est passé au niveau supérieur de pensée de groupe cette fois suite à la remarquable action du bipolaire Omar Mateen qui, ayant prêté allégeance à l’EI, a fait irruption dans un club gay, le Pulse, armé d’un fusil d’assaut AR-15 et s’est fait son propre Bataclan à lui tout seul. Bientôt, mes articles ne seront plus que des listings des crimes perpétrés au nom d’une pensée religieuse unique particulièrement tolérante, où pour mémoire : mieux vaut être un homme hétéro et musulman et rester chez toi pour prendre l’apéro.

Et encore, désormais, même chez toi, tu peux être pris en otage et égorgé, comme ce fonctionnaire de police en civil et sa compagne, zigouillés, sous les yeux de leur petit garçon de 3 ans hier dans les Yvelines par un autre forcené allahakbarisé.

Alors que faire d’autre à part répéter comme Coco le perroquet qu’on n’a pas peur, qu’on continuera à aimer son prochain dans la tolérance et le respect, et finalement, dis-moi ami lecteur, quel est le sens de l’égalité homme-femme, parce que si ça veut dire, qu’un jour nous les filles on va dessouder tous ceux qui ne pensent pas comme nous, puisque jusqu’à présent, sauf preuve du contraire, les attentats sont tous perpétrés par des hommes, hé bien, finalement, l’idée que 64% des filles font des trucs parfaitement idiots apparaît soudain bien moins rebutante.

Et comme loin de nous, ami lecteur, l’idée de prôner une supériorité quelconque à l’un ou l’autre sexe, capables l’un comme l’autre, du pire comme du meilleur, je ne m’arrêterai jamais d’espérer qu’un jour les intelligents de tout bord feront comprendre à ceux qui le sont visiblement moins que ce que tu fais aux autres, tu le fais avant tout à toi-même.

Ami lecteur, que la pensée autonome soit avec toi ! A la semaine prochaine !

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Robe Blanche va-t-elle se taper Tee-Shirt Gris ?

C’est une des questions que je me suis posée vendredi dernier, dans un bar à l’apéro, parce qu’à l’apéro, le temps n’est pas aux questions ontologiques.

Il faut dire que Robe Blanche elle en envoyait, des watts.

C’était difficile de nier son existence, ni même de ne pas lui prêter attention : ondulations et trémoussages horizontaux, verticaux, en diagonale même. Jets de cheveux longs dans le périmètre, agitation de bras : si je ne l’avais pas remarquée, c’est que subitement la cataracte m’aurait frappée entre deux verres de rosé piscine.

Evidemment, Robe Blanche ne faisait pas tout ça pour rien.

Robe Blanche avait jeté son dévolu sur Tee-Shirt Gris, que je n’aurais sans doute même pas aperçu s’il n’avait été la cible plus ou moins consentante de Robe Blanche.

Au-delà de la nécessité d’avoir un air que l’on suppose hyper cool (selon des critères discutables à l’infini) dans un lieu de rencontres sociales, toute l’agitation de miss Robe Blanche semblait à première vue, au moins bien fatigante, mais surtout contre-productive.

Si elle visait Tee-Shirt Gris, il avait l’air mal à l’aise.

Si elle visait un autre gars, dans un périmètre proche, ils buvaient tous un verre sans la regarder, c’était donc un fiasco.

Pourtant, elle n’était ni vieille, ni moche, ni mal foutue, Robe Blanche. C’est juste qu’elle a fait une campagne de comm répulsive. Ma compassion naturelle me dicte ces quelques conseils bienveillants pour que toutes les Robes Blanches des vendredi soir ne cumulent plus tous ces faux-pas.

Tout d’abord, le déshinibateur universel, l’alcool, est un faux-ami. Contrairement à l’idée reçue que tu en as, il ne te met pas du tout en valeur, mais te fait gesticuler toujours plus fort, chanter plus faux, ton regard et ta parole partent se coucher en même temps que ta dignité, ton haleine devient approximative (c’est-à-dire, proche de l’équidé). Bois le verre du courage si tu veux, mais restes-en là. Si un deuxième verre t’es absolument nécessaire, alors prends un Get 27, au moins tu resteras classe quand la police te demandera tes papiers sur le trajet du retour.

Oublie les robes moulantes, courtes et décolletées à la fois : c’est un triple message sur le même sujet, à n’utiliser qu’avec parcimonie dans le cadre d’une attitude minimaliste et fatale, un coude nonchalamment appuyé au bar. Sinon : à bannir. Tout comme de porter en même temps des bracelets à un bras et une montre à l’autre, ou un énorme collier et des grosses boucles d’oreilles : c’est la gastro visuelle assurée.

Si tu as besoin d’un amplificateur d’exubérance (alcool, drogue, sac Yves Saint Laurent) alors, de deux choses l’une : soit tu es mal dans ta peau, alors évite les psychotropes, ça va se voir encore plus ; soit tu n’es pas exubérante, et là tu peux être miss monde, t’as quand même l’air d’une dinde, comme toujours quand tu fais des choses qui ne te correspondent pas. Regarde, même Jeff Tuche a compris que dans la vie tu as tout à gagner si tu es toi-même (sauf si tu es toute noire à l’intérieur, mais bon, ce n’est pas l’objet du débat).

Je ne saurais donc trop te recommander un peu de sobriété à tous les étages : un regard, s’il n’est pas injecté de sang mais de sensualité et de promesses, peut être bien plus efficace que toutes les ondulations les plus cosmiques que tu pourras imaginer (surtout si ton copain le rythme est parti dans un autre bar), et si d’aventure, tu l’accompagnes d’un joli sourire, gageons que pour un effort minimum, tu obtiendras bien plus qu’avec tout le mal que tu t’es donné dans ce débit de boissons branchouille.

Alors c’est sûr, Robe Blanche est à mille lieues de la loi Travail, elle ne se demande pas sur qui va peser l’augmentation des consultations généralistes par l’Assurance Maladie, elle s’en tamponne que Macron paie ou pas l’ISF : aujourd’hui elle a mis tous ses atouts en vitrine, oubliant le principe du mystère incitatif et de la promesse alléchante de découverte.

C’est peut-être ça aussi son problème : tellement centrée sur sa personne, qu’elle en a perdu la mesure des proportions.

C’est pourquoi, ami lecteur, je réfléchirais désormais à deux fois si j’étais toi avant de prendre ce 3e verre qui tue ta dignité, avant de t’habiller pour envoyer le mauvais message, et tu pourras comme ça te préoccuper de choses autrement plus profondes et gratifiantes !

A la semaine prochaine !

Le Festival de l’Ennui

Cher ami lecteur, tu ne le sais peut-être pas, mais une de mes principales activités de loisir consiste à voir des films, encore et encore.

Alors tu te dis que je devrais être contente, le Festival de Cannes, le plus important festival du monde est initié en France et vient de se terminer.

Le palmarès de cette année sonne mieux qu’une pharmacie remplie de Lexomil. Quand tu visionnes les bandes annonces de la plupart des films qui y sont projetés, l’idée de les voir te séduit autant que de te jeter sous un train.

Alors, si je me réjouis que la France soit une patrie de cinéma, je m’interroge : pourquoi faut-il que, en France, l’art et la culture soient aussi assommants ?

Se faire raser pour avoir l’air intelligent, est-ce une fatalité ?

C’est sûr, hier Ken Loach nous a gratifiés d’un discours qui mériterait un article à lui tout seul. Son cinéma engagé, s’il n’est ni funky, ni distrayant, et encore moins innovant, a au moins le mérite d’interpeler. Palmons-le alors, c’est chouette, le jury payé des millions pour chacun de leurs films est heureux de vous faire prendre conscience que vous devriez vous bouger le cul pour faire changer les choses.

Mais alors si les choix sont politiques, quelle est la place de l’art dans ce type de manifestation ?

La critique elle-même, qui pourtant aime bien s’emmerder devant un film, surtout s’il est étranger et joué par des inconnus authentiques (ou d’authentiques inconnus, la célébrité, c’est tellement plébéien) n’a pas été emballée par « Le Client » d’Asghar Farhadi, pourtant présent deux fois au palmarès. C’est à se demander si les membres du jury ne reçoivent pas une feuille de route des relations internationales de la France avec les pays en compétition pour les guider dans leurs choix…

A l’opposé, de nombreux blogs de cinéma et le public cannois se sont enthousiasmés pour « Toni Erdemann » de Maren Ade. Les avis sont unanimes. Et où donc se trouve le film ? Assurément pas dans le palmarès, qui a décidément du mal à appliquer l’égalité hommes-femmes (une seule femme récompensée un jour lointain d’une année lointaine, Jane Campion).

Et quand je regarde, moi, spectatrice lambda, la liste des films en compétition, je suis à peu près sûre de ne retrouver aucun des films que j’aurais envie d’aller voir dans la liste des primés.

Suis-je donc une ignare ? Une personne qui ne comprend rien à la profondeur des messages, insensible, qui s’endort à la vue des 4 clés de Télérama ?

Faut-il être soporifique pour être crédible, en témoigne la réunion annuelle super mortelle  de remise des Césars ?

Peut-être pas.

Si le cinéma français préfère se prendre le chou, l’art pictural préfère se payer ouvertement ta tête. En janvier dernier, mue par un besoin culturel de masse, je suis allée voir l’expo Warhol au MAM à Paris, où j’ai regardé des plans fixes interminables de proches de l’artiste, où je me suis pris des ballons argentés géants dans la tronche, où j’ai failli me jeter à travers un écran où était projeté « Empire », film interminable de l’artiste, consistant en un plan fixe d’une image dégueulasse en noir et blanc de l’Empire State Building pendant près de huit heures depuis le coucher du soleil jusqu’au noir complet.

Alors face à ce choix cornélien – me faire suer jusqu’aux confins d’une vie où j’aurais les pieds dans des baskets respectables et présentables en soirées sur carton, ou rejoindre un troupeau de chèvres prolétariennes déconsidérées mais hilares – je me demande quelle est mon alternative.

Et comme je n’ai aucune envie de me taper des films allemands où l’action défile au ralenti, d’autant que je ne me suis pas encore remise du visionnage de « Knight of Cups » de Terrence Malick (Christian Bale en dépression alors qu’il se tape Nathalie Portman, Isabel Lucas et Freida Pinto, deux heures de voix-off avec des phrases du genre « où tout ça nous mène? » : je vais te le dire, au bar avec une bouteille de gin et du Xanax), je m’en vais faire une croix sur mes ambitions d’avoir un jour un air intelligent.

Parce que ce n’est pas grave.

Je vivrai Cannes à travers les bandes-annonces, et les Césars à travers le résumé du journal de la nuit. Ce sera suffisant : pioncer, on y consacre assez de temps dans une vie pour ne pas le faire au cinéma.

Alors ami lecteur, cette semaine, ris, sors des vannes, divertis-toi, regarde des films qui te font plaisir, et surtout, ne rejoins pas les snobs : ce sont des gens qui se font chier.

A la semaine prochaine !!!

Let’s Talk About Sex

Deux discussions de comptoir m’ont récemment informée que :

  • à force de critiquer tout le temps, le masque de l’auteur aigri me guette ;
  • je manquais de bienveillance, spécialement dans l’observation de mes contemporains.

Certes.

Je pourrais discuter de la pertinence de ces commentaires avinés, mais en tant que défenderesse de l’empathie et de l’écoute, je me dois de prendre en compte les suggestions de mon sympathique lectorat.

J’ai donc choisi un sujet bienveillant et joyeux : le sexe.

Voilà qui va intéresser tout le monde (sauf peut-être mon ancienne voisine de Pigalle, asphalteuse, qui n’aura pas forcément envie de parler boutique sur ses temps de pause).

Le sujet est vaste, mais ouf ! Ifop est là pour interroger tout un tas de gens sur la question.

A savoir que 26% des personnes interrogées ont moins d’un rapport par semaine.

Comprends bien ce chiffre, ami lecteur : imagine une semaine, du lundi au dimanche, sept journées entières plus sept nuits entières, sans aucune activité sexuelle partagée, et ce pour plus d’un quart des personnes interrogées : la lose (ou peut-être un quart des personnes interrogées l’ont-elles été dans une maison de retraite ou un monastère ??).

Pourtant, tu te dis : le chômage étant en hausse (3, 85 millions en février 2016), logiquement, voilà une activité gratuite que tu peux pratiquer n’importe quand puisque tu ne travailles pas. Hé bien, ça ne fonctionne visiblement pas comme ça, puisqu’il semble que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont ceux sont les moins satisfaits sexuellement (31%), et chacun sait que ce ne sont pas les chirurgiens ni les chefs d’entreprise qui votent pour lui.

Donc : plus tu es pauvre, moins tu bosses et moins tu baises.

La chair sans salaire est triste.

Alors, tu peux toujours t’inscrire sur Tinder, l’appli des coups d’un soir.

Pas besoin qu’on sache quoi que ce soit de la merveilleuse personne que tu es, ce dont tout le monde se fout il faut bien le dire, on te demande juste que ta turbine soit bien visible.

Sauf que, passé une certaine fraîcheur (située quelque part au-delà de 30 ans), ça a un côté assez pathétique (pour preuve, qui s’en vante ?), et pas vraiment attrayant. D’autant plus que désormais les jeunes maîtrisent et reproduisent les codes et contorsions véhiculées par Youporn, le romantisme n’étant plus désormais décliné que dans les salles de concerts classiques. Range ta spontanéité, nous sommes désormais à l’ère technique.

Ta prochaine partie de jambes en l’air est géollocalisable : plus besoin de payer un resto ni même un verre, alors parler à quoi bon : tu as Facebook et Twitter pour faire tes bons mots.

Le truc, c’est que tu ne veux surtout pas faire partie des 24% qui ne baisent pas du tout (encore une fois, qui donc a été interrogé ???) : et quoi de plus compliqué (monter un meuble IKEA ?) que de rencontrer quelqu’un de nos jours pour vivre une vraie relation ? Rassure-toi : un profil avec une bonne petite photo bien avantageuse suffira à te sauver de la lose.

Mais alors, ta vie sexuelle ne dépendrait-elle plus que de ton efficacité à te prendre le meilleur selfie ? Utilise vite ton CPF pour faire une formation multimédia spécialisée dans la prise d’image et son amélioration, et remercie l’Etat pour cette gentille loi sur la formation professionnelle qui va te permettre de choper plus souvent.

Mais ça ne résout qu’en partie ces chiffres dramatiques, à savoir que 24+26=50% ont moins d’un rapport par semaine, voire aucun, aucun, (non, non, ne crie pas ami lecteur). Comment faire en sorte que le sexe redevienne un sujet sympa et ludique, et pas un objectif à remplir sous peine d’être définitivement hors du circuit social ? Surtout que, preuve que les sondages ont une fiabilité discutable, 74% des personnes interrogées se disent satisfaites de leur vie sexuelle… A moins d’un rapport par semaine, tu peux donc conclure que 50% du panel a menti à un moment ou à un autre.

Alors il te reste bien la solution de suivre les chiffres et de déménager dans le sud en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon pour avoir la satisfaction de pratiquer davantage fellations et cunnilingus… où se situent par ailleurs, les plus forts taux de chômage (15,4% de la population des Pyrénées-Orientales). Comme quoi, baiser et sucer sont deux activités hautement distinctes, il ne faudrait vraiment pas confondre.

Tu pourrais aussi poser un acte révolutionnaire et éteindre tablette et smartphone pour aller à la rencontre des gens et t’intéresser à eux, mais ça, c’est une autre histoire.

Ce que j’aimerais vraiment que tu notes, c’est ma volonté à vouloir écrire un article bienveillant : ce n’est pas faute d’avoir essayé. Alors promis la prochaine fois, je prendrai un vrai sujet 100% aimons-nous les uns les autres, la planète, les animaux et les plantes : je te parlerai de Pierre Rahbi.

Alors souviens-toi que tu n’es pas un chiffre, ami lecteur, et à la semaine prochaine !

Panama Toilet Papers

Alors que j’aimerais tellement parler de chiffons et d’astrologie, de quel rosé je vais boire cet été ou du dernier bouquin d’Aymeric Caron et me demander ensuite comment ne pas faire de discrimination à l’égard des hamsters, voilà qu’une fois encore, surgit un barouf financier qui balaie toute les futilités sur son passage : les petits papiers du Panama. Hier encore, on ne savait même pas le situer sur une carte, et aujourd’hui, c’est tout juste si je n’ai pas un tee-shirt « I LOVE PANAMA » et un chapeau du même nom sur la tête.

Ainsi – scandale ! – un nombre certain de personnes riches (assez pour remplir plusieurs stades) a dépouillé le fisc de leur pays respectif via 214 000 sociétés offshore.

Face au climat de morosité économique, et surtout, à l’augmentation continue des taxes qui pèsent sur les classes moyennes (Bibi), ces fichiers donneraient presque envie d’adhérer au PCF et de prier Saint Georges Marchais qu’il vienne botter un peu les fesses à ces nantis, qui n’ont semble-t-il, jamais assez d’argent pendant que le lumpenproletariat se meurt en regardant les Anges de la Téléréalité (penser à creuser le rapport de cause à effet).

Sans déconner.

Un petit sondage bien placé dans le Parisien nous envoie ces chiffres édifiants :

  • 83% des sondés pensent que la fraude fiscale constitue un problème grave (grave comment ? comme dans une chanson de Maître Gims genre « t’es grave bonne » ou « j’suis grave vénère » ?)
  • 19% des sondés se disent prêts à pratiquer l’évasion fiscale à condition d’avoir beaucoup d’argent.

Donc : un tiers des Français pensent que, plus t’as d’argent, moins la fraude fiscale est grave.

Un autre sondage Tilder/LCI affirme que 64% des personnes interrogées n’en ont clairement rien à secouer des Panama Papers (dont certains Papers remontent à 1970, au bout de combien de temps on est tranquille, bordel !?).

Donc clairement, tout est affaire de perspective et surtout, de compte bancaire.

Sérieux, ami lecteur, si le tien était bien garni (je sais c’est dur, mais imagine quand même), et que, tu avais, que sais-je, un courtier qui te fasse tes placements, et qu’il te place des ronds au Panama, Guatemala, Botswana, les Caïmans ou les Bermudes, et qu’il te dit, une société offshore, c’est légal et ça défiscalise sans danger, tu fais quoi ?

Tu paies l’Etat ?

Tu le paies pour qu’il te ponde de jolies lois fort utiles, comme la loi El Khomri ? Ou encore plus drôle, des mesures contre la transparence fiscale, comme il y a quelques mois ? Sérieux ?

Nous voilà face à l’une des grandes contradictions de l’être humain : selon où tu as les pieds, ça ne sent pas pareil.

Et le pire, c’est que tous les points de vue se défendent, en cela que ce ne sont que des points de vue.

En fait, le seul vrai scandale ici, c’est de s’être fait gauler.

Les Américains l’ont bien compris : ils ne sont que 211 sur les papers à être domiciliés aux Etats-Unis, et on n’est même pas sûr qu’il s’agisse vraiment d’américains. Et d’ailleurs, pourquoi défiscaliser, quand on a le Delaware, le Wyoming ou le Nevada, où tu peux faire ton offshore « in-shore ». Quant à savoir si un américain ou assimilé est à l’origine ou a contribué à la fuite, ça, on ne sait pas, hein.

Alors ce qui est sûr, là tout de suite, c’est que je fais partie de ceux qui paient des impôts pour compenser tous ceux qui n’en paient pas.

Mais quand je lis Alexis Poulin (Directeur d’EurActiv France) et Marc Chesney (Professeur et Directeur de l’Institut Banque et Finance de l’Université de Zurich), qui proposent de remplacer la TVA et l’impôt sur le revenu par une simple taxe de 0,5% sur tous les paiements électroniques et que cela suffirait apparemment amplement, j’ai de quoi me mettre la rate au court-bouillon.

Et je me dis qu’on pourrait aller encore plus loin : si on poussait la transparence jusqu’aux salaires et montants d’imposition d’une façon généralisée, il y a fort à parier qu’abuser deviendrait largement plus compliqué.

Mais comme je rêve, car le changement ce n’est pas pour demain (ni après-demain, à part peut-être en ce qui concerne les Guignols de l’Info, c’était hier et depuis c’est nettement moins bien), je vais redescendre sur terre et laisser mes mains sécher à l’air libre en sortant des toilettes, car les super sèche-mains à air pulsés tellement rigolos de chez Dyson, projetteraient en fait 190 fois plus de virus que la serviette en papier. On en revient donc toujours au papier, et la boucle est bouclée.

Alors lave-toi bien les mains à l’eau chaude et au savon pendant au moins 20 secondes, ami lecteur, et ne regrette juste qu’une seule chose : qu’il ne soit pas aussi simple de se débarrasser d’une bactérie que de l’avidité humaine.

Bonne semaine !