On a les gouvernements qu’on mérite.
Celui que nous avons élu a un sens des priorités qui défie Newton par delà la mort et le temps. Après nous avoir gentiment installés derrière une clôture à regarder passer les trains, il nous donne de temps en temps un petit wagon pour nous indigner, et surtout, pour qu’on ne regarde pas ailleurs, notamment cette superbe et très juste idée, actuellement à la signature, de taxer les propriétaires sur les loyers fictifs qu’il verseraient s’ils n’étaient pas propriétaires (si tu es pervers, tu peux te reconvertir dans la rédaction de lois) comme si la taxe foncière, impôt ô combien inique, ne suffisait pas.
Détournons donc l’attention de tous les bœufs et vaches françaises des petites magouilles de pouvoir destinées à compenser le maintien de rémunérations diverses et scandaleuses, en crucifiant au passage un symbole de la diversité féminine : Madame la Ministre de l’éducation nationale.
Clairement, on cherche à nous convaincre qu’une telle personne n’est pas capable de remplir sa fonction correctement.
Retournons à nos fourneaux, mesdames, c’est tout de même ce que nous faisons de mieux. Nous pourrons ainsi nous acquitter nous-mêmes d’apprendre à nos enfants l’orthographe et la grammaire, puisque l’Education Nationale a choisi de s’en défausser.
A ce titre, je m’interroge : Madame la Ministre fait-elle suivre à ses propres enfants les programmes scolaires qu’elle préconise ? Officiellement, elle maintient que ses jumeaux sont inscrits dans une école publique. Mais bon, ils ont 7 ans, et pour l’instant ne suivent pas l’enseignement remanié par les réformes de maman… Qui vivra, verra, même s’il est probable que lorsque ces gosses auront l’âge d’aller au collège et d’étudier une sélection du Reader’s Digest de l’histoire de France, on s’en battra l’oignon (l’ognon, pardon) qu’ils soient ou non dans le public.
Ce qui, en revanche, m’inquiète davantage, c’est l’utilisation de mes impôts pour financer la production d’une réforme aussi stupide et inutile que celle de l’orthographe. En effet et de toute façon, les enfants ne savent plus lire ni écrire, alors ce ne sont pas quelques accents circonflexes en plus ou en moins qui vont en faire des Baudelaire.
Et puis concrètement, pourquoi changer une des langues les plus riches et les plus belles du monde ? Sinon pour qu’on ne parle pas d’autre chose ?
Alors, mettre le service marketing de Citroën dans l’embarras, ça vaut peut-être le coup : une nation de sombre abrutis qui regardent les Anges de la Télé-Réalité, c’est facile à budgétiser : une hausse de la redevance télé, un mac do livré à domicile, et ils voteront en meuglant pour qui on leur dira.
Ce qui est déplorable en définitive, c’est qu’une femme issue de la diversité et mère par surcroît de deux enfants, ait pris la responsabilité de mesures aussi débiles, et alimente par ricochet, les pratiques discriminatoires de l’Opéra de Paris, qui préconise « qu’on ne met pas une personne de couleur dans un corps de ballet parce que c’est une distraction », et prive la France, par la même occasion, du beau gosse Benjamin Millepied et de sa femme super bonne.
Comme quoi, l’exception française est bien une réalité : celle d’une bêtise traditionnelle, désormais enseignée à l’école publique. Et qui occupe ses fonctionnaires en les faisant plancher sur des réformes déclinables à l’envi : bientôt une réforme pour supprimer ces trémas casse-bonbon, qu’on ne sait jamais bien positionner, et aussi les deux « L » d’imbécillité : comme ça, elle arrêtera de voler et restera bien chez nous au Ministère.
Mais heureusement, ami lecteur, cette semaine, la palme de l’ineptie revient aux Italiens, où une femme de 40 ans risque 6 ans de prison pour avoir fait la grève du plumeau et du rouleau à pâtisserie. Nous voilà rassurés : nous ne sommes pas (encore) les plus débiles. Parole de nénufar.
A la semaine prochaine !