Cher Francis Lalanne, si tu veux prendre des vacances, la relève est assurée: l’inénarrable Nadine Morano est toujours en veine d’un calembour et prête à nous faire rigoler.
La semaine dernière, grâce à toi Nadine, j’ai pu me fendre la gueule comme ça faisait longtemps : « La France, pays de race blanche », j’ai même cru que tu présentais chez Ruquier un nouveau spectacle comique. Tu m’as aussi rappelé mon sujet du bac philo : « Peut-on dire n’importe quoi n’importe comment » et j’ai enfin ma réponse, c’est oui.
Faisant référence à des propos dé-contextualisés et rapportés du Général de Gaulle, tu lances ça comme s’il s’agissait du « Vous m’avez compris », qui aurait de nos jours pété le record de vues sur Youtube, et pas d’une obscure déclaration faite en off, à son Ministre de l’Information, un peu comme quand moi, je critique le pantalon de ma copine en son absence, parce qu’objectivement il lui fait un gros cul. Donc déjà, ta référence ne tient pas la route. Mais bon, en général, il n’est pas nécessaire de vérifier les sources d’une plaisanterie, surtout si c’est la poilade.
Et c’est le cas ! Car il apparaît impossible que quelqu’un qui a été ministre – donc, qu’on suppose véhiculer un certain niveau – puisse sérieusement clamer une sentence d’une bêtise aussi crasse. On en arrive ainsi à une conclusion bi-céphale : soit, tu es bête à bouffer du foin, soit, tu as choisi d’essayer de voler les électeurs du FN par le biais d’une polémique outrancière visant une séduction par le bas. Et si c’est ça, alors, tu es diabolique. Rien qu’à relire tes tweets, sous cet éclairage, m’a fait froid dans le dos.
Malheureusement pour toi, tes pairs ont l’air de pencher pour la première possibilité – en l’occurrence, que la machine à recourber les bananes n’est pas ton oeuvre. Lors de la réunion de parti qui a suivi ton intervention magistrale chez Ruquier, ton mentor Nico s’est interrogé : « Que dire de la stupide Nadine Morano ? » Douze jours plus tard, tu perds ton investiture aux régionales. Ton propre camp ne te suit plus, alors que tu ne faisais que pousser plus loin leur orientation déjà bien engagée à tribord toute. Tout porte à croire que tu ne souhaitais pas te faire débarquer du bateau électoral, et donc que Guy Bedos, ton ennemi de prétoire, a raison.
Mais moi je dis, que c’est facile de pointer du doigt sur celui qui a pété. Tu es quand même titulaire d’un DESS en communication, tu as été secrétaire d’Etat puis ministre délégué, je me dis, ce ne sont pas de fonctions qu’on confie à la légère et qui plus est à des décérébrés, non, à l’instar d’un Dieudonné, tu as choisi de passer pour une imbécile afin de te démarquer.
Alors sois rassurée. Tu y es parfaitement arrivée. Au point que plus personne ne parle de la sortie maladroite de Maïtena Biraben sur le « Discours de vérité » du FN. Ah, y a pas à dire, pour faire bien passer un message, rien de tel que l’humour, fût-il douteux.
Cher lecteur du mercredi, car j’aimerais bien qu’on soit tous les jours dimanche, pense bien à rire de tout et à dire des conneries, car on ne sait jamais, il se pourrait bien que ta liberté d’expression se fasse atomiser un jour par la bêtise…