Cette semaine, ami lecteur, je dois t’avouer quelque chose : j’ai toujours été plutôt nulle en géographie, que veux-tu, on a tous nos points faibles. Mais bon, ça ne fait pas de moi une brêlasse absolue non plus : preuve en est, un cursus scolaire passé sans trop d’encombres. Le minimum syndical de l’atlas est là.
Sauf que, depuis peu, je ne comprends plus rien.
Après m’être farci Amir le représentant 2016 de la France à l’Eurovision en multidiffusion télé, radio, internet jusqu’à l’overdose, on appelle ça une promotion ma bonne dame, je découvre soudain avec effroi que l’Australie fait partie de l’Europe.
Oui, tu as bien entendu, ami lecteur : l’Australie participe depuis deux ans à l’Eurovision.
Tous mes repères sont soudain partis avec l’eau des chiottes.
Ou alors, j’ai loupé le seul journal de Laurent Delahousse qu’il ne fallait pas louper où était annoncée la fusion-absorption de l’Océanie par l’Europe ?
Mon désarroi géographique a augmenté, ami lecteur, avec l’Euro 2016, qui, comme son nom l’indique est donc le championnat d’Europe de football. Sache alors que, désormais, il est possible de faire partie de l’Europe et de l’Asie et ainsi de pouvoir pousser le ballon communautaire pour : la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine et la Turquie.
Il en est de même pour l’Azerbaïdjan, comme ça tu peux récupérer le circuit de Bakou pour le Grand Prix d’Europe de F1.
C’est là que je me rends compte qu’on peut décliner le concept à l’infini : le Tour de France, qui comme son nom est censé l’indiquer, a des étapes en Suisse et en Espagne cette année, mais qui plus est, a vu son démarrage entre 1954 et 2015, à 21 reprises dans une ville étrangère, et donc tu te retrouves par exemple en 2014 pour démarrer le Tour de France à Leeds au Royaume-Uni, ou en 2015 à Utrecht aux Pays-Bas. Logique.
Le rallye Paris-Dakar se déroule désormais en Amérique du Sud et traverse le Pérou (et qui n’est ni en Afrique, ni en France, ou je me trompe encore ?)
Alors je me demande si, à l’instar des lycéens qui trouvent l’épreuve de mathématiques du Bac beaucoup trop compliquée (#lebacàlacarte #lebacsansrienfoutre #AnatoleFranceCki), je ne vais pas lancer une pétition en ligne pour qu’on m’édite une carte officielle et validée par une autorité désignée de l’Europe. Avec toutes les subtilités de délivrance de la carte de cotisant : des sous-catégories existent, avec les membres de l’Union Européenne et les non-membres, donc ceux qui ont une entente politico-économique et ceux qui ne tricotent pas assez vite, les feignants. Car toutes ces compétitions sont devenues des marques exportables, et au final, on se fiche pas mal de qui participe et où, du moment que le spectacle est assuré (et surtout que les annonceurs suivent).
De toute façon, et c’est cette source très fiable Wikipédia qui le dit, on ne sait pas très bien où se situent les limites de l’Europe (dans ton c.. ?). Le rédacteur de l’article, qui n’était donc pas un géomètre, a considéré qu’il était plus simple de globaliser Asie et Europe (l’Eurasie grande trouvaille marketing et fournisseur officiel de membres de la famille pour les Brangelina) puisqu’on ne sait pas vraiment ce qui qualifie un état d’européen ou non. Seulement, l’Eura 2016, ça ne sonnait pas terrible, et pourrait prêter à confusion dans le monde phonétique de nos bacheliers (#lerat2016 ? c koi ?).
D’ailleurs, je ne suis pas la seule à être à l’ouest ou ailleurs au niveau géographique : si les lycéens d’aujourd’hui ne savent pas où est Manhattan et situent la RDA au Vietnam (véridique), la palme revient aux chaînes BBC et CNN : Toulouse est à Marseille pour la première, quant à la seconde, elle refait le monde avec Strasbourg et Toulouse en Allemagne, Cannes en Espagne, Hong-Kong est en Amérique du Sud, Bruxelles sur la Côte Bretonne et l’Ukraine au Pakistan.
Me voilà donc rassurée, ami lecteur, car il semble que finalement, je ne sois pas la plus périmée en ce qui concerne la mappemonde. Les Américains quant à eux se foutent pas mal de dire des conneries, puisque chez eux, personne ne sait où est l’Europe et encore moins le reste du monde.
Quant à notre jeunesse inquiétante qui pourtant tape des sms plus vite que son ombre et maîtrise snapchat au point de nous saturer d’ignobles visions de selfies transformés en chats, chiens, fleurs et papillons dessinés à la truelle, hé bien, elle nous laisse à nous, les assimilés vieux cons, tellement plus de possibilités de changer de boulot : aucun recruteur digne de ce nom ne voudra les embaucher.
Alors ami lecteur, comme moi, révise ta géo, et surtout, sensibilise tes gosses à l’intérêt de lire un livre plutôt que de mettre des pétitions au rabais en ligne !
A la semaine prochaine !!