Orlando Blood

Cher ami lecteur, j’étais en train de te rédiger un texte très léger que j’allais partager avec toi quand dimanche la bêtise humaine a encore frappé, à Orlando cette fois. Le 1er avril dernier, après les attentats belges, je me disais que si j’avais été un terroriste de l’EI, j’aurais mis sur ma liste à plastiquer Washington. Bon, euh, je n’étais pas sur la bonne côte, mais les Etats-Unis étaient dans le viseur, puisqu’un nouveau taré a essayé tranquillement de liquider une boîte de nuit gay où se trémoussaient 300 personnes.

Bilan : une cinquantaine de morts, et autant de blessés.

Hé bien ami lecteur, dans cette authentique démarche écolo qui est la mienne au quotidien, j’ai choisi de recycler une partie de mon texte, car tu le verras, il n’est pas si loin que ça de la problématique sur le néant qui sévit actuellement dans certaines têtes.

En jetant un vieux Elle de décembre dernier, je suis tombée sur cette information à me faire tomber la mâchoire jusqu’à la cave : 64% des femmes auraient rappelé leur ex après avoir écouté « Hello » de Adèle.

J’ai dû relire trois fois cette statistique tellement elle m’a paru sur le moment aussi surréaliste que la loi soi-disant-pour-réduire-le-chômage El Khomri. Et je me suis dit : d’un côté, ça milite à mort pour l’égalité hommes-femmes, et de l’autre, ça fait des trucs si débiles qu’aucun mec, même ceux dont le cerveau est constitué de sperme, de bière le tout à l’intérieur d’un ballon de foot, n’est assez niais pour les faire.

Non mais sérieux, les filles.

Comment être crédibles après ça ?

Adèle fait une chanson un peu poignante, et comme une petite imbécile, tu te prends pour la chanteuse qui a si bien compris ton moi intérieur que forcément tu téléphones à ton ex, ce qui, cela étant dit entre nous, est toujours une mauvaise idée, quelle que soit l’heure et ton degré d’alcoolémie.

Alors tu te prends à frémir d’horreur quand tu apprends qu’Alicia Keys ne se maquille plus et que cette bonne idée risque de nous faire supporter une horde de filles au saut du lit, sans assaisonnement, et pour le coup, je risque fort de devenir ponctuellement une passionaria du selfie pour que ces filles retournent illico dans le Séphora le plus proche.

Mais, me diras-tu ami lecteur, les filles ne sont pas les seules à suivre docilement les autres moutons jusqu’à la falaise. Spontanément j’ai pensé à tous nos hipsters anticonformistes, dont le look est paradoxalement un summum de conformisme absolu, chaque hipster étant la photocopie tous les autres hipsters de la planète. Au point qu’un soir, passant avenue Vellefaux, j’ai cru débarquer dans la secte des barbus à parkas kaki et chemise à carreaux. Hé oui, faut pas se tromper dans les bars à qui tu roules ta pelle, mademoiselle : tu peux créer une altercation entre barbus, voire attraper une mononucléose, ce qui serait pour le moins embarrassant. Mais bon, la présidentielle arrivant, les changements politiques entrainant souvent des changements de mode, nos moutons vont pouvoir, que sais-je, raser leur barbe par exemple, ou – truc de dingue, révolution ! – mettre des chemises unies…

On commence par un look aussi personnel qu’une maison Phénix et on se retrouve à avaler les idéologies et valeurs du groupe.

Mais que se passe-t-il quand on se trompe de groupe ?

Quand le consensus ne se limite plus à une question de poils et un style bucheron ?

Hé bien c’est là que depuis quelque temps, les exemples de pensée grégaire ne montrent pas l’homme sous son meilleur profil. En effet, outre des comportements particulièrement élégants et raffinés en groupe à proximité de stades (castagnes diverses et ensanglantées à Marseille hashtag Euro 2016), on est passé au niveau supérieur de pensée de groupe cette fois suite à la remarquable action du bipolaire Omar Mateen qui, ayant prêté allégeance à l’EI, a fait irruption dans un club gay, le Pulse, armé d’un fusil d’assaut AR-15 et s’est fait son propre Bataclan à lui tout seul. Bientôt, mes articles ne seront plus que des listings des crimes perpétrés au nom d’une pensée religieuse unique particulièrement tolérante, où pour mémoire : mieux vaut être un homme hétéro et musulman et rester chez toi pour prendre l’apéro.

Et encore, désormais, même chez toi, tu peux être pris en otage et égorgé, comme ce fonctionnaire de police en civil et sa compagne, zigouillés, sous les yeux de leur petit garçon de 3 ans hier dans les Yvelines par un autre forcené allahakbarisé.

Alors que faire d’autre à part répéter comme Coco le perroquet qu’on n’a pas peur, qu’on continuera à aimer son prochain dans la tolérance et le respect, et finalement, dis-moi ami lecteur, quel est le sens de l’égalité homme-femme, parce que si ça veut dire, qu’un jour nous les filles on va dessouder tous ceux qui ne pensent pas comme nous, puisque jusqu’à présent, sauf preuve du contraire, les attentats sont tous perpétrés par des hommes, hé bien, finalement, l’idée que 64% des filles font des trucs parfaitement idiots apparaît soudain bien moins rebutante.

Et comme loin de nous, ami lecteur, l’idée de prôner une supériorité quelconque à l’un ou l’autre sexe, capables l’un comme l’autre, du pire comme du meilleur, je ne m’arrêterai jamais d’espérer qu’un jour les intelligents de tout bord feront comprendre à ceux qui le sont visiblement moins que ce que tu fais aux autres, tu le fais avant tout à toi-même.

Ami lecteur, que la pensée autonome soit avec toi ! A la semaine prochaine !

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